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EAN : 9782841614615
288 pages
Albouraq (01/11/2011)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Face aux risques d’aliénation et de perte de repères culturels et religieux auxquels sont exposés les musulmans et les sociétés musulmanes, sous l’influence grandissante des modèles occidentaux, Ali Shariati prône le retour à soi. Selon lui, c’est le seul moyen de combler tous les besoins et satisfaire les consciences. Une personnalité musulmane forte et consciente d’elle-même est le fondement d’une société capable de répondre aux exigences et aux défis contemporain... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L’Occident cherche, depuis le XVIIIe siècle, avec l’aide de ses sociologues, de ses historiens, de ses écrivains, de ses artistes et même de ses révolutionnaires, à imposer au monde la théorie suivante : la civilisation est une, et elle est telle que l’Occident l’a édifiée et l’a offerte au monde. Celui qui veut être civilisé doit nécessairement disposer de la civilisation que l’Occident a fabriquée pour lui. Et s’il la refuse, il restera sauvage semblable à Mounâs le héros bédouin de la mythologie turque. L’Occident affirme aussi que la culture est une. Il s’agit en fait de la culture occidentale : celui qui doit avoir une culture au vingtième siècle doit l’acheter à l’Occident, exactement comme n’importe quelle autre marchandise !
(…)
L’Occident a déployé tous ses efforts au cours des deux derniers siècles pour rendre possible cette foi en lui, et pour provoquer le manque de croyance en soi. C’est ainsi que nous entendons Monsieur Maurice Thorez dire qu’il n’y a pas de peuple algérien, mais un peuple en devenir. Il nie ainsi la grande civilisation nord-africaine au sein de laquelle les plus grands philosophes sont nés et ont évolué, ainsi que le plus grand sociologue de tous les temps, le fondateur même des sciences sociales [Ibn Khaldoun]. Quant l’Afrique du Nord jouissait d’une telle civilisation, toute la culture de l’Occident se résumait à une chanson populaire destinée aux caravanes de chrétiens en partance pour les lieux saints. L’Espagne était la seule entité civilisée de l’Occident, sauf que cette civilisation, elle l’avait reçue du Maghreb islamique. L’Espagne imitait l’Afrique du Nord dans sa quête de civilisation. Les Occidentaux tentent cependant aujourd’hui de nier toutes les autres civilisations afin d’imposer les formes et les cadres qu’ils fabriquent eux-mêmes pour les autres. Ce massacre touche tous les peuples, de la Chine à l’Égypte en passant par l’Iran, qui ont eu, tous trois, une grande civilisation dans l’histoire. (pp. 23-24)
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L’écueil énorme auquel nous nous heurtons, c’est que lorsque nos intellectuels progressistes discutent de l’influence de l’Occident, ils oublient leur propre cas, et ils ne relèvent cette influence occidentale que chez les hommes et les femmes qui singent les Européens sans distinction ou choix, dans la décoration, le vêtement, la consommation, le mode de vie, les manières et les habitudes sociales. Alors que la calamité dans la maladie de l’influence occidentale et de l’imitation inconsciente s’étend aussi bien à nos penseurs révolutionnaires et gauchistes ; ce genre d’occidentalisation est plus puissant et résistant, et plus profondément enraciné aux différentes étapes de la maladie de cette communauté s’assimilant aux « Français », sans consistance et creuse, qui ne brille qu’en surface, en un mot la « société moderne de consommation ».

