L’espion était déjà, depuis les années 1930, un personnage familier autant
qu’obsédant. Le développement d’une offre culturelle de masse en particulier à destination des jeunes est encore moins spécifique de l’Union soviétique. Les similitudes sont également nombreuses tant dans le style que dans les valeurs mises en avant.
Loin d’être un vecteur de critique sociale (comme peuvent l’être
le polar et la science-fiction), le genre de la littérature et du cinéma d’espionnage est très largement conformiste, il a tendance à exalter les valeurs d’autorité et d’ordre, à mettre en scène le bon espion, protecteur de la communauté nationale luttant contre les menées subversives des mauvais espions, ennemis intérieurs ou agents de l’étranger.
Le style est de part et d’autre soucieux de réalisme tout en conservant une tonalité épique et moralisatrice et colporte les schémas idéologiques de la guerre froide. C’est en revanche dans la finalité de ces œuvres fabriquées en série que réside la différence essentielle. En Union soviétique, la finalité reste politique.
La figure de l’espion n’est pourtant pas en elle-même une création de la
culture de guerre froide. Cette figure a pris une importance particulière dans les sociétés patriotiques et démocratiques depuis la fin du XIXe siècle, contribuant à redéfinir la délimitation entre le secret et la transparence.
Comme le montre Alain Dewerpe, l’inflation du discours et des représentations de l’espion est à inscrire dans la construction historique de l’individualité contemporaine.
Dans ce cadre, « l’espace imaginaire de l’espion est incommensurablement plus large que son espace réel » . En Union soviétique, la mise en place de la société nouvelle après la révolution et les résistances que cela a suscitées ont nourri le développement d’un imaginaire patriotique où l’espion occupe une place centrale, en particulier dans la deuxième moitié des années 1930.
Valéry Giscard d'Estaing nous a quittés mercredi 2 décembre 2020, à 94 ans, après un parcours politique et intellectuel qui a laissé des traces.
Son destin est lié, semble-t-il, à un événement extraordinaire : la mort d'un président, Georges Pompidou, qui l'oblige à mener une campagne éclair. Dans une France d'après les Trente-Glorieuses et de Mai-68, élu en 1974, il est le premier non-gaulliste à s'emparer de l'Élysée. Se voulant l'incarnation du changement et de la modernité - à 48 ans, il est alors le plus jeune président élu -, il donne à sa campagne un slogan évocateur : "Le changement dans la continuité".
Pour en parler, Jean-François Sirinelli, historien, auteur d'une série de livres, "Les années Giscard" (Armand Colin), ainsi que de plusieurs essais sur la vie intellectuelle et culturelle de la France sous la Ve République.
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