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sur 880 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
S'abandonner à vivre, déjà le titre à lui seul est beau. C'est une invitation à un voyage et j'y suis venu. Je me suis abandonné dans ces dix-neuf récits où l'essentiel est dit, pas un mot de trop, tout est là, rien de plus ne s'impose, chaque texte se suffit aux mots qu'il rassemble, un texte réduit à l'os. Je découvre tardivement ce recueil de nouvelles paru en 2014. Déjà six ans...
Je connais Sylvain Tesson davantage pour ses récits autobiographiques, mais son talent de conteur ici me fait dire, - et lui dire par la même occasion si par bonheur il venait à lire cette chronique -, qu'il devrait s'essayer davantage à ce style.
J'aime cet auteur avec son à propos, ses aspérités et les vertiges qu'il nous donne à voir. Ici il fut dit par d'autres lecteurs avant moi son art de la formule qui fait mouche, son art aussi de la chute, essentiel dans la nouvelle. L'art de la chute c'est aussi pouvoir se raccrocher aux branches, aux gouttières, aux gargouilles des cathédrales, aux phrases qui tiennent lieu de chemin. L'art de la chute dans une nouvelle nous renvoie aussi à la cruauté de nos existences, à l'envers du miroir, nous n'avons pas toujours la chance de retomber sur nos pieds. Au fond, nous voudrions être des funambules merveilleux et rester toujours en équilibre sur ce fil improbable qui relie deux mondes : celui où on ne sait pas trop bien d'où l'on vient et l'autre en face où on ne sait pas trop bien encore où l'on va...
L'art de la chute, Sylvain Tesson ne l'a pas toujours eu dans sa vraie vie. Il faillit même y perdre la vie, un beau soir ou peut-être une nuit... Cela s'est passé la même année qu'était publié S'abandonner à vivre. Je me suis d'ailleurs demandé, notamment à la lecture de la nouvelle succulente intitulée « La Gouttière », si celle-ci avait été écrite avant ou après cette terrible chute qui faillit lui être fatale... Si quelqu'un peut m'éclairer, je lui en saurais reconnaissant...
Son écriture est à la verticale de nos vies.
Sylvain Tesson aime les sommets, les parois rocheuses qui jettent un défi pour celui qui les regarde d'en bas, autant attiré par la manière d'offrir des interstices à ses doigts ivres d'émotion que pour le ciel saturé d'azur qui sera là-haut comme une délivrance. Les murs des villes ressemblent aussi pour lui à d'immenses parois vertigineuses, courir sur les faitières des toits, cheminer sur les zincs auréolés du ciel de Paris, parfois l'art de l'équilibre sur les toits se conjugue avec l'amour de la vodka. Tiens ! Comme c'est drôle, j'y pense tout d'un coup, le zinc c'est aussi un autre endroit pour s'auréoler d'ivresse et d'étoiles...
Sylvain Tesson, à travers ses dix-neuf récits, parfois tendres, parfois cyniques, parfois tragiques, parfois tout cela à la fois, s'essayeraient-ils ici à illustrer une description de ce que peut être le stoïcisme ?
Dans ce recueil, nous voyageons sur une immense carte géographique qui nous amène depuis la pointe du Finistère en Bretagne jusqu'au fin fond de la Sibérie en passant par le Sahara, l'Afghanistan ou encore la province chinoise de Hunan, soit plus de douze mille kilomètres. Dix-neuf manières de voyager dans des vies intérieures où parfois le vertige qui nous éprend est aussi grand qu'un des sommets de la chaîne de l'Everest... Dix-neuf manières d'accueillir les aléas, ces « oscillations du destin », où nous avons peut-être ici encore moins prise pour poser nos doigts éperdus que sur la paroi vertigineuse d'une falaise ?
Dix-neuf récits façonnés de rêves, de partances, ou d'envie de partir, de solitudes, d'ennui, d'inertie, de refus de partir aussi...
Dix-neuf nouvelles où le sens de l'esthétique prévaut, où l'érudition est une jubilation, où chaque occasion est saisie avec justesse pour décrier le grotesque de la bêtise humaine. À ce titre, j'ai adoré la nouvelle évoquant la reproduction de la bataille de Borodino... Un délice !
