CHAPITRE III.
Constitution théocratique du brahmanisme ;
elle a ses origines dans le Pentateuque.
10. La connaissance que ces prêtres acquirent alors du Pentateuque fut pour eux une révélation ; ils virent promptement tout le parti qu'ils pouvaint tirer de la législation mosaïque pour asseoir leur pouvoir sur une base inébranlable.
11. Et ils composèrent le Mânava-dharma-çâstra, le livre de la loi de Manou.
12. Que la loi de Manou procède de la loi de Moïse, cela est facile à prouver; ce n'est en quelque sorte qu'une question de bonne foi.
13. D'abord quant à l'antériorité des deux livres, il ne peut y avoir aucune contestation, parce qu'il est mille fois prouvé que le Pentateuque est de beaucoup le livre le plus antique qui existe, écrit en caractères alphabétiques, et que le caractère de la langue du livre de Manou montre qu'il est d'une époque bien plus moderne que le Rig-Véda.
14. Or, le Rig-Véda lui-même est bien plus jeune que le Pentateuque, parce qu'il n'y a plus que de faibles traces de la vérité religieuse primitivement révélée.
D'ailleurs, la prière qui naît du ciel avec l'aurore, dit le Véda, qui est antique et fortunée, passait, chez les Hindous, pour un acte de piété indispensable et plus excellent que le sacrifice même.
Cependant le dogme de la transmigration qui chasse l'homme à travers une infinité de mondes, sous des formes toujours diverses et sans jamais le rendre heureux, pesait trop lourdement sur l'esprit des Hindous. Ils se sentaient dépouillés de toute estime pour eux-mêmes, de toute valeur morale.