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EAN : 9782140341250
462 pages
L'Harmattan, Collection Historiques (31/03/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
Si l'on excepte Auray (1364) et Najerá (1367), les défaites françaises face aux Anglais, après Crécy et Poitiers, cessèrent avec le sacre de Charles V, roi du miracle, qui annula les conséquences du traité de Brétigny par la "recouvrance" des provinces perdues. Mais la brièveté de son passage sur le trône, l'évitement des chocs frontaux avec l'ennemi en bataille rangée, stratégie prudente, et des décisions malheureuses - confiscation avortée du duché de Bretagne, af... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Chers amis, sur ce livre que je connais forcément puisque je l'ai écrit, une fois n'est pas coutume, je n'en dirai pas trop : je vais laisser les historiens médiévistes dire ce qu'ils en pensent, et les revues historiques faire le travail de présentation et de promotion. Il m'aura fallu quatre ans pour le rédiger. Je trouve très naturel, cette fois, de laisser les autres parler de cet ouvrage, le plus long de ceux que j'ai écrits. Et le plus important à mes yeux. Il y en eut trois autres avant celui-là : T.E. Lawrence m'occupa longtemps (une trentaine d'années, mais c'était, pour commencer, évoquer un aventurier et un écrivain) ; Jeanne la Pucelle, ce n'était pas étonnant, cela me permettait de me faire connaître comme quelqu'un qui a vraiment son époque d'élection dans le Moyen Âge tardif ; Charles V comme premier Dauphin de l'histoire de France, duc de Normandie puis lieutenant au nom de son père et enfin régent, ce n'était pour moi qu'écrire l'avant-introduction de Charles V le Sage ou les limites d'un grand règne, où se concentre toute ma réflexion sur ce souverain et ce qu'il a pu faire : lui qui n'était pas un guerrier comme beaucoup de ses prédecesseurs sur le trône, mais un lettré et un homme très prudent quant à la manière de lutter contre des ennemis redoutables et qui préférait grignoter les positions tenues par ces derniers que leur opposer ses armées dans des batailles rangées toujours trop risquées, a tout de même réussi, grâce à son connétable du Guesclin et à son propre frère le duc d'Anjou à effacer la honte de la défaite cinglante et de la capture de son père Jean II le Bon par les Anglais à Poitiers et celle du désastreux traité de Brétigny et à récupérer le tiers du royaume qui avait alors été perdu par les Valois. Je ne m'auto-critiquerai pas, cette fois, pour laisser les historiens apprécier le regard que je porte sur ce roi, un roi que l'on aurait tout aussi bien pu surnommer le Grand. Alors, à tous ceux qui me liront, je souhaite une très bonne lecture. Puissent-ils y trouver quelques réponses aux questions que l'on peut se poser à propos de ce roi pas comme les autres et dont le règne dura juste seize ans.
Vous comprendrez, chers amis et chers lecteurs que je veuille laisser à d'autres le soin d'évaluer la qualité de ce travail. J'ai voulu que le dossier de Charles V le Sage soit revu de fond en comble et que soit enfin dit que son règne, pour réparateur qu'il ait été, fut bien trop bref pour empêcher que la guerre franco-anglaise commencée en 1337-1340 ne durât pas au moins jusqu'en 1453.
Je ne me suis pas livré à un exercice uchronique pour savoir quels miracles politiques et militaires Charles V aurait pu accomplir s'il avait vécu plus longtemps (1338-1380, soit quarante-deux ans et règne de 1364 à 1380) : j'ai juste constaté que malgré toutes les précautions qu'il a prises en vue de sa succession, la fragilité de son oeuvre est apparue post mortem avec les divisions entre ses frères et ses anciens conseillers, les Marmousets. Contre cela, il n'a rien pu faire et les Anglais ont largement profité de ces déchirements pour revenir en force en 1415. du coup, une guerre qui aurait pu ne durer que cinquante ans en a duré plus de cent.

François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019) et de Charles V ou les limites d'un grand règne (2023).
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Il s'agit ici du deuxième volume sur Charles V le sage. J'avais déjà fait une chronique sur le premier tome, que vous pouvez retrouver ici.

Lire un livre de François Sarindar-Fontaine est toujours une garantie de sérieux. Sa finesse d'analyse, sa rigueur, et son écriture, toujours très agréable, font que l'on tourne les pages de ce livre, ô combien instructif, sans s'en rendre compte. Comme je le disais lors de mon billet sur le premier volume, je ne connaissais ce roi que de nom. Depuis, en ayant lu une partie de sa vie, de 1338 à 1358, j'en ai appris beaucoup et je suis allée me renseigner. Mais rien ne vaut les talents d'un historien à la plume alerte pour en apprendre plus ! Nous suivons ainsi Charles V dans sa transition de régent à roi. Puis dans son désir de reconquête des territoires perdus. Enfin, nous en apprenons énormément sur son côté politique.