M'est avis que ces histoires sont furieusement empreintes des pérégrinations de l'auteur.
Pour être funambule, faut-il trouver l'élégance infinie dans ce geste d'équilibre qui cherche à s'agripper entre le vide et le plein, entre l'absurde et le sens ?
J'ai aimé les personnages féminins d'Anastasia, Tatiana, Svetlana... entendre leurs voix, ce sont des prénoms qui me sont chers, dont l'un est le prénom de la fille de mon épouse que nous appelons plus communément Nastia... Je redécouvre ainsi un goût prononcé de l'auteur pour l'âme slave...
J'ai adoré le regard cruel et lucide de l'auteur sur le téléphone portable. Et de surcroît son apologie de la correspondance, des échanges épistolaires.
J'ai aimé venir à la rencontre improbable des fées sur une dune que je connais bien (je parle bien entendu de la dune), en presqu'île de Crozon.
J'ai aimé la nouvelle de la Gouttière, j'y ai ainsi appris qu'une fracture du calcanéum est désignée sous le nom poétique de « fracture des amoureux » : elle survient quand l'amant saute trop vite du balcon pour échapper au mari.
Et puis, comment ne pas fondre devant neige des steppes au soleil devant quelques aphorismes qui font désormais un peu partie de l'empreinte artistique de l'auteur :
« Quand elle a joui, elle a fermé les yeux et j'ai cru que le vent avait soufflé mille bougies. »
« Il est rare en voyage de vivre des jours conformes aux idées que l'on s'étaient forgées avant les grands départs. D'habitude, voyager c'est faire voir du pays à sa déception. »
« Une histoire d'amour, ce n'est lorsqu'aucun des deux n'a mieux ailleurs. »
Un seul point m'oppose à Sylvain Tesson lorsqu'il écrit dans une de ses nouvelles : « Je n'ai jamais aimé faire l'amour dans la nature ». Mais tout cela n'est qu'affaire d'expérience et de géologie... Ma pudeur m'empêche ici de donner quelques détails bucoliques qui seraient par ailleurs hors sujet...
Je retiens de ce recueil une ode à la fraternité.
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L'agitation lui paraissait la façon de tout arranger. Ils avaient entre eux changé de rôles pour mourir.
On ne meurt qu'une fois un seul r comme me répétait ma grand mère. Des parisiens de 40 ans. Je les ai connus tous les deux. Ça aurait fait un bon nom d'un restaurant bio.
Je les ai présenté l'un à l'autre. je ne sais plus combien de livre de Tesson, j'ai lu. Vous le savez peut être. C'était jour de fête chez cet abruti de Jimmy. nous avions peur de vieillir et nous ne voulions pas attraper des rides en fermant l'oeil. Une de ces soirées ou les parisiens se prennent pour des américains. Parole d'un homme qui explique bien mais qui n'a pas trouvé lui même ce qu'il explique ( Jules Renard)
Je haïssais les taupes. Pourtant je suis myope.
Nous avions fait nos classes au 126e régiment d'infanterie. Une descente de lit ,il appelait cela des fusions-acquisitions. Il s'y eployait en lentes coulées de boue. Il avait le regard cubique. je lis des penseurs marxistes en dormant. Elle avait l'oeil des mouches.
Il vaut mieux ne pas remplir le vase que de vouloir le maintenir plein. (Chinoiseries) Paul jean Toulet et non poulet mangeait. le Tang tseu Kiang je le mangeais
au comptoir des cotonniers. le thé tibetain au beurre rance m'écoeurait.
Le tao to king me lassait. Il m'en fallait beaucoup pour embrasser sa cause. Ce livre me fait penser au livre précédent. Il ne parle pas de divin mais, Il est critique par rapport aux régimes en place. Ils parlent de la même région : la Chine ..Je suis étonné de voir combien les écrivains sont modestes alors qu ils sont très connus. En médecine tropicale comme l'a appris mon père. Grimper c'est se mouvoir dignement dans l'incertain. Pour l'Afrique ce livre ressemble à Ébène un livre que je lis également en parallèle. Jamais personne ne lui cria ‘ bonne chance'. Je mélange les livres entre ébène et celui-ci. Les troupeaux de barkhanes ou j'aime Cioran.
