Des quêtes multiples de liberté
Le profil de l'auteur (directrice adjointe de la rédaction de Libération) laissait imaginer un roman de politique fiction. Alors, oui, on peut considérer que l'univers du roman relève d'une certaine anticipation : la séparation entre
Jérusalem dominée par les ultra-orthodoxes et Tel-Aviv, refuge des résistants ou indésirables, symbolisée par un mur digne de celui de Berlin. Cependant, à la place des miradors et des tireurs d'élite, il est question de robots tueurs financés grâce à l'aide bienveillante de l'empire russe. Je vous rassure, cependant, tout de suite : malgré cette thématique, on est très très loin d'un roman de science-fiction puisque cet aspect de l'histoire est vraiment plus que minoritaire dans le roman. En effet, ce contexte géopolitique n'est qu'un prétexte pour mettre en avant des personnages particulièrement charismatiques en rébellion contre une certaine vision du monde. Et en cela,
Alexandra Schwartzbrod s'en sort plutôt bien.
L'intégrisme religieux, voilà ce qui constitue le point de départ du roman. Si vous n'en êtes pas encore convaincu, l'auteur vous prouve ici combien la folie religieuse est à la fois terrifiante mais également d'une hypocrisie sans nom. En effet, outre l'édification de ce mur de la honte (eh oui ! encore un), on comprend rapidement que, derrière tout cela, se cache surtout l'ambition d'oligarques accros au pouvoir et aux pratiques morales très éloignées des textes sacrés. Cette suprématie d'un petit groupe montre d'ailleurs ses limites dans la mesure où même quelques alliés russes émettent des réserves quand il s'agit de mettre à exécution le plan de ces « fous de Dieu ». le mur n'apparaît plus alors que comme un moyen de garder prisonnier plus que de protéger des « impies ». Une chose est certaine : l'auteur ne fait pas de cadeau à ces traditionalistes aveuglés par leur propre intérêt.
Mais c'est surtout le destin des personnages qui nous intéresse ici. En effet, qu'ils soient d'un côté ou de l'autre du mur, ils ont tous un point commun : le désir de retrouver une certaine liberté ou de la préserver. Cependant, on constate que leurs actions sont avant tout guidées par un altruisme admirable. Ainsi, Eli risquera sa propre liberté pour retrouver la seule femme qui ait jamais compté pour lui, Haïm se découvrira une âme de résistant malgré sa fidélité sans faille à ses croyances. Quant à Isaac, il devra faire un choix qui décidera du reste de son existence. Enfin, Ana, Moussa et Malika tenteront une alliance, malgré leurs origines différentes, pour une vie meilleure. Mais les obstacles seront nombreux sur leur chemin. A travers ses différents héros et héroïnes,
Alexandra Schwartzbrod parvient ainsi à insuffler un peu d'espoir dans un monde où l'humanité se trouve, de plus en plus, malmenée et où la folie de certains décideurs internationaux nous laisserait penser qu'un tel scénario n'est finalement pas si inenvisageable que cela. Aussi, croisons les doigts, faute de mieux !
Mes chouchous à moi
Ils sont deux pour une fois : Moussa et Malika, les deux ados palestiniens. Ayant échappé de peu à une véritable rafle, ils tentent de faire leur apprentissage dans un monde qui ne veut pas d'eux. Et ce qu'ils vont devoir affronter n'est vraiment pas de leur âge. Leur destin bouleversant ne laissera en tout cas personne indifférent.
Un roman noir que je recommande, tant il nous dépeint un monde si proche de nous et, pourtant, terrifiant si les limites venaient à être franchies.
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