Solitaire et bougon, le capitaine Zot Yavotski s'est rangé des cadavres, réfugié dans un placard doré, grâce à l'intervention de son ami Paul Damien, conseiller ministériel, il officie en tant qu'expert anti-criminalité pour le gouvernement.
Quand ce dernier lui demande de retourner sur le terrain pour enquêter sur le meurtre d'un jeune homme, il accepte au nom de l'amitié. La victime a été mutilée, partiellement brûlée et portait de monstrueuses prothèses de femme obèse. Malgré son expérience passée où il a côtoyé des morts de toute espèce, Zot est perplexe, d'autant plus que quelques jours plus tard, Paul est arrêté, soupçonné du crime. Décidé à faire la lumière sur cette histoire, Zot va devoir remonter dans le passé de son ami et arpenter les rues chaudes de Pigalle. Parmi la foule bigarrée, il va rencontrer Jenny, une jeune stripteaseuse dont la vie est menacée, mais aussi de nombreux méchants à la gâchette facile.
Un bon polar à la française, aux méandres parfois un peu tortueux entre politique, prostitution et déviances sexuelles, mais le style fluide est agréable à lire et les deux héros, véritables écorchés de la vie, restent attachants.
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Zot est ami avec Paul. Zot est policier et Paul travaille pour le ministère. Celui-ci va demander à Zot de bosser sur une enquête, Un travesti retrouvé dans un hangar en flamme, affublé d'énormes prothèses en silicone et le dos scarifié. Puis Paul va être arrêté pour ce meurtre et d'autres. Zot va se jeter à corps perdu dans ses recherches mais ce qu'il va trouver ne va pas lui plaire du tout.
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La rue du Sexy Moon dessine un S sur le deuxième raidillon de la Butte, entre les rues Houdon et Véron. En contrebas, l'icône de la nuit parisienne : la place Pigalle. Les néons du boulevard de Clichy, les badauds, la circulation, les patrouilles de la BAC. Plus haut, les Abbesses, les bistrots bondés, la foule des branchés, le deal. La rue du Sexy Moon est l'une des dernières voies du quartier à conserver sa réputation de coupe-gorge. Les noceurs n'y garent pas leur Porsche ; les travestis n'y tapinent plus après la tombée de la nuit ; les ivrognes préfèrent pisser ailleurs. Elles est sombre, poisseuse, sonore, la rue du Sexy Moon.
- Alors, qu'est-ce que vous voulez connaitre de cette bonne maison ? a demandé Aguillon.
J'ai hésité sur la façon d'attaquer. Je n'aime pas la bonhomie, elle me parait suspecte. Je n'ai jamais pu aller vers les gens avec entrain, du premier coup. J'ai toujours trouvé ça obscène. Et cet Aguillon était une grosse tranche de bonhomie ambulante, celle des banquets de représentants de commerce. Le style Vieille France, gros rouge, chou farci.
Fallait l'entendre pour le croire. Elle n'était pas idiote ; elle ne jouait pas la comédie. Ce n'était pas de la naïveté. Il y avait chez elle quelque chose à l'état brut. Comme certaines de ces pierres précieuses que je rapportais autrefois d'Asie et qui résistent aux scies, aux meules.
En 1985, Paul était déjà une huile ministérielle. Moi, Simple inspecteur. Pendant que je jouais les Rambo avec mes collègues canadiens, que je crachais mes poumons sur des parcours du combattant inventés par des psychopathes, Paul animait des séminaires à l'intention des officiers supérieurs. Lui dans du velours, moi dans la boue. Les chefs d'un côté, la piétaille de l'autre. Mais nous avions tout de même sympathisé.