La description flaubertienne je l'aime, je l'adore c'est fou comme je l'aime c'est beau comme il l'aime. le bulbe de l'église où les babouchkas sont à l'oeuvre arrogant et durement galbé. le soleil avait éteint toute joie chez Camus. le pofigisme avait
un don Quichotte à pinces dit le zek.
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« J'avais une gueule de bois à flotter sur l'eau », alors si la barque prend l'eau, le radeau prend le large , d'un geste sec, d'un coup large, avec inconscience ou hardiesse, avec l'élégance de celui qui sait le vide et l'équilibre . Ça tient à quoi ? À soi, peut être même pas. S'abandonner à vivre cela aurait pu être le titre d'un joli roman, où les personnages auraient été les maîtres de leur destin, seraient devenus des héros des temps futiles, auraient décidé de tout bien « penser à vivre », oui mais voilà avec Tesson ça ne peut pas être ça. On lâche prise. Comme ça. On s'abandonne à vivre ? Voilà sans raison. Parce que les destins ont la taille qu'ils ont. Les hommes ont le poids qu'ils ont. le monde est ce qu'il est. Il ne tourne pas rond. Mais très vite. Et quelque fois ne vole pas très haut. On ne maîtrise pas vraiment les choses. Ni la route, ni l' amour, ni l'exil , ni les petits rouages de la grande horloge. Un passeport, un pays, une époque, une guerre, un clop, une rencontre, une gouttière, un changement de saison. Y a peut être qu'au pays des fées que tout fonctionne, question de degrés. Vodka Tesson ! « Beaucoup de gens boivent, très peu savent être bourrés » disait Dutronc. Et bien la vie c'est un peu pareil. C'est toujours moins bon sans les glaçons. Comme l'écriture d'ailleurs. C'est pas que ça soit moins fort, c'est moins bon.
Des nouvelles de Tesson ? Ouais, il est parti « faire voir du pays à sa déception » … au fait, comme ça : une descente en rappel... au bout du fil qui tient la corde ?
(ps : ce livre est un bonheur )

Astrid Shriqui Garain

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Au premier plan de l'actualité en cette période tourmentée, la Russie interroge. Qui sont ces Russes dont on parle tant ? Et que se passe-t-il donc dans leur tête ? En bref, être russe, c'est quoi ? Sylvain Tesson, grand connaisseur de l'âme slave au bout de ses nombreux voyages, dont témoigne largement son oeuvre littéraire, nous en fournit quelques savoureux échantillons dans ce recueil de 19 nouvelles, toutes d'une excellente tenue et d'une grande qualité d'écriture. Avec son art consommé de la chute, toujours inattendue, l'auteur nous emmène dans ce pays si nostalgique de sa gloire passée, plus imaginaire que réelle, qu'il s'agisse de l'époque soviétique comme de l'ère des tsars. Mais attention, si l'humour est toujours au rendez-vous, il s'agit ici d'un humour grinçant, s'attaquant, au travers d'une description de personnages pouvant paraître exotiques à nos yeux d'occidentaux, aux aspects les moins reluisants de cette même société occidentale. Un regard salutaire sur deux cultures antagonistes qui pourraient pourtant se rapprocher si chacune osait se regarder dans un miroir…
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Ce que je préfère chez Sylvain Tesson, c'est son sens de la formule, rondement menée, toujours bien trouvée, et qui épice sa prose avec beaucoup de bonheur.
Ce recueil de nouvelles a été un bonheur à dévorer et je sais déjà que je le relirai. D'ailleurs je l'ai loué à la bibliothèque et j'ai bien envie de me l'offrir pour pouvoir le sortir de l'étagère quand bon m'en semblera et en picorer de nouveau, une, deux, voire bien plus!
Difficile de résumer un recueil, évidemment. Parfois se déroulant à l'autre bout du monde, parfois dans Paris même, chaque univers naissant sous les mots est tout aussi délicieux. Je crois que ma préférence va à celle nommée "Le téléphérique", mais aucune ne m'a déçue et c'est rare dans un recueil.
Parfois triste, souvent cynique, toujours étonnante, chaque histoire vous prend et vous entraîne et on redemande!