L'auteur ne se cache pas de nous donner sa propre vision qui ne va pas forcément renforcer celle d'autres historiens. Mais à partir du moment où celle-ci, et c'est bien le cas ici, est argumentée et étayée d'éléments probants, cela ne peut que nous amener à réfléchir. L'Histoire est en éternel défrichage et j'aime lorsque ceux qui essaient d'en sortir la substantifique moelle font preuve de témérité afin de faire avancer les travaux et les images, pour ne pas dire certains clichés, que nous pouvons avoir de personnages célèbres.

Toutes mes félicitations à François Sarindar-Fontaine ! Je me suis enrichie, une fois de plus, grâce à ses recherches, et j'ai vraiment pris du plaisir à cette lecture qui n'est en rien fastidieuse. Je salue ce travail qui lui a pris un certain nombre d'années et qui voit enfin le jour grâce à son obstination. Lorsque l'on sait que son intérêt pour Charles V vient de son enfance, cela force l'admiration. Un grand merci, très cher François, pour tout cela !
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J'ai toujours été impressionnée par la capacité qu'ont certains historiens à se consacrer à un individu particulier, en lui vouant toute son énergie et l'étendue des recherches le concernant. C'est d'autant plus vrai avec François Sarindar qui vient d'achever son second volume dédié à Charle V le Sage. Et quel ouvrage ! Dire qu'il est exhaustif serait encore minimiser le travail effectué sur ce roi, dont François Sarindar avait déjà exploré minutieusement la vie dans le premier opus, retraçant sa jeunesse : « Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent ». Avec « Les limites d'un grand règne » nous accédons enfin au règne du ce souverain mais avec une vision qui se veut aussi fidèle qu'objective. Si l'historien avisé s'applique à reconnaître les qualités de celui qui fut surnommé « Le Sage », il en relève aussi les faiblesses ou, du moins, rétablit une juste mesure dans l'étude de sa personnalité et de ses actes, dont l'admiration de Christine de Pizan, sa principale chroniqueuse, avait fait un sire parfait. Nous découvrons donc comment Charles V, peu guerrier dans l'âme, a su user de diplomatie et de stratégie pour éviter de ruiner la France tout en menant à bien une forme de reconquête contre les Anglais. Il faut dire qu'il avait à ses côtés un grand et fort héros guerrier en la personne de Bertrand du Guesclin. C'est d'ailleurs un des grands plaisirs offert par la lecture de cet ouvrage de retrouver ces grands noms ayant illustré cette période de la Guerre de Cent ans, tels que du Guesclin, le Prince Noir, le Duc Jean de Berry, etc… François Sarindar ne se contente pas de situer son roi dans le contexte de son époque mais établit les relations et les intrigues qui se nouaient entre tous ces individus, acteurs principaux de l'Histoire et chacun d'eux fait l'objet d'une attention particulière. le récit soulève parfois des interrogations sur le caractère et les intentions du souverain et, lorsqu'on en arrive à la défection du roi à l'encontre de du Guesclin, nous en suivons avec intérêt les causes et effets, sur des hypothèses toujours bien étayées. On peut ainsi découvrir à quel point Charles V était novateur dans sa démarche et que, malgré ses choix parfois discutables et une impossibilité d'établir jusqu'au bout ses desseins, il a su commencer à mettre en place des bases sur lesquelles Charles VII, en son temps, pourra s'appuyer.
Une chose est sûre, c'est qu'avec un biographe tel que François Sarindar, Charles V le Sage ne risque pas de sombrer dans l'oubli, grâce à cet ouvrage aussi instructif qu'agréable à lire.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque le conflit reprit, il était évident qu'à la suite des diverses "opérations extérieures" entreprises en 1364 dans un duché de Bretagne qui jouissait encore d'une relative indépendance, puis de celles qui furent effectuées en Castille entre 1365 et 1370, Charles V ne disposait pas pleinement dans le sud-ouest français de l'outil militaire qui pouvait lui permettre d'affronter l'ennemi anglais avec la certitude de pouvoir le battre ou, en tout cas, de parvenir à lui reprendre plus qu'il n'avait dû lui céder, même s'il avait pu profiter de l'accalmie offerte par l'envoi des Grandes Compagnies en Espagne pour commencer à remodeler cet outil. Les opérations en Bretagne n'avaient pas été couronnées de succès, c'était bien le moins de le reconnaître, et il avait fallu, en 1365, toute l'habileté politique et diplomatique du roi pour y rattraper, avec une relative souplesse, une situation largement compromise à la suite de la défaite d'Auray. De même, en Castille, la victoire, si elle sembla d'abord en voie d'être obtenue, se refusa manifestement à Henri de Trastamare et à Bertrand du Guesclin sur le champ de bataille de Najerá, et il fallut s'y reprendre à deux fois pour terrasser définitivement le roi en titre, Pierre le Cruel, qui, dans l'intervalle, devait perdre l'aide précieuse et le bouclier protecteur du Prince Noir. Effectivement, las d'attendre d'être récompensé de sa participation au triomphe de Najerá par des dons financiers et des cessions territoriales, et revenu affaibli physiquement et financièrement de son expédition en Espagne, Édouard de Woodstock ne leva pas le petit doigt pour aider Don Pedro dans la dernière manche et son absence favorisa sans doute le retour offensif d'Henri de Trastamare et des Français conduits par Du Guesclin en Castille et l'élimination finale et définitive de Pierre le Cruel à Montiel.


