Il y a une histoire yiddish qui raconte qu’un moineau picorait sur une route enneigée de Russie. Trop absorbé, il ne vit pas arriver un cheval attelé, qui, passant au-dessus de lui, lâcha son crottin. Le zoziau piailla, battit des ailes, réussit à se dégager et lança à pleine gorge des pépiements de triomphe. Un renard passait par là, l’entendit et le croqua. Moralité : quand on est dans la merde, faut pas le crier sur les toits.
Le lieu est parfumé par sa friandise favorite : un cigare roulé avec du poil de skunks et de la morue séchée, auquel s’ajoutent les effluves de melon et de fromage qui s’échappent des poubelles de l’Italien voisin et qui entrent par la fenêtre.
On ne tue pas ses souvenirs, sous peine de mourir soi-même.
Nous autres humains, nous possédons, comme chacun sait, cinq sens, sauf les fils de mère juive qui en ont un sixième qui entre en activité aux alentours de la trentaine, s’ils sont encore célibataires.
Il n’y a rien à répondre. Thompson est radin même avec l’argent des autres.
— Sam, on est à l’aube de l’an 2000...
— Et quand un homme est amoureux d’une femme en 1998 c’est différent de 1925 ?
La première mère dit : mon fils est si riche qu’il pourrait acheter Paris. La seconde : le mien a tellement d’argent qu’il pourrait acheter New York. Et la troisième, la mienne, répondrait : Oui, mais je ne sais pas si mon fils voudrait leur vendre.
Il ne faut jamais louper une occasion de faire la fête.
l tirait sans viser, animé par la rage de voir son frère dans cet état, la rage d’avoir échoué, de finir abattu comme un gibier ; de ne pas être devenu riche, de ne pas avoir baisé toutes les filles qu’il aurait voulu, de ne pas avoir pu prouver à ces culs-terreux de Bethany qu’il était un caïd et eux, qui les avaient chassés, de la merde.
Différent des tueurs de profession qui se donnent l’excuse de le faire pour de l’argent. Différent des serial killers incapables de résister à leurs pulsions ou qui pensent obéir à une mission divine. Décider la mort d’un être, c’est Néron incendiant Rome. Le pouvoir absolu. Le plaisir absolu.