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Critique de Foufoubella


Voici un roman qui avait tout pour me plaire.
Le romancier sud-africain, François Smith, raconte l'histoire d'une jeune fille internée dans un camp de concentration lors de la seconde guerre des Boers, violée sauvagement par des officiers de l'armée britannique, laissée pour morte, recueillie par deux Noirs qui la sauveront, la soigneront et l'aideront à s'enfuir, devenue infirmière en psychiatrie, qui, par le plus grand des hasards (?) se retrouvera face à l'un de ses agresseurs, hospitalisé pour névrose des tranchées dans le service où elle officiait durant la première guerre mondiale. Quelle chance, si on peut appeler cela une chance, y avait-il pour qu'une jeune femme se trouve face à son bourreau, 16 ans après, à des milliers de kilomètres où elle a vécu son calvaire? C'est en tout cas un excellent point de départ pour un roman ou un film (d'aucun se souviendra de la jeune fille et la mort). Sauf qu'il s'agit d'une histoire vraie, celle de Susan Nell. C'est à partir de cet épisode que François Smith tisse le canevas de son histoire, alternant les époques et les points de vue, entre une narration à la première personne et un récit à la troisième, comme pour permettre à son personnage de prendre de la distance et de la hauteur quant à son propre vécu.

L'histoire, le point d'ancrage de l'histoire (je vous invite d'ailleurs à ne surtout pas oublier de lire la note de l'auteur à la fin, mais après avoir lu le roman) sont captivants. Sous couvert de raconter une histoire, l'auteur nous emmène dans les méandres de la psyché, voire de l'âme. Il s'agit bien entendu d'un roman, et, mis à part les grandes lignes, on ne sait trop ce qui relève de la réalité ou de la fiction, mais on ne peut s'empêcher d'éprouver de l'empathie et du respect pour cette infirmière qui, très courageuse, n'en reste pas moins très humaine. Je ne pouvais m'empêcher de me demander ce que j'aurais fait, moi, à sa place. Aurais-je fait comme si de rien n'était? Aurais-je voulu ne pas le reconnaître? Aurais-je tout fait, au contraire, pour que lui soit sûr de me reconnaître et de savoir qu'il était désormais à ma merci? Voici quelques-unes des questions que je me suis posées tout au long de ma lecture, faisant bien malgré moi, et en même temps, l'expérience de la vengeance et de la résilience.

Même si c'est très bien écrit - et je tire aussi mon chapeau à la traductrice, on les oublie bien souvent - c'est peut-être à ce niveau que mon enthousiasme retombe.
Le roman est court, un peu moins de 300 pages, mais j'ai dû faire une pause durant ma lecture pour reprendre ma respiration. Non pas à cause de l'histoire, comme j'aurais pu le craindre, mais à cause de la narration que j'ai trouvée un poil trop complexe. J'aime la belle littérature - et il en est bien question ici; j'aime les changements de focalisation - je trouve que cela apporte souvent de la richesse à l'histoire; j'aime l'alternance des époques et ne cherche pas à ce que le récit soit linéaire. Oui, j'aime tout cela mais quand la lecture reste fluide. Et même si j'ai compris l'intention de l'auteur - en tout cas celle que je lui prête, à tort peut-être - il m'a perdue à certains moments et je crois que sa narration en rebutera plus d'un. Et c'est bien dommage car, je me répète, la plume est excellente.

En résumé, une histoire, de l'Histoire, une héroïne à plusieurs facettes, un roman qui permet de réfléchir sur les violences faites aux femmes, se rendre compte, même si on le sait déjà, que ce n'est pas nouveau; un roman sur la (re)naissance et sur la capacité de l'être humain à se remettre de ce qu'un autre être humain peut lui faire subir.
Un roman tout en nuance servi en prime par une plume affirmée même si elle peut paraître quelque peu abrupte à première vue.
Un roman qui a le mérite d'exister et de mettre en avant des pans historiques qu'on préférerait ne pas savoir.

Lu en juin 2021
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