Les femmes et les hommes modernes qui se complaisent à lire des revues comme « Margot », « Burda », « Ici Paris », « Paris-Match », etc., ont des tendances sociales et des visions philosophiques, artistiques et humaines qui sont définies et diffusées par les succursales de Christian Dior et autres. Leur philosophie de vie repose uniquement sur la consommation des produits importés de l’Occident, et tout ce qui s’ensuit du genre de « Zen Rose », « Marad Gentleman » (l’homme gentleman), la modernité et la civilisation et tout ce qui vient avec le siècle, l’éducation moderne, et la pensée contemporaine… Tout cela, sont paroles vides. Car ceux-là sont eux-mêmes des bonimenteurs rétrogrades, vermoulus pétrifiés ; les appareils publicitaires occidentaux ont effacé les traits des peuples anciens et nettoyé, pour les rendre modernes, les richesses historiques, culturelles, religieuses, morales, nationales, ethniques et humaines. Le moderne est ainsi celui à qui on a volé tout ce qu’il possédait, et qui est devenu un « ventre » avide de recevoir les produits des appareils de production industrielle du capitalisme mondial.
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Regardez l’islam, au cours des vingt premières années de sa vie, où sont apparues des personnalités éminentes, et comparez cette période au millier d’années de vie de l’Iran antique, d’où n’émerge aucune personnalité. Vers la fin de la période antique, nous trouvons quelques noms, des médecins et des sages, mais nous sommes vite déçus lorsque nous apprenons qu’il s’agit de savants venus de Byzance, ayant fui cette capitale par crainte de Justinien le chrétien pour se retrouver en Iran, et fonder l’université de Jundishapour, des réfugiés politiques ! Notre première université, à l’époque dorée, fut fondée par des Grecs ! Pourquoi cette nation pauvre et stérile est-elle devenue fondatrice des universités, des écoles et des bibliothèques qui n’ont pas leurs pareils dans le monde entier, après l’avènement de l’islam ? Comment est-elle devenue responsable de toutes ces découvertes qui ont bénéficié à l’humanité, comment a-t-elle pu diffuser ses dons scientifiques, intellectuels et politiques de la Chine jusqu’en Afrique du Nord et au sud de l’Europe ?

La réponse est : la révolution, la révolution intellectuelle, la nouvelle foi ardente qui transforme l’âme, la race, la vision et toute chose. L’idéologie est ce qui suscite ce bouillonnement interne, cette créativité, cette fertilité, cette culture et cette vraie civilisation chez les gens. (p. 162)
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Notre paysan sheikh, sayyid Jamâl ad-Dîn [al-Afghânî], qui a vécu à Asadubâd, à Hamadan, ressent le danger et capte, grâce à son flair local et sa personnalité à l’esprit simple, avant même les dirigeants progressistes d’Asie et d’Afrique, les conséquences du « jeu du modernisme » ; il comprend que sous cet éclat qui trompe les imbéciles se cache la face honnie et effrayante d’un colonialisme impitoyable, du colonialisme économique et de l’abjecte domination de la bourgeoisie qui incendie Césarée pour un mouchoir. Il faudrait, selon le colonialisme, piétiner tous les nationalismes, les doctrines et les histoires, les principes, les indépendances, les personnalités et les cultures en Asie et en Afrique, en vue de pouvoir vendre ses marchandises, de pouvoir s’emparer des matières premières, gratuitement ou par le vol. Il faudrait sacrifier l’humanité sur l’autel de l’argent, et par « homme » il faudrait entendre le consommateur et rien d’autre. Ne voyez-vous pas ces femmes et ces hommes modernes qui ont été fabriqués sur ce modèle ? Aucun d’eux n’est cet animal parlant, ou animal pensant, ou animal choisissant, ou animal qui élabore les images mentales, ou animal créateur, toutes ces définitions qui sont conçues pour l’homme ne s’appliquent plus à lui, il est devenu uniquement l’homme qui achète.

Lorsque sayyid Jamal Eddine entend dire que ces modernistes veulent fonder une banque ici, il est pris d’un tremblement, il envoie une missive à l’ayatollah Agha Mirza Hassan Shîrâzî (mufti et juriste réputé à son époque). Quelques années plus tard, après le réveil éclatant de l’Afrique et les révolutions opposées au colonialisme mondial, après que l’Occident eut mis au grand jour l’impérialisme économique, Chandell, poète et combattant africain, déclare : « Lorsque l’armée française et les pieds-noirs ont quitté l’Afrique, le colonialisme français ne l’a pas quittée, car nous pouvons dire que le colonialisme français est présent tant qu’est présente la banque du Crédit Lyonnais sur cette terre ».

Ce n’est pas un hasard si la mission adressée à nos penseurs modernes, et qu’ils accomplissaient avec enthousiasme et bonheur débordants en luttant contre « l’inclination vers les traditions, la religion, le passé et la confiance en soi », comprend toutes ces choses que les gens devraient ingurgiter au nom de la modernité, de la civilisation, du progrès, de la science moderne et du siècle de l’industrie, pavant la voie aux jeunes et aux vieillards.
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