Arthur Boildieu, opulent quincaillier parisien a fait fortune dans le boulon, lui qui se voyait plutôt décorateur de théâtre. Sa grande consolation, c'est son mariage avec Suzanne Morin, une jeune provinciale qui est montée à Paname pour faire l'artiste. Il l'a sorti de la mouise. Aujourd'hui reconnaissante, elle brille en haut de l'affiche et attire les regards ...surtout d'un jeune réalisateur. En soirée, Arthur accompagne Suzanne à Montargis au chevet de sa mère malade. En traversant la forêt de Fontainebleau, pris d'une crise de jalousie, il tue son épouse . Enfin, il ne sait plus. Une ancienne blessure de guerre à la tête lui donne de gros trous de mémoire. Il se mélange les neurones, son agenda et il lui faut trouver un alibi en béton au cas où... C'est pas gagné pour le roi des vis parisiennes, de quoi lui faire perdre définitivement la boule !
Illégitime défense paru en 1958 est le premier polar de
Pierre Siniac signé de son pseudonyme
Pierre Signac. Pas de surprise pour les mordus, les premières touches de l'apprenti romancier bien que plus proches du noir de Soulages frappent de plein fouet...ici, la tête amnésique d'Arthur mais aussi celle du lecteur déboussolé parti à la recherche d'une mémoire infaillible. Mais, c'est la pagaille, les alibis se chevauchent, se multiplient...Et quand l'on pense avoir enfin trouvé, paf, on refait un tour de manège à la
Siniac. On tourne en rond, en large et en travers avec sa petite musique vacharde dans le milieu artistique ,de la ferraille ou de la poulaille. Entre des comédiens comme Maxime de la Puteuse ou des as des écrous et des flics dépassés. Je suis épaté, le jeune écrivain débutant avait déjà le style et le chic pour tirer les portraits au vitriol et élaborer des scénarios "siniesques" qui vous mettent la tête à l'envers.
Illégitime défense, pointilleux comme Signac !