Le problème avec ce genre de bande dessinée est qu'elle se heurte à ses propres limites.
Au départ, il y a un livre fondateur de
Studs Terkel, journaliste radiophonique américain qui reçut le prix Pulitzer en 1984 et qui a mené une carrière très engagée politiquement, ce qui lui valut des problèmes pour cause de "sympathies communistes". Ce livre, 'Working' se compose d'entretiens menés par
Studs Terkel . Il a interviewé des dizaines de personnes à propos de leur travail. Il s'est intéressé à des perosnnes de toutes générations, de tous milieux sociaux, de tous les horizons... Au fils des pages, nous croisons un ouvrier saisonnier, un jockey, une prostituée, un joueur de base-ball, un courtier... le panel de personnalité est très large et couvre pratiquemen,t toutes les couches de la population américaine.
Chaque interview est menée de manière personnalisée, jusqu'à n'être qu'un long monologue permettant à la personne de donner sa propre percepotion de son travail, ce qui ouvre immanquablement la porte à des considérations plus larges sur la société et les mutations qui la traversent. Ca, à travers ces entretiens, c'est une véritable radiographie de la socoiété américaine que
Studs Terkel a entrerpris. Ils ont été réalisés dans les années 60 et 70 et capturent les débuts de l'informatisation, la montée d'un capitalisme spéculatif, le développement et le 'professionalisation' du management... Quarante ans plus tard, les questions soulevées restent étrangement d'actualité.
Pour cette adapation en bande dessinée, coordonnées par
Paul Buhle (co-auteur avec
Howard Zinn, d'
Une histoire populaire de l'Empire américain) et
Harvey Pekar (American Splendor) se heurte rapidement à l'écueil d'apporter une plus-value visuelle à ces monologues. Si certains s'en tirent plutôt bien, comme
Peter Kuper ou Lance Tooks, sur la longueur les auteurs semblent avoir bien du mal à apporter quelque chose d'un peu original à la représentation de ces témoignages. Ce qui pose la question de la pertinence de cette adaptation. Je ne comprends pas en quoi la bande dessinée apporte quoique ce soit au texte. Nous sommes souvent dans un illustratif assez plat et redondant. La lecture est intéressante parce que le matériel collecté par
Studs Terkel est passionnant. Mais la bande desinée n'apporte rien pour enrichir le sens et j'en viens même parfois à ignorer le dessin pour me concentrer sur le texte. C'est mauvais signe.