Ramsès était beau et son allure fière lui donnait un air arrogant.
En ce moment précis, il pensait à Tiyi. La première fois qu’il l’avait aperçue, sa beauté l’avait atteint en plein cœur. Il ne pouvait s’empêcher de la contempler chaque fois qu’il la croisait. Il leva la tête et la vit penchée à sa fenêtre. Elle recula vivement, mais il avait eu le temps d’apercevoir la couleur de ses yeux. Il resta saisi. Jusqu’alors, il ne s’était pas rendu compte de la clarté limpide du regard de Tiyi. Son cœur se raccrocha à cette vision. Alors Ramsès se détourna à contrecœur et se dirigea vers l’embarcadère en soupirant.
La présentation au temple était une cérémonie d’initiation à la vie. Lorsque les jeunes filles et les jeunes garçons atteignaient l’âge de la puberté, ils se présentaient au temple pour être initiés par les prêtres d’Amon. Ils prêtaient serment de fidélité aux dieux et récitaient les prières destinées à les guider tout au long de leur vie. Les prêtres les oignaient avec les huiles sacrées et sanctifiées. Cette cérémonie revêtait une grande importance pour ces jeunes gens, car elle les préparait à affronter la vie adulte.
Les yeux sombres de Ramsès la poursuivaient partout. Elle avait pourtant l’occasion de le voir et de lui parler, car il était souvent dans la demeure, mais leurs conversations la laissaient inassouvie : elle aurait voulu que ces rencontres durent l’éternité. Quand elle le voyait, elle sentait battre son cœur jusque dans ses oreilles. Que s’était-il donc passé ? Était-ce cela, l’amour ? Cette soif inaltérable de l’autre ? Et lui, pensait-il à elle ? Tout était si nouveau et inconnu…
Dans ce pays de désert où la chaleur est souveraine, les grandes demeures possédaient un jardin. Ces petites oasis privées revêtaient une grande importance et leur aménagement rivalisait en beauté de maison en maison. Entouré d’immenses murs de brique de terre crue, le jardin de la demeure de Horemheb était entretenu par une flopée de jardiniers. Il comptait parmi les plus beaux de la cité de Thèbes.
La leçon est rude, ma fille, le fiel dur à avaler… J’ai été trahi par mon meilleur ami… L’enseignement, semble-t-il, ne se fait pas sans souffrance. Et maintenant, il me faudra appliquer la loi de Maât, la déesse de la Justice et imposer une punition à celui qui fut mon meilleur ami…