J'avais déjà entendu parler de cette autrice mais n'avais encore jamais rien lu d'elle… et me voilà en train de commencer par le 4e opus d'une série rassemblant le policier Sam Goodman et la journaliste Sandra Khan ! Si l'histoire même est tout à fait compréhensible en tant que telle, on comprend quand même très vite que les deux protagonistes principaux ont déjà eu des contacts et autres aventures, et qu'en plus ça les a marqués. Or, si certaines phrases font vaguement référence à ces événements, on est quand même incapable de les appréhender, et ça laisse la vague impression d'avoir manqué quelque chose, même si c'est sans incidence directe sur cette nouvelle histoire.
Alors, pourquoi commencer par un tome 4 ? Pour les besoin d'un challenge, évidemment ! ;) Il fallait former le mot «
gémeaux » avec les lettres du titre : je ne me suis pas foulée…
Et donc, que dire de ce livre déjà un peu « ancien » ? C'est un roman extrêmement noir, il faut avoir le coeur bien accroché car certaines scènes sont réellement atroces, alors qu'elles sont montrées avec un certain détachement, sans aucune nuance et certainement sans aucun sentiment, à coup de phrases généralement assez courtes et très directes. C'est très déroutant !
En fait, on s'approche tour à tour des différents protagonistes : pour les « méchants » c'est par les yeux d'un narrateur omniscient qui se penche soit sur les jumeaux (il n'est jamais question de
gémeaux au sens astrologique, en fait…) qui ne fonctionnent généralement qu'en duo, entre Gil le meneur et Jeffrey l'attardé à la suite d'un accident de naissance ; soit sur le bandit corse, Dominique Genosi, qui est tombé de charybde en scylla après un coup foireux sur le sol américain et qui doit se refaire pour pouvoir se venger de ceux qui l'ont laissé tomber ; tandis que pour nos « bons » personnages récurrents, on passe carrément à la 1re personne du singulier, mais parfois c'est Sam Goodman qui parle, et d'autres fois – plus souvent – c'est Sandra Khan.
Or, dès qu'on s'approche des jumeaux ou de Genosi, on entre dans un langage volontairement proche de l'oral et/ou très argotique – ce type même de langage qui accentue le côté un peu vieillot de ce livre, car dans les polars plus modernes, on n'utilise plus (ou en tout cas beaucoup moins) de tels artifices pour faire paraître les méchants à moitié débiles et dès lors encore plus méchants… D'ailleurs, cette imitation de l'oral est assez désagréable à lire (dans n'importe quel type de livre), même si, dans le cas présent, ça ne gêne pas vraiment le rythme. En revanche, quand on est aux côtés du policier ou de la journaliste, le langage est beaucoup plus « classique », même s'il y a çà et là encore quelques dérapages vers une certaine oralité, mais de façon bien moins marquée.
Avec tout ça, je ne me suis vraiment attachée à aucun des personnages. Sam comme Sandra sont sympathiques et, pour ce qui est de Sandra surtout, font naître des sentiments que les « bons » personnages principaux dans un policier sont enclins à susciter. Pourtant, même s'ils sont sympathiques et qu'on aime bien les retrouver, la magie n'opère pas tout à fait – peut-être précisément parce que, en commençant l'histoire au 4e tome, on a manqué les bases, celles-là même qui nous auraient permis de mieux les apprécier au fil des tomes ?
Quant aux autres… Dominique Genosi, à part le fait qu'il porte le même prénom que moi ( !), est vraiment le méchant détestable dans toute sa splendeur, dans ce sens-là il est même très réussi. Gil arrive sur la 2e marche du podium, à peine sauvé par le fait que, à sa façon, et malgré le désert de bêtise et de méchanceté qu'est sa vie, il prend soin de son frère envers et contre tout. Ledit frère, l'attardé Jeffrey, est probablement le personnage le plus « humain », justement à cause de son handicap qui le rend clairement irresponsable même dans les horreurs qu'il commet… mais justement, ces horreurs sont à un tel « niveau » de non-acceptable que, au final, on ne s'attache pas à lui plus qu'aux autres. En fait, c'est un peu comme si les spots étaient tournés tout droit sur les jumeaux, qui sont mis en scène en tant que personnages presque-principaux, et du coup ils ne laissent pas indifférents, ça remue même un peu par moments dans quelque chose qui s'approche d'une pitié un peu navrée, mais on est très loin de l'attachement !
Bref, ce livre n'est pas un coup de coeur dans le genre, mais j'ai trouvé cette écriture très directe assez piquante, une entrée en matière marquante dans l'univers de cette autrice que les différents sites qui en parlent présentent comme atypique, et je veux bien le croire ! Quoi qu'il en soit, ce livre m'a suffisamment interpelée pour me donner envie de découvrir cette fois le 1er livre de la série, ou bien tout autre livre en one-shot, afin de m'immerger davantage dans cette façon originale, certes très noire mais intéressante, de voir le monde.