Jeanne, invitée par Luce, son amie de toujours, va la rejoindre au café l'âne bleu, elle apprécie de marcher dans les rues de Paris à la sortie de l'hiver, tout était comme refait à neuf.
« Un petit vent mou, pris dans les ruelles étroites, soulevait des flocons de pollen, des odeurs de métro et de tabac blond.
Le soleil de mai corrigeait la langueur des regards, réparait les dégâts de l'hiver interminable. La chair nue, dégelée, fumait. A l'abri de l'air et du jour, dans la poisse lisse des organes, la vie palpitait de nouveau de sang chaud. »
Après les retrouvailles, elles ne s'étaient pas vues depuis quelques mois. Luce propose à Jeanne de réaliser ensemble un documentaire, sur la vie de Nikki Delage, une avocate renommée qui prenait faits et causes, pour tous les nécessiteux sans exception. Les femmes issues de l'émigration, les exclus, les déclassés, les expulsions, le mal-logement. Elle était portée aux nues, on adulait cette avocate qui avait réussi à la force du poignet. Fille d'ouvrier, un grand-père algérien. Elle n'arrêtait jamais de se battre pour les autres.
Vous connaissez, ces journalistes à l'affût du moindre grain de sable, pour faire du chiffre. Un encart dans le journal, on apprend que la vie de Nikki est un tissu de mensonges. Ses parents sont de riches industriels, elle n'est pas pauvre, pas de grand-père algérien. La catastrophe, elle subit l'opprobre de tous ceux qui se pâmaient devant ses actions envers les personnes démunies. Elle n'est plus rien. Ce récit nous prouve à quel point, un mensonge, peut prendre des dimensions démesurées, surtout quand c'est une personne connue et qu'on plaçait sur un piédestal.
Les deux amies, veulent absolument découvrir la vérité et sont prêtes à aller jusqu'au bout, en interrogeant Nikky qui vit en recluse et tous ceux qui ont gravité autour d'elle, famille, amies, relations.
C'est vrai que Nikky, s'est inventée une vie parallèle, son enfance n'a pas été joyeuse, elle voulait dissimuler ses blessures sous cette fabulation, c'était sans compter sur la manipulation de celles qui étaient prêtes à tout pour leur reportage, sans prendre conscience du mal qu'elles faisaient.
Un jour, j'ai menti de
Samira Sedira, une belle histoire, très agréable, très bien écrite. Beaucoup d'empathie pour Nikky, le regard des autres est terrible. Ce récit soulève beaucoup de questions. Un roman très sensible et émouvant. Mon premier livre de cette autrice qui m'a beaucoup touchée.