Citations sur Histoire d'un escargot qui découvrit l'importance de la.. (35)
Il se disposèrent à passer leur première nuit dans ce nouveau foyer, sans savoir s'il serait définitif ou s'il serait une étape pour se reposer avant d'aller plus loin. Avant de replier son corps dans sa coquille rebelle observa le sillage de bave qui brillait sur le gel et pensa cette fois que c'était bien la trace de la douleur mais aussi de l'espoir et il appela ses compagnons pour regarder ce sillage et ne jamais l'oublier. (p. 92)
- ça n'a pas l'air mal cette coutume de manger ensemble, dit un escargot, et tous les autres remuèrent leurs petites cornes pour montrer qu'ils étaient d'accord, cette coutume de manger en groupe leur paraissait extraordinaire.
A partir de ce moment ils abandonnèrent l'habitude de manger seuls à n'importe quelle heure, poussés uniquement par la faim, et décidèrent de manger ensemble au coucher du soleil sous les grandes feuilles d'acanthe. Pour rendre la coutume plus agréable ils se partagèrent entre ceux qui murmuraient les questions et ceux qui, toujours en murmurant, donnaient les réponses. ( Métailié, Suites, octobre 2017, p. 25)
Ils savaient qu'ils étaient lents et silencieux, très lents et très silencieux, ils savaient aussi que cette lenteur et ce silence les rendaient vulnérables, beaucoup plus vulnérables que d'autres animaux capables de bouger avec rapidité et de pousser des cris d'alarme. Pour ne pas avoir peur de la lenteur et du silence, ils préféraient ne pas en parler et acceptaient d'être comme ils étaient avec une résignation lente et silencieuse.
Ils avancèrent jusqu'à ce que l'obscurité enveloppe le bois. Pour les escargots cette obscurité était inconnue, ils avaient beau étirer les petites cornes de leurs yeux, ils ne voyaient pas les étoiles.
[...] les humains grandissent... et .. oublient, soupira la tortue et elle lui rapporta comment, avec le temps, à mesure que les petits d'humains devenaient des jeunes puis des adultes, les attentions se firent rares, la nourriture manqua, jusqu'à ce qu'on la considère comme une présence gênante dont il fallait se séparer, et on finit par l'abandonner dans la prairie.
...et la tortue, en recherchant les mots au fond de sa mémoire, lui expliqua que ces humains étaient en train de construire les maisons dans lesquelles allaient vivre d'autres humains, grands et petits, qui viendraient porter leurs affaires sur de grand animaux avec des pattes circulaires fortes, rapides et poussées par des cœurs de métal.
L'écureuil crie et saute rapidement de branche en branche. Le chardonneret et la pie volent vite, l'un chante, l'autre croasse, le chat et le chien courent vite, l'un miaule, l'autre aboie mais nous, nous sommes lents et silencieux, c'est la vie et il n'y a rien à faire, avaient coutume de murmurer les plus vieux.
Quelqu'un, je ne sais plus qui, m'a dit que les humains passent leur vie à répéter des choses, des mouvements et des conduites, et ils appellent ça des coutumes, indiqua un vieil escargot.
Rebelle l'escargot qui avait maintenant un nom et connaissait de mieux en mieux les raisons de sa lenteur, se prépara à nouveau à dormir, mais ne réussit pas à retrouver le sommeil car une série de questions s'étaient aussi installées dans sa coquille.
(p.56)
La tortue lui dit en mâchant les derniers pétales de pissenlit que s'il n'avait pas été un escargot lent, très lent, et que si, au lieu de sa lenteur, il avait le vol rapide du milan, la rapidité de la sauterelle qui traverse d'énormes distances en sautant, ou l'agilité de la guêpe qui est et n'est plus là avant que le regard se pose sur elle, peut-être que cette rencontre entre deux êtres aussi lents que peuvent l'être un escargot et une tortue n'aurait jamais eu lieu.
- ... Tu comprends... Rebelle ?... conclut la tortue en fermant les yeux.
- Je crois que oui. Ma lenteur m'a servi à te rencontrer, à ce que tu me donnes un nom, que tu me montres le danger, et maintenant je sais que je dois prévenir les miens.
(p.47)