Le Bruit de nos pas perdus

Grace et Amos ont quitté le Tchad avec l'espoir de jours meilleurs. Pour ça, il faut monter dans le bateau et faire la grande traversée. A l'institut médico-légal de Versailles, le corps d'Emilie Vaudray va faire l'objet d'une autopsie. Elle semble pourtant s'être suicidée. le commandant Cerisol et le lieutenant Krzyzaniak vont tout de même mener l'enquête car il s'avère qu'Emilie était enceinte.
De Benoît Séverac, j'avais beaucoup aimé "Le tableau du peintre juif"et j'étais curieux de le retrouver dans un vrai polar. Dans cette immersion dans le commissariat de Versailles, deux intrigues sont suivies en parallèle: le décès d'Emilie Vaudray donc et le cadavre anonyme d'un homme retrouvé dans le caveau d'un autre...
Dans une narration chorale, on se retrouve dans une ambiance à la Ed McBain (auteur de la série du 87ème district). Les flics sont aussi des hommes, des femmes, les procureurs aussi. Ainsi chapitre après chapitre, on retrouve Cerisol (déjà vu dans "Tuer le fils"), sa vie compliquée avec une femme aveugle, Louise Gairal la jeune vice-procureure qui doute du suicide d'Emilie.... On s'attache à ces personnages loin des stéréotypes.
Benoît Séverac parvient à faire du "police procédural" à la française avec beaucoup d'humanité. Ses deux intrigues résonnent bien avec l'actualité récente et il met en avant des anti-héros du quotidien, des hommes et des femmes qui font leur boulot.

Le nouveau Benoît Séverac. On avait adoré (et on n'avait pas été les seuls !) le Tableau du Peintre Juif. On attendait donc le suivant avec impatience. Et il est très différent, et on aime ça. Benoît Séverac sait se renouveler.

Ce qui commence comme un polar comportant énigmes et enquêtes est un peu plus que cela. Parce que Benoît Séverac aborde certains des problèmes de notre monde avec nuances et psychologie au travers de personnalités très réussies. Des flics bien sûr, mais aussi toute une série de personnages secondaires plus riches qu'il n'y paraît au premier abord. Mais de quoi parle-t-on ?

Un prologue, d'abord. Amos et Grace sont des migrants tchadiens en partance pour l'Europe. Ils n'ont plus rien que leurs vies et même cela n'est pas certain !

Puis nous faisons la connaissance du Cdt Cérisol, un flic quinqua de la PJ de Versailles. Pour les fans de Benoît Séverac, on retrouve ici le personnage de Tuer le fils (voir les chroniques précédentes). Marié à Sylvia, une athlète handisport de haut-niveau (elle est aveugle), c'est un passionné de chansons réalistes, grand amateur de confitures et, autrefois, d'alcools forts. Il se tient maintenant à une certaine discipline. Là, il est inquiet, il n'a plus aucune nouvelle de Sylvia partie au Japon avec l'équipe de France. Il n'arrive à joindre personne. Il doit d'autre part gérer son équipe et les enquêtes en cours : un corps nu et quasi momifié a été découvert dans un caveau censé être vide du cimetière de la ville royale, et le présumé su.icide d'une jeune femme à qui la vie souriait.

Cérisol peut compter sur la lieutenante Krzyzaniak, toute fraîche arrivée à la PJ, à la forte personnalité, sur ses adjoints Grospierres et Nicodemo l'un est un expert en arts martiaux, l'autre un sexagénaire portugais dépressif. Tout ce petit monde doit fonctionner sous l'autorité de la procureure Gairal malgré les collusions justice/politiciens que tout flic qui a de la bouteille a appris à supporter. Surtout à Versailles. le Roi n'est plus là mais la population est-elle toujours au-dessus des lois ? Pull bleu marine et nom à rallonge sont-ils garants d'une population "blanc-bleu" ? Alors, entre les bourgeois du quartier St Louis et les SDF de la Pièce d'eau des Suisses, il faudra naviguer à vue.. Emilie Vaudrey s'est-elle vraiment sui.cidée et pourquoi ? Qui est ce corps soigneusement emballé et déposé au cimetière ? Que se passe-t-il au sein de ce drôle de couple en train de monter un centre de soins ? Qui ment ?

