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EAN : 9781091887008
Inculte éditions (26/01/2013)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Les grands magasins n’existent plus, réduits à des affiches, soldes, blanc, Saint-Valentin, Noël que les touristes chinois découvrent dans le métro, des flèches les guident jusqu’aux comptoirs où enfin quelqu’un les comprend, rez-de-chaussée caverne enclave voilà une coquille rassurante, droit devant voilà une hôtesse, rouge et velours, tapis soie verre, et cette femme-écrin, décor, paravent s’exprime dans leur langue, incarne dès l’entrée le chic, cette femme-secou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ai beaucoup aimé (après la petite crainte d'être déçue puisque je l'attendais ce livre) ce cheminement irrégulier - ce collage minutieusement calculé, cette langue personnelle, en liberté - pour aller vers les Galeries, pour y vivre, pour les retrouver dans leur passé, pour l'étendre à tous les grands magasins, en remuant, évoquant, nos vies, l'histoire, l'économie, une sociologie non pesante, la futilité nécessaire, en insérant des listes, des moments de vraie poésie,
mais vais paresseusement renvoyer aux critiques de deux blogueurs amis, parce que chacun à sa façon, et en se complétant, ils disent tellement mieux que moi ce que j'aurais voulu dire
reportez vous donc à Christine Jeanney http://christinejeanney.net/spip.php?article577
et à Joachim Séné http://jsene.net/spip.php?article571
et, pour ajouter mon petit grain de sel, ne manquez pas l'index final, enfin presque l'index, ce qui est nommé "entrer dans le décor, s'y promener, en sortir), un peu pour revenir sur votre lecture, surtout parce qu'il est un poème à lui seul.
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Une formidable sémiologie contemporaine du grand magasin – et de bien d'autres choses – par la grâce d'une géographie urbaine dérivante et d'un imaginaire mobilisé.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/04/25/note-de-lecture-decor-lafayette-anne-savelli/
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Bien sûr, ce qui frappe avant tout, c’est l’espace réservé, le plus vaste du monde dit-on, trois mille mètres carrés pour les chaussures qui s’y déploient, c’est le mot. Aucun entassement, aucun empilement mais des modèles distingués d’un coup d’œil parce qu’on les hisse, bien séparés les uns des autres, sur des présentoirs circulaires.
Talons hérissés, les brides font des fouets solides.
Après les couloirs, les carreaux de faïence de la station de métro, c’est tout de suite le – 1, sans prendre par le hall. Pas de fenêtre : on entre dans une boule à facettes, se perd dans un labyrinthe dont les murs sont des fauteuils, banquettes, colonnes et miroirs, sentiers qui conduisent d’une marque à l’autre. Il y a là une boutique de cirage et accessoires divers, un comptoir où boire des jus de fruits, des cabines privées où l’on balance son pied nu, dodu, attendant la sandale qui coûte son mois de salaire à la vendeuse.
Pointe et cambrure, orteil rouge sang.
Massage sur rendez-vous.
Fait-on ici dans la demi-mesure ? Parfois. Mais c’est surtout le temple des panthères, des tissus tigrés, œillets ou paillettes on ne sait plus, fausse ou vraie fourrure on oublie, spartiates tressées dorées à boutons de nacre. On y trouve une chaussure de vair (un seul exemplaire à la vente) ; des souliers à rabot pour cou-de-pied trop fort ; à languettes mutantes, à lacets de cuir souple pour chevilles enchâssées.
À genoux.
Plie.
Et des escarpins d’astronautes.
La queue serpente il faut attendre sagement soi et sa carte bleue pour accéder enfin à ces salons privés. Surprise : le lieu, disent ses concepteurs, a été pensé comme une bibliothèque.
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C'est dans le magasin désert que le réalisateur la cadre finalement en entier. Là où personne n'a plus à faire, dans le luxe de l'espace retrouvé, du silence qui s'impose, Simone a tout loisir d'observer ce que, obnubilée par les clientes, les vendeuses, elle n'a pas eu le temps de détailler : les mannequins suspendus à deux mètres, les panneaux qui annoncent les soldes (les soldes... soupire-t-elle, et l'on sent qu'elle avait oublié jusqu'à leur existence), les indications et slogans, notes qu'on accroche partout ("raffinement, jeu de lumières, élégance et dentelles, twin-set, mousseline"). C'est le lieu qui nous parle, maintenant, tandis qu'en voix off Simone Signoret analyse ce qui la sépare de nous, les femmes quotidiennes. Ou plutôt des autres, ces femmes quotidiennes que nous ne serons pas.
