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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ce roman de la rentrée, je le redoutais, parce que dès qu'il s'agit de maltraitance, d'enfance, je n'ai aucun recul et cela me bouleverse tant que j'en perds tout esprit critique. Or, point de larmes, point de misérabilisme dans ce récit dénué de toute émotion.

En effet, on le lit d'une traite, parce que finalement, au cours de ces pages, ce n'est qu'un énoncé de constats, un "roman chorale" sans roman, où les avis et aveux d'échecs se succèdent, qu'ils soient professionnels ou personnels.

C'est pathétique mais sans pathos, aucun lyrisme, la grand-mère n'a pas de prénom, chaque voix est définie par son lien avec la Maladroite, cette Diana (au prénom à la destinée tragique mais qui n'aura pas connu l'adulation de celle, si célèbre).

Mauvais départ? reproduction d'un triste schéma familial? on ne peut pas dire que le destin lui avait distribué les bonnes cartes. Des histoires qui débutent comme la sienne, malheureusement, il y en a des tas. Heureusement qu'elles se terminent toutes moins tragiquement.

Alors pourquoi ce roman ? pour dénoncer l'incurie des services sociaux ou judiciaires? les dysfonctionnements entre les différentes services administratifs? C'est en effet l'incompétence de leur coordination qui est largement mise en avant entre les lignes. Chacun a fait comme il pouvait, je n'ose imaginer la culpabilité de ceux qui ont pressenti, mais qui se sont sentis impuissants face à la rigidité et à la lenteur du système.

En effet, il ne faut pas oublier, oui, il en va de la responsabilité collective d'être vigilant à ce que cela ne se reproduise pas. Toutefois, cela ne fait pas de la Maladroite un beau roman, un texte bien écrit et sensible. C'est froid, sans analyse, à la manière des minutes d'un procès, où le greffier prendrait note de tous les témoignages des proches. On n'y cherchera pas l'émotion mais le souci d'authenticité, et, très honnêtement, ce n'est pas ce qui en fait la valeur d'une oeuvre littéraire selon moi.
Lien : http://leslecturesdalice.ove..
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Qu'est-ce qu'il prend à la gorge, ce livre… La Maladroite donne la parole aux témoins d'un drame : la disparition de la petite Diana, dont les parents étaient suspectés de maltraitance. La grand-mère, la tante, l'institutrice, les directrices d'école… leurs paroles se succèdent pour reconstituer, par bribes, les souvenirs, les suspicions, les émotions liés à cette enfant couverte de bleus. Maladroite, Diana l'est socialement : elle se précipite vers les adultes pour les câliner, parce qu'ils représentent des parenthèses heureuses qu'ils semblent ouvrir dans sa vie. Mais maladroite, c'est aussi l'excuse, sans cesse ressassée pour expliquer toutes ses blessures. Plusieurs adultes ne sont pas dupes, d'autres laissent la part du doute, et le livre nous montre tout le faisceau de responsabilités qui ont mené à la disparition de Diana – je ne spoile pas, le livre commence par ça.

Dans cet ouvrage, deux voix se détachent du reste : celle de la première institutrice, qui ouvre le livre, et qui voit Diana dans ses cauchemars, avec sa grosse tête un peu étrange. Elle aurait aimé faire davantage, elle se sent responsable. La deuxième voix est celle du frère, qui a souvent servi d'alibi aux parents, et qui a partagé leur secret. Il était petit, il ne savait pas que ce n'était pas normal. Comment, après, comprendre, se pardonner ?

On l'aura compris : La Maladroite est un livre très émotionnel et, en tant que tel, il touche au but. Mais j'ai eu pour ma part beaucoup de mal avec cette histoire, car elle m'a rappelé des souvenirs : ma mère travaille dans le social, et j'ai parfois eu vent de ces terribles affaires. le livre d'Alexandre Seurat est très fortement inspiré de l'affaire de la petite Marina qui a défrayé la chronique en 2009. A la suite de ma lecture, j'ai lu quelques articles de l'époque, et d'autres écrits lors du procès en 2012 : le ton, l'incompréhension face à la brutalité des sévices, certaines déclarations de la petite, tout y était. Et je me suis surprise, un peu honteuse, à me demander : quelle est la différence entre le pathos des articles de presse, et le drame à peine déguisé que nous a servi le livre ? Peut-être est-ce l'angle choisi : celui des témoins, devenus des sortes de victimes collatérales ou bourreaux subsidiaires – souvent un peu des deux à la fois.

Mais pour quel message ? le livre, c'est le message, déclare l'auteur dans l'intéressante interview menée par LéaTouchBooks. Peut-être aurais-je préféré qu'il déclare qu'il n'y en avait pas. Qu'il dise qu'il voulait montrer les paradoxes dans lesquels nous sommes empêtrés, interroger la question de la barbarie ou celle de la responsabilité, ou que sais-je… Mais faut-il alors y chercher un message ? Alexandre Seurat ne sait-il pas qu'il faut être très prudent quand on déchaîne les émotions humaines ? Je ne sais pas… Je crois que j'aurais rêvé d'un livre encore plus nuancé, où il serait par exemple impossible d'accuser qui que ce soit (alors qu'ici le médecin scolaire ou l'assistante sociale font parfois preuve de mauvaise volonté ou d'indifférence). Ainsi La Maladroite serait peut-être moins proche de l'affaire dont il a été inspiré, mais il poserait de manière plus troublante encore l'énigme du mal et de l'opposition à la barbarie. J'ai aussi beaucoup aimé le portrait de la mère de Diana au début du livre. Dommage que par la suite, les parents disparaissent totalement derrière le voile de respectabilité qu'ils ont tendu entre eux et le monde.

Je crains que mes interrogations n'apparaissent comme du mauvais esprit. Si c'est le cas, c'est peut-être bien ce qui me gêne dans un tel livre : il serait attendu du lecteur qu'il soit choqué, compatisse, mais s'il ose remettre en question l'émotion qu'on lui sert, si brute, il ferait alors partie des suspects, peut-être des monstres. Une sorte de prise d'otage par l'émotion… C'est à ce genre de dérapages auxquels je pense, quand je dis plus haut qu'il s'agit d'être prudent lorsqu'on sollicite autant l'émotion humaine… Mais cela, c'est la réception de l'ouvrage qui nous le dira plutôt que l'ouvrage lui-même. Celui-ci aura en tout cas le mérite d'avoir sollicité bon nombre de questions et ouvert bien des pistes.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Ce roman m'a mise très mal à l'aise. L'intrigue sort tout droit d'un fait divers qui a déjà fait couler beaucoup d'encre (et de larmes). L'auteur nous fait rentrer sans légitimité dans le drame d'une fillette maltraitée. On passe d'un personnage à l'autre, d'une perspective à l'autre qui rendent l'ensemble aussi sordide que captivant. La psychologie reste superficielle, simpliste et manichéenne. On referme le roman avec la culpabilité des voyeurs et une perte de confiance dans l'Humain. le livre est bien écrit, les pages se tournent très vite mais apportent peu.
Je recommande vivement le roman Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre de Céline Lapertot qui va beaucoup plus loin dans la psychologie et le silence des victimes.
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