Benoît Séverac alterne les enquêtes, les chapitres qui racontent le voyage d'Amos et Grace, la progression des recherches, les moments de la vie de nos flics attachants, les angoisses de Cérisol quant à sa femme. On n'a pas le temps de s'ennuyer. On s'est attaché à ce flic qui n'est pas, comme souvent, un flic fracassé au bord de la rupture mais un homme tout simplement. Avec ses défauts, ses qualités, son humour, ses passions, ses peurs et qui doit gérer ses adjoints, ses addictions, sa femme.. tout en faisant son travail de flic. Parfois vraiment pas simple.. mais quel problème ne peut pas être résolu avec un petit verre d'anisette ? 😉 Vous en découvrirez les ingrédients.. inattendus.. 😁

Je ne vous dirai rien de la fin. Je vous laisse le plaisir, car c'en est un, de découvrir la conclusion de chaque enquête, et si les "méchants" sont punis. On aimerait une fois encore retrouver cette équipe dans une nouvelle histoire, savoir si K et C vont enfin s'accorder sur un certain mot, et si Sylvia va... non non, je ne dirai rien !! Direction votre librairie !
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com

Bonjour,
Il y a quatre ans de ça, je vous parlais de Tuer le fils, roman dans lequel nous faisions connaissance avec le commandant Cérisol et son groupe.

J'attendais avec impatience de revoir cette équipe, ou en tout cas une partie, dans une nouvelle enquête.

Dans le bruit de nos pas perdus, on assiste à l'arrivée d'une nouvelle femme flic et partenaire de Cérisol. Ils ne seront pas trop nombreux pour résoudre plusieurs affaires.

La première concerne le suicide d'une jeune femme, cause du décès qui n'arrive pas à satisfaire le commandant.

La deuxième, moins courante, s'articule autour de la découverte d'un corps non identifié dans une tombe qui ne lui est pas destinée.

Un fil rouge : Amos, réfugié Tchadien dont on suit le périple pour arriver en Italie.

Vous l'aurez compris, pas de meurtre sanglant ici, pas de tueur en série. Mais un texte qui va traiter de sujets hélas devenus trop fréquents et en tout premier lieu, le désespoir.

Celui qui pousse des familles à fuir leur pays en laissant tout derrière eux, en y laissant aussi, bien souvent, la vie.

Celui qui est trop lourd face à la maladie dont on refuse l'issue irrémédiable, de celle pour laquelle il ne servirait à rien de se battre.

Celui qui arrive sans qu'on s'y attende, qui vous terrasse et vous fait sombrer au grand désarroi de vos proches.

Celui de ces policiers dont on oublie souvent que ce sont des hommes et des femmes et pas uniquement un uniforme ou une fonction.

Et puis il y a ceux qui profitent de ces désespoirs et Benoît Séverac nous les montre, comme d'habitude, avec intelligence et justesse.

Je suis depuis pas mal d'années maintenant Benoît Séverac et chacun des romans que j'ai lu contient une part d'humanité que nous devrions tous avoir en nous. Chaque roman est comme une fenêtre sur la réalité, le lecteur se retrouve au coeur d'une cité, d'un quartier, d'une prison ou d'un commissariat.

J'attends chacun de ses romans avec impatience et je ne suis jamais déçue.


Lien : http://www.evadez-moi.com/20..

C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé le commandant Cérisol et son équipe. On se laisse facilement entrainer dans les différentes enquêtes et l'histoire est mise en valeur par une écriture ciselée et maitrisée.
Si vous connaissez cet auteur, vous ne serez pas déçu et si vous l'avez jamais lu, cela sera une belle découverte !
un bon polar , plein d'humanité, à découvrir pour cette rentrée.

Quel bonheur de retrouver la plume de Benoît Séverac. Il a ce talent de nous faire plonger directement dans le récit. J'ai donc vécu le 6 derniers jours à la PJ de Versailles.
Merci pour cette histoire, ou j'ai appris, j'ai eu soif de vengeance, et surtout de justice et plus que tout j'ai été tenu en haleine jusqu'au bout.