Voltairine de Cleyre, Milly Witkop, Emma Goldman, Leda Rafanelli sont les visages féminins les plus connus de l'anarchisme.
L'Italienne Leda Rafanelli m'a intriguée chaque fois que j'ai croisé sa route au détour d'une lecture (Histoire mondiale de l'anarchie de Gaetano Manfredonia, Femmes de dictateurs de Diane Ducret…) et c'est avec grand intérêt que j'ai lu ce roman graphique qui lui est consacré. Son existence entre Occident et Orient, sa conversion à l'Islam, sa fascination pour l'Egypte, sa fidélité à l'anarchisme, son travail de romancière et d'éditrice, son amour pour son fils unique, et une carrière de cartomancienne à la fin de sa vie font de Lena une femme bien singulière. Elle ne fut pas femme à attendre qu'on lui accorde sa liberté, elle la prit et l'assuma jusqu'au bout en transgressant les lois sociales et les lois raciales dans une quête effrénée de connaissance et de savoirs partagés.
C'est en Egypte en 1900 que l'existence de Lena prit un nouveau tournant. Le Caire et Alexandrie abritaient alors une communauté importante de réfugiés politiques italiens. Elle fit sienne l'anarchie, adopta la culture orientale, et resta fidèle à ces deux passions en retournant dans son pays natal.
Il fallait bien trois auteurs pour restituer la folle existence de la « gitane anarchiste » dans ce roman graphique aussi original que l'objet de son affection. Les scénaristes ont obtenu l'accord des héritiers de la fantasque Leda pour glisser au détour d'une case des extraits de ses oeuvres. Le lecteur y trouve toutes les femmes qu'elle fut, l'amoureuse, la typographe, la journaliste, la militante, la soufi, la diseuse de bonne aventure, la curieuse polymorphe qui ne faillit jamais dans son combat vers l'émancipation. En se convertissant, elle choisit de prendre le nom de « Diali », "à moi même" , et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle le porta merveilleusement bien.
Je remercie les éditions Steinkis pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération masse critique. C'est toujours un plaisir de se laisser emporter loin des sentiers battus par des maisons d'édition courageuses.
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Je suis tombée par hasard sur cette bande dessinée à la médiathèque et j'ai été tout de suite intriguée par la vie de Leda Rafanelli, anarchiste que je ne connaissais pas, si bien que j'ai emprunté cet ouvrage sans hésiter.
Née en 1880 en Italie, Leda Rafanelli a vécu mille vies. Connue comme "la gitane anarchiste", elle a été femme de lettres, anarchiste, individualiste, épouse, musulmane, athée, féministe, anticolonialiste et partisane de l'amour libre... C'est cette vie - ou devrais-je dire ces vies - qui est racontée dans cette bande dessinée collective.
Plus d'un mois après ma lecture, je dois avouer que j'en conserve malheureusement un souvenir flou. La narration est assez décousue, ce qui ne m'a pas aidée à m'en souvenir convenablement.
Pourtant, je sais que Leda Rafanelli a eu une vie passionnante ! C'était une femme avec un fort caractère et des idées qui l'ont suivie jusqu'à sa mort en 1971, bien que certaines de ses valeurs se contredisent parfois.
Ce livre revient aussi sur la situation en Italie au vingtième siècle et c'était très enrichissant ! Je regrette de ne pas avoir conservé davantage de souvenirs de cette lecture, qui m'a donné envie d'en apprendre plus sur cette femme étonnante.
Une bande dessinée très intéressante qui raconte la vie d'une femme de lettres, anarchiste, féministe, individualiste et musulmane. Les illustrations sont belles et ce récit m'a donné envie de me pencher davantage sur la biographie de Leda Rafanelli !
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Une femme mystérieuse, passionnée, révoltée, assez extrême. Voilà ce que je retiens du portrait de Léna Rafanelli gitane anarchiste.
Cette italienne née à la fin du 19e a vraiment existé. Elle a été une figure de l'anarchisme et du journalisme, mais aura été également femme de lettres publiant des romans, taromancienne, aura eu de nombreux amants, amoureuse de l'orient, notamment l'Égypte et converti à l'islam. Femme puissante, qui ne se laisse rien dicter et veut vivre comme elle l'entend.
Ce roman graphique se veut comme elle libre de forme mais comme elle, (en tout cas comme je le ressens dans cette histoire) est difficile à suivre.
J'ai été à la fois captivée par cette femme et son histoire et à la fois totalement perdue, déjà par les hommes qui l'entouraient que je n'arrivais pas toujours à reconnaître puis par le côté un peu brouillon de l'histoire qui va du réel à l'imaginaire de cette passionnée. En suivant cette dame on suit l'histoire politique de l'Italie avec l'évolution de Mussolini qui était anarchiste avant d'être fasciste et qui côtoyait alors Léda.
Je sors de cette histoire à la fois fascinée car j'aime les personnages forts, qui cherche leur vérité et à la fois un peu fatiguée de ce tourbillonnement permanent.
Comme il est écrit "Elle aura eu mille vies en une "
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L'insoupçonnée vie de Leda Rafanelli nous est enfin contée, sachez-le. Et elle est à découvrir aux éditions Steinkis.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Dans Leda Rafanelli, la gitane anarchiste, la forme rejoint le fond. La protagoniste se révèle une touche-à-tout qui se redéfinit sans arrêt ? Alors soit, il en ira de même pour cette bande dessinée qui se réinventera à toutes les planches. Et c’est jubilatoire.
Lire la critique sur le site : BDGest
"Nos idées n'ont rien à voir avec l'argent de l'avare, conservé dans un coffre de peur qu'il ne soit volé, au contraire, elles sont comme la bonne graine qui doit être jetée dans le terrain à féconder pour qu'elle puisse se multiplier, fleurir, donner des fruits: Germinal!"
Leda Rafanelli, La grande maestra
« Comprendre pleinement la vie et la vivre sereinement, avec bonheur, dans une floraison de joie, dans une constante, intense et pleine affirmation d’amour, donner à la vie des fruits sains et offrir à tous nos frères à la fois affection et soutien, comprendre l’inévitable douleur et rester fort dans les luttes fatales, mais aussi conscient et serein. C’était la mission humaine, ainsi, aucune vie ne serait vécue en vain. » (Leda Rafanelli)
- Il n'y a rien de plus agréable au Monde qu'une conversation naturellement spirituelle vous ne trouvez pas ?
- Heu... Si, il me semble.
- Alors, vous imaginez combien cela me manque en ce moment.
- Leda, je te conseille de bien réfléchir : moi, les anarchistes, ici je n'en veux pas.
- J'ai déjà bien réfléchi. L'anarchie, c'est la liberté et l'amour.
-Que s'est-il passé entre vous ? Vous n'étiez pas amis ?
- Ce qui s'est passé? Le café on le boit... Sa saveur envahit la bouche... Il fait battre le coeur plus fort... Et quand la tasse est vide, elle n'a plus aucune importance.
(Page 105)