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Citations sur D’un monde qui n’est plus (6)

Je payais cher mes heures passées dans les vergers. Pires encore que les sermons de mon père étaient les réprimandes sèches et raisonnables de ma mère (…) Mais il valait la peine d’affronter toutes les punitions pour les journées lumineuses et bonnes dans les vergers, pour les nuits de satin noir, brodées de millions d’étoiles, dans lesquelles je sentais le secret du monde, de la vie et de l’existence.
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Il lisait la Torah avec une mélodie si suave et si vivifiante que l’on sentait à travers ses paroles le bon goût du lait et du miel dont ruisselait la terre de Canaan donnée par Dieu à Israël.
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Toute sa vie elle avait été en révolte contre la grandeur de son mari que son père, un notable, avait acquis contre une grosse dot quand elle n’était encore qu’une petite demoiselle de douze ans. Elle qui n’était qu’une simple Juive qui, sauf prier, dire les « tekhinès » et rédiger une lettre dans un yiddish plein de fautes, ne connaissait rien de rien, son mari l’écrasait par son érudition, son intelligence et son austérité masculine. Elle lui en voulait surtout de son mutisme. Mon grand-père n’échangeait littéralement pas un mot avec la vive petite femme qui lui avait donné une demi-douzaine d’enfants.
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Comme la plupart des gamins juifs de maisons pieuses, j’ai pendant un certain temps tremblé devant les chiens en qui je voyais des ennemis d’Israël. Tout comme les jeunes goyim, les chiens ne pouvaient souffrir les longues basques des Juifs, et j’étais sûr que la haine canine des Juifs était quelque chose d'éternel, d'immémorial ;
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A propos de ce bonhomme, on racontait dans la bourgade une histoire curieuse : quand on l’avait reçu comme abatteur rituel on lui avait également demandé d’apprendre à circoncire. Mais Reb Hénekhl qui abattait très facilement un bovin redoutait de s’approcher d’un enfant avec le couteau du circonciseur ; on l’avait donc fait s’entraîner avec du persil. Mais il était si effrayé qu’il n’avait pas osé toucher au persil…
- Ah, Juifs, je n’ai pas le courage… disait-il d’un ton plaintif.
Des plaisantins l’appelaient Reb Hénekhl Persil. Mais Reb Hénekhl niait toute l’histoire.
- Savez quoi ? Ridicule ! murmurait-il.
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Plus fort que tous priait mon grand-père, bien que ce fût un misnaged et un parlant peu, il entrait en extase au moment de prier, particulièrement le vendredi soir. Il priait avec ferveur, avec jouissance, comme si un surcroît de force lui venait des prières, de la synagogue, de la pieuse communauté des prieurs dont il était le pasteur. Les chefs de famille de la synagogue, pour la plupart des gens pauvres, des artisans, parce que les richards et les hassidim priaient pour la plupart dans leurs propres oratoires hassidiques, regardaient avec orgueil leur rabbin qui n’allait jamais prier nulle part ailleurs mais priait selon le rite ashkénaze à la synagogue, dans leur synagogue à eux, et ils s’abandonnaient encore plus pieusement à leurs prières du vendredi soir, louant Dieu pour le saint jour du shabbat dont il avait gratifié son peuple Israël.

(misnaged : « résistant » au hassidisme)
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