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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Just Kids, un volet précédant des mémoires de Patti Smith racontait la genèse de sa vocation entrelacée à celle de son amour Robert Mapplethorpe dans le New York des années 1960-1970. Dans les premières pages du récit apparaissait une citation de l'opéra « Tosca » : « J'ai vécu pour l'amour, j'ai vécu pour l'art ». Quand je l'ai lu, je l'ai adoré (et je n'était visiblement pas la seule, vu le succès du livre) à cause de cette énergie qui lui a permis de démarrer de rien et de se déployer dans toutes les directions qu'elle a empruntées ensuite. Cette citation s'applique à « M Train » aussi.

Et bien, on retrouve la même Patti, des années plus tard, vivant avec le souvenir de son mari, le musicien Fred Sonic Smith (celui de la merveilleuse chanson « Frederick » sur l'album Wave ) et faisant des allers -retours vers leur vie commune. La description de cette relation est encore particulièrement touchante, comme celle avec Robert. Les amis de l'époque sont souvent partis (mais pas tous), les enfants grandis, donc, la solitude est plus présente.

« Nous cherchons à retrouver tel moment, tel son, telle sensation. Je veux entendre la voix de ma mère. Je veux revoir mes enfants quand ils étaient enfants. Petites mains, petits pas rapides. Tout change. le garçon a grandi, le père est mort, la fille est plus grande que moi, elle pleure après un mauvais rêve. de grâce, restez pour l'éternité, dis-je à ceux que je connais. Ne vous en allez pas. Ne grandissez pas.»
Dans ce livre, on vit avec Patti au jour le jour, dans ses habitudes, ses cafés fétiches (la photo de couverture a été prise apparemment à l'occasion de la fermeture du café Ino où elle se rend alors qu'elle habite Greenwich Village), ses chats, ses grigris, son amour des séries télévisées dans les chambres d'hôtel !! (The Killing et Wallander en particulier). Guidée dans le monde par ses obsessions littéraires, elle traverse les océans pour se rendre sur les lieux habités ou désertés par ses idoles et ses mémoires deviennent un voyage à travers la littérature jalonnée par Haruki Murakami, Sylvia Plath, Roberto Bolano…et illustrés par ses polas en noir et blanc, véritables machines à remonter le temps. Ils semblent tout droits sortis d'une séance de spiritisme pour capter de fantômes qui sont présents et habitent les objets.

Quand elle perd un de ses manteaux : » Peut -être ai-je absorbé mon manteau. J'imagine que je devrais être contente que, compte -tenu de son pouvoir, ce ne soit pas mon manteau qui m'ait absorbée. J'aurais alors l'impression d'être parmi les disparus, alors que je serai juste jetée sur une chaise, vibrante, pleine de trous »

Pour certains lecteurs, peut être que sa vie à ce moment là est moins excitante qu'à l'époque de Just Kids, récit d'apprentissages, (elle a écrit des poèmes, fait du dessin, de la photo, et s'est faire connaître en tant que chanteuse performeuse et écrivain, à nouveau) où elle cherche son chemin et Robert le sien. Mais dans M train, elle est reconnue et toujours fidèle à elle même : optimiste, ancrée dans le réel et en connexion avec des puissances invisibles. Au début du livre, elle s'interroge sur la difficulté d'écrire sur « rien ». Il ne se passe parfois rien, mais c'est rempli de tant de sentiments et d'attachement et délivré avec tellement de style !

Alors, asseyez vous avec un petit café et laissez vous guider à bord de M Train, le voyage en vaut vraiment la peine.
Lien : http://litterature.calice68...
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En commençant la lecture de ce livre, je me suis dit que j'aurais peut-être dû l'acheter en V.O.. J'avais l'impression de ne pas vraiment lire Patti Smith, sans doute parce que j'ai trop l'habitude de l'entendre chanter en anglais. Mais j'ai fini par me laisser porter par ses mots pour mon plus grand plaisir. En la lisant, j'ai eu l'impression de la suivre discrètement, sans la déranger, dans ses souvenirs, je buvais un café quand elle en buvait, je souriais lorsqu'elle semblait sereine.
Pas d'intrigue dans ce livre, pas de scène d'action incroyables, pas de vie de rock star pleine de paillettes. Juste les souvenirs d'une femme simple. M Train est un voyage calme aux côtés de Patti Smith dans sa vie de tous les jours et dans sa nostalgie. Un bijou rempli de poésie. Beaucoup de références aux auteurs qu'elle aime, à la musique aussi, ce qui m'a permis de faire de jolies découvertes musicales.
Je n'ai pas grand chose à dire sur ce livre, le seul moyen de s'en faire une idée, c'est de le lire. Je vous le conseille donc très chaudement.
Lien : http://er0sthanat0s.blogspot..
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La grande rockeuse et poétesse aime boire des litres de café, lire et relire ses écrivains préférés et parcourir les quatre coins du monde pour se recueillir sur leurs tombes.

