"Et si aujourd'hui, il y avait la guerre en France: où irais-tu?" interroge
Janne Teller, écrivaine née à Copenhague qui a travaillé pour les Nations Unies et l'Union Européenne sur "les problèmes induits par les conflits internationaux", dans
Guerre: Et si ça nous arrivait? un petit essai sur la guerre (pour les ados) illustré par les dessins sombres, inquiétants et percutants de Jean-François Martin.
Ce scénario catastrophe très réaliste ne s'en tient pas à mettre le jeune en situation d'alerte (à la bombe, à la guerre,à la mort), elle le projette dans un bain de sang, ce qui m'a choquée ayant déniché ce livre sur un rayonnage enfants alors qu'il est destiné à des ados dénués d'angoisses existentielles, or l'âge de lecture n'est indiqué nulle part.
Donc je lis: "ton frère a perdu trois doigts de la main gauche dans l'explosion d'une mine", "des éclats de grenade ont blessé ta jeune soeur à la tête","une bombe a tué tes grands-parents maternels","ton frère a rejoint la milice",ta mère malade est "folle d'angoisse","
rien n'est comme avant","il n'y a pas de travail", "tu es un étranger" réduit à "la pauvreté"... C'est très bien de provoquer l'empathie du lecteur, de lui montrer ce qui arrive en cas de conflit (bombes,froid,exil,mort,blessures,peur,haine,survie,colère,méfiance,rejet), de lui indiquer que
rien n'est acquis et que tout peut changer du jour au lendemain, mais le "tu" m'a dérangée.
On a accusé ce texte d'être "politique" dans un monde politique, en effet
Janne Teller l'a adapté selon les traductions. Mais ne l'est-il pas sous une couverture d'anticipation? Dans cette fiction, elle parle de la France sous dictature et de l'effondrement de l'Europe, "ta" famille démantibulée, à moitié détruite fuit en Egypte et ayant acquis avec beaucoup de difficultés la nationalité égyptienne, ne sait plus, lorsque la paix revient, quel est son vrai pays.
Remarque positive: j'ai adoré la conception de ce trompe l'oeil semblable à un passeport!