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On imagine les parfums, le foulard, la bague. On n’en imagine pas davantage, ou alors le prix, la griffe en toutes lettres, l’intimidation qu’ils provoquent. Figés, évanescents, gainés dans leur XIXe siècle, sous la chape du XXIe, les grands magasins seraient-ils restreints à ces seules images ? Envisagés comme des espaces clos avec fondations, trouées vers le ciel, pourrait-on leur prendre, leur voler quelque chose ? Examiner ce qui circule dans les rayons, va-et-vient d’étage en étage, ce que personne jamais ne voit ? Apurer les comptes, ne conserver que cette trame : les souvenirs, l’entêtement ; les fantasmes du bout du monde ; leur peu de poids ; le temps perdu. Embusqué dans les angles morts, considérer l’inerte, les conditions d’embauche, les horizons d’attente, les sorties de secours.
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Absurde d’écrire sur les grands magasins.
Les grands magasins n’existent plus, réduits à des affiches, soldes, blanc, saint Valentin, Noël que les touristes chinois découvrent dans le métro, des flèches les guident jusqu’aux comptoirs où enfin quelqu’un les comprend, rez-de-chaussée caverne enclave voilà une coquille rassurante, droit devant voilà une hôtesse, rouge et velours, tapis soie verre, et cette femme-écrin, décor, paravent s’exprime dans leur langue, incarne dès l’entrée le chic, cette femme-secours envoie au monde entier les signes espérés (minceur, nez droit, cheveux qui tiennent seuls ou par la grâce du catogan), voilà les touristes moins inquiets, attendent, ils reçoivent de ses mains un sac, l’ouvrent, voilà les instructions, coupole, ascenseur, escalier à l’assaut crie le guide. Ils obtempèrent.
Les grands magasins se réduisent à un code, une police, une maquette. Ils ont des jambes qu’un logiciel étire, prolonge jusqu’au supplice, un minois de petit chaperon, une robe de fer forgé. Ils ne ressemblent à rien, leur identité visuelle parle pour eux, les dispense de nous inviter à entrer comme nous sommes venus, manteaux aux doublures déchirées, chaussures dont les talons marquent d’usure le parquet.
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Les grands magasins n'existent plus, réduits à des affiches, soldes, blancs, saint Valentin, Noël que les touristes chinois découvrent dans le métro, des flèches les guident jusqu'aux comptoirs où enfin quelqu'un les comprend, rez-de-chaussée caverne enclave voilà une coquille rassurante, droit devant voilà une hôtesse, rouge et velours, tapis soie verre, et cette femme-écrin, décor, paravent s'exprime dans leur langue, incarne dès l'entrée le chic, cette femme-secours envoie au monde entier les signes espérés (minceur, nez droit, cheveux qui tiennent seuls ou par la grâce du catogan), voilà les touristes moins inquiets, attendent, ils reçoivent de ses mains un sac, l'ouvrent voilà les instructions, coupole, ascenseur, escalier, à l'assaut crie le guide.
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Videos de Anne Savelli (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Savelli
Avec Husnia Anwari & Belgheis Alavi accompagnées de Kengo Saito (rubâb)
Nous, femmes poètes, nous n'avons d'armes que nos mots, de moyens de résistance et de liberté de parole que par nos poèmes, le plus souvent. Pour soutenir dans un élan solidaire les femmes afghanes qui sont, depuis longtemps déjà mais particulièrement dans le contexte actuel, réduites au silence dans leur pays, nous souhaitons faire entendre leurs voix : des landays de femmes pachtounes exilées ou appartenant au cercle littéraire clandestin de Kaboul, le Mirman Baheer, aux poèmes en dari de femmes souvent assassinées d'avoir écrit comme Nadia Anjuman à qui Atiq Rahimi a dédié son livre Syngué sabour. Pierre de patience. Pour que sur la scène emblématique de la Maison de la Poésie, toutes accueillies, nous puissions dire la force qui nous unit en poésie à travers le monde, un ensemble de femmes poètes françaises est en train de se constituer autour d'Husnia Anwari, journaliste franco-afghane et poétesse féministe, et Belgheis Alavi, enseignante chercheuse à l'Institut national des langues et civilisations orientales, qui liront sur scène accompagnées au rubâb par le musicien Kengo Saito.
Avec : Laure Gauthier, Laurence Werner David, Sophie Loizeau, Judith Chavanne, Véronique Pittolo, Rim Battal, Zoé Besmond de Senneville, Marie-Hélène Archambeaud, Sanda Voïca, AC Hello, Julia Lepère, Orianne Papin, Virginie Poitrasson, Anne Savelli, Marcelline Roux, Lika Mangelaire, Séverine Daucourt & Maud Thiria
Manifestation à l'initiative de Maud Thiria, organisée avec l'aide de Séverine Daucourt
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