Dans ce récit à la fois nostalgique et solaire, elle se raconte à travers une succession de souvenirs du passé et d'anecdotes du temps présent. C'est ainsi que, depuis le café ‘Ino à New-York, elle invite le lecteur dans la chambre à coucher de Frida Kahlo à Coyoacán, ou sur la tombe d'Ozu à Tokyo ou encore à Tanger sur les traces de Jean Genet… Beau, troublant, poétique et profond.

C'est un ouvrage dans lequel on plonge comme dans les bras d'un ami qui nous est cher.
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"M Train"est dédié à Sam Shepard qui ressemble fort au cow-boy que l'on croise plusieurs fois au détour des 18 textes, illustrés de photos prises par Patti Smith. Ils composent ce recueil où reviennent aussi le café (14 tasses par jour ne l'empêche pas de trouver le sommeil) et les cafés, les objets talisman habités par la présence de ceux qui les ont possédés ou les lieux où ils ont été trouvés, les êtres chers disparus, les écrivains passionnément aimés...

Au moyen-âge elle aurait pu être brûlée comme sorcière car pour elle, présent et passé ne font qu'un, les vivants et les morts se rejoignent, elles les invoquent, les fait revenir et les relient par la magie de son écriture.
Les nombreux objets auxquels elle tient, qu'ils soient juste photographiés comme la chaise de l'écrivain chilien Robert Bolaño ou celle de son père sur laquelle elle se refuse à s'asseoir, son vieux manteau noir, offert par un poète pour son 57ème anniversaire, qu'elle perd, vivent de la vie de ceux auxquels ils ont appartenu, qui, s'ils se manifestent par leur intermédiaire, nous restent souvent inaudibles.
p 168 "Choses disparues. Elles griffent à travers les membranes, tentent de capter notre attention par d'indéchiffrables SOS. Les mots dégringolent désespérément dans le désordre. Les morts parlent. Nous ne savons plus écouter. Avez-vous vu mon manteau ? Il est noir, sans véritable signe distinctif, ses manches sont effilochées et l'ourlet est tout abîmé. Avez-vous vu mon manteau ? C'est le manteau parle-mort."

Elle garde au fond d'elle la présence des êtres chers, Fred son mari, son frère, ses parents et les nombreux écrivains et artistes qui ont croisé sa route. Elle va à leur rencontre dans ses vagabondages : en Guyane, Jean Genet, au Mexique, Artaud, Frida Khalo et Diego Rivera, à Heptonstall proche de Leeds, Silvia Plath, au Japon, Dazai, Ozu, Kurozawa, Mishima, Akutagawa et beaucoup d'autres... Certains nous accompagnent déjà depuis longtemps, pour d'autres elle nous les fait découvrir et aimer et elle nous offre de belles nuits blanches en perspective.
Il y a aussi toutes les rencontres inattendues dans les cafés, la rue ou simplement celles qui glissent fugaces derrière une vitre, pas moins importantes que les autres. Toutes nous la rendent proche et ces êtres connus ou pas, dont ses lecteurs font partie, elle les serre tous dans ses bras avec douceur, elle les enveloppe de ses mots, des mots qu'elle alignent dans des carnets mais aussi sur des bouts de papiers, sur les serviettes des cafés où elle a ses habitudes : cafés Dante et Ino à New-York son point d'ancrage où elle commande régulièrement son café accompagné d'un toast de pain complet et d'huile d'olive, le café Pasternak à Berlin avec sa variante plus luxueuse, café, caviar et petit verre de vodka et bien d'autres...
Au Japon elle a beaucoup de mal à se procurer un café. Elle finit par le trouver dans un coffee-shop express et, et.....
p 196 "Assis à la table face à la mienne se trouvait un homme, la trentaine passée, en costume, chemise blanche, cravate, qui travaillait sur son ordinateur portable. J'ai remarqué une rayure subtile dans son costume, à peine visible et qui cependant marquait sa différence comme une sorte de défi. Il avait un comportement qui le distinguait de l'homme d'affaires habituel.(...) J'ai été émue par la concentration sereine et pourtant complexe qui se manifestait dans les rides irisées de lumière sur son doux front. Il était bel homme, un peu à la Mishima jeune, laissant présager une certaine bienséance, des infidélités discrètes et une dévotion morale. J'ai regardé les passants. le temps aussi passait. J'avais envisagé de prendre un train pour Kyoto et d'y rester la journée, mais j'ai préféré boire du café face à cet inconnu silencieux."

Sachant que je ne pourrais pas rendre toute la richesse et la beauté poétique de ce livre, à mes yeux au-dessus de Just kids, j'arrête sur cette belle rencontre japonaise qui, je l'espère vous donnera envie de découvrir toutes les multiples facettes de ce livre qui me rend encore plus proche cette vieille amie magicienne.
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L'instantané d'une humble beauté. Un voyage poétique en compagnie de Patti Smith. Au grès des cafés et des voyages, la poétesse nous présente ses lectures, ses souvenirs, ses photos, ses obsessions.
Lien : http://metamorphose-cerebral..
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