Je m'appelle
Georges Segard.
Le dernier de onze enfants, je suis né le 28 septembre 1941 à Avelesges, dans la Somme. J'ai grandi dans les drames : le décès de mon frère aîné, celui de mon père, puis celui de ma mère, alors que je n'étais pas majeur. Je suis parti rejoindre mon frère Pierre à Paris, où m'attendait un brillant avenir de poseur de sols souples. C'était sans compter sur mon sale caractère ; je ne fis pas long feu dans l'entreprise.
Ma quête d'emploi me mena vers la place Blanche et Pigalle, hauts lieux des petits boulots au noir et de l'argent facile. Au début des années 60 j'y rencontrai
Charlie Bauer, le Robin des Bois des quartiers sensibles et découvrit un certain idéal, une façon facile de gagner ma vie.
Pendant des années, un ballet bien rôdé me permit de dévaliser de riches appartements, puis des banques. Souci du travail bien fait, avec un maximum d'adrénaline et un minimum de victimes collatérales.
J'ai également rencontré l'amour, en la personne d'Evelyne, petit moineau tombé du nid qui devint mon épouse et ma complice.
Je n'ai pas gagné à tous les coups, mon existence a été semée d'embûches et ponctuée par plusieurs incarcérations, de plus en plus longues. J'y ai bien sûr laissé des plumes.
Mais aujourd'hui, à 82 ans, je suis là pour témoigner de mon incroyable destin ;
Florence Bouté a prêté sa plume pour m'accompagner dans ce récit.
Un vrai personnage à la Audiard !
Son évasion du Palais de justice de Paris, en compagnie d'Evelyne et de son complice Christian Jubin, a d'ailleurs inspiré à Alphonse Boulard un scénario adapté par
Edouard Molinaro en 1973 : le gang des otages.
L'histoire (incroyable mais) vraie se dévore. Des images de « vieux » films de Jean-Pierre Melville,
Claude Sautet, Henri Verneuil se superposent aux mots : les Citroën DS qui démarrent sur les chapeaux de roues et les liasses de billets bien rangées dans l'attaché-case, les interrogatoires musclés et les garde-à-vues qui dérapent, le code de l'honneur et la parole donnée.