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Chacune des nouvelles de S'abandonner à vivre est un petit bijou de précision et de finesse. Observateur des hommes et fin psychologue, Sylvain Tesson souligne l'absurdité de la vie, la proximité du bonheur qui ne tient qu'à un fil (électrique), ou la fatalité des destins, sans jamais verser dans le pessimisme. Au contraire : on s'évade, on voyage, on est surpris et on sourit souvent. S'abandonner à vivre est à la fois un appel à l'autodérision et à l'action. S'interroger sur les choses sérieuses et ne pas se prendre au sérieux. de la haute voltige maîtrisée.

S'il me fallait retenir deux nouvelles, je choisirais L'exil et La ligne parce que les chutes sont particulièrement soignées, mais la qualité est vraiment au rendez-vous à chaque page.
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L'humour de Sylvain Tesson est grinçant. Au cours de ma lecture, j'avais envie de souligner une phrase sur deux, tellement le style est maitrisé. J'ai vraiment beaucoup aimé.
Pour ceux qui prennent les transports en commun, c'est un très bon livre à avoir dans son sac : les nouvelles sont assez courtes pour ne pas dépasser un trajet en métro, on a le sentiment de voyager, on rit.
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Sortir de l'apnée

À quoi la vie peut-elle donc conduire ? Quel est son sens ? À travers une galerie de personnages hauts en couleurs, et une vingtaine de nouvelles, Sylvain Tesson propose des fragments de réponse. Dans une langue caustique, il observe quelques figures d'anonymes : ceux qui se laissent balloter par une existence urbaine et confortable, ceux qui s'accrochent dans les filets de l'abondance ou de la médiocrité et essaient de se sauver en s'inscrivant de temps en temps à des marathons urbains « où vingt mille hamsters sortent de la cage en tenue fluo » ou en sacrifiant une fois par semaine au rite du jogging : « névrose d'une société qui n'avance pas » dans le but à peine voilé de « se taper le soir des andouillettes spongieuses en toute bonne conscience ».
Dans cette « cage » où passent les meilleures années, règnent l'égoïsme, l'hypocrisie, et une certaine forme d'hystérie qui masque l'angoisse et l'ennui et fait préférer le plaisir immédiat aux valeurs spirituelles. Il oppose alors à ces êtres caricaturaux, à ces « biches aux figures de hyènes », à ces matrones qui étouffent leur mari à coups de petits plats et tentent de cacher leur adultère derrière des sourires factices, des figures dostoïevskiennes : prostituée slave au bagage flaubertien et « dont la chair est un tapis de prières », amant qui échappe au mari en filant par les gouttières, sniper fanatisé, apnéiste assoiffé des profondeurs, alpinistes à la tête brûlée … Ou employés du téléphérique qui, pour éviter un pantagruélique repas de Noël concocté par Bobonne, simulent une panne de leur cabine suspendue entre deux montagnes et débouchent tranquillement leur bouteille de champagne, à la santé de la grande Nature et de Zarathoustra.


Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Descriptions du monde, ou des mondes, mais surtout du monde de la nature humaine. Tesson est agréable à lire quel que soit son propos. Une vingtaine de récits, semble-t-il autobiographiques; tous? possiblement... le dernier termine par un mystère; vécu? possiblement... On en redemande!
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Sylvain Tesson n'est pas seulement un aventurier globe trotter qui s 'est illustré notamment sur les terres de Sibérie et a même séjourné plusieurs mois sur les bords du lac Baïkal par -30°. Il est aussi un excellent conteur et écrivain. S'abandonner à vivre rassemble 19 nouvelles inspirées, on le suppose , des rencontres, pérégrinations et performances de l'auteur lui-même. le vécu transpire à chaque ligne. le lecteur se voit gagné par l'élan et l'énergie vitale propres à Sylvain Tesson. S'il fallait sélectionner 4 de ces textes à dévorer absolument, si par manque de temps on ne peut lire le tout, je citerais la Gouttière, la Ligne, les Egards et les Pitons. L'écriture tranchante, directe et souvent crue ne tolère aucun compromis, ni ne souffre les nuances. Elle est audacieuse et sportive comme les exploits qu'elle relate. Elle dégage aussi une poésie saisissante. Si dans la routine de votre quotidien vous l'aviez oublié, S'abandonner à vivre vous rappelle que l'existence peut avoir cette saveur sauvage qui vaut la peine d'être goûtée.
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