(Page 207).
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Matinée du dimanche 19 mai 1364.


Après une nuit, dont une partie avait été passée à dormir dans une chambre du palais archiépiscopal, ce qui n'avait pas empêché toutefois qu'il fît aussi un temps d'oraison - peut-être en méditant le texte du livre de la Sagesse (chapitre 9, du verset 1 au verset 18), où l'on pouvait lire la prière d'imploration pour obtenir la sagesse - et qu'il participât peut-être à certains des offices, Charles pénétra dans la cathédrale vêtu d'une chemise blanche et d'une tunique rouge recouverte d'une robe couleur brun foncé - la roba communis - et alors que Jean de Craon, archevêque de Reims, l'ayant accueilli, le bénissait, il gagna une cathèdre placée en face de celle de ce dernier. Pendant ce temps, Jean de Craon était allé au-devant de Pierre de Marcilly, abbé de Saint-Remi de Reims, lieu d'où l'on faisait venir processionnellement la Sainte-Ampoule, objet essentiel que l'on devait déposer sur l'autel avec les regalia : épée, sceptre, main de justice et couronne, qui venaient de l'abbaye de Saint-Denis, située dans l'actuel département de Seine-Saint-Denis et devenue la nécropole des rois de France.


(Page 106)
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Charles V avait clairement fait de son art de gouverner une affaire de conscience, et cette conscience n'était pas inquiète tant que le royaume de France devait faire la guerre aux Anglais. Avec Charles V, tout s'élaborait d'en haut, verticalement, même ce qu'il croyait être la justice à l'égard d'un peuple qu'il avait vu se révolter en 1357-1358. Il ne savait que trop que sa politique fiscale était lourde à supporter, et que cela ne s'expliquait que parce que l'on devait encore se battre. Mais, lorsqu'il vit s'achever la partie de l'œuvre de reconquête militaire qu'il estimait pouvoir accomplir et qu'il sentit son heure dernière approcher, Charles, qui ressentait le besoin de se mettre en paix avec sa conscience, fit le geste qu'il croyait devoir accomplir envers les "plus petites gens" du royaume : alléger les impôts, relâcher la pression fiscale exercée sur elles depuis tant et tant d'années (bas de la page 318- haut de la page 319).
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Le récit de cette mort édifiante, après lequel les biographes, comme interdits et perdus en admiration, peinent à écrire quelque chose de plus, est-il la fin de l'histoire ? Avec Charles, ce serait trop simple, et cette "scène finale", avant la tombée du rideau, paraît vraiment trop belle pour être totalement vraie, même si la sincérité n'est pas absente de ce morceau théâtral. L'image que le roi veut donner de lui, en cet instant ultime, semble tellement plus flatteuse que ce qu'il dut être très profondément en lui-même dans la réalité, que l'on a vraiment l'impression que le besoin d'illusion fut une marque constante de sa personnalité, obligé qu'il fut, dès le moment où il se fit sacrer, de jouer au roi idéal, celui qui allait donner sa légitimité à la lignée des Valois en réparant les erreurs de ses prédécesseurs, tout comme Louis IX avait illuminé la dynastie capétienne par son aura et l'éclat de sa sainteté.

(Page 421)
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Une fois que nous aurons définitivement fait abstraction de toutes les recompositions contemporaines et postérieures à son règne, très souvent synonymes de panégyriques, nous nous trouverons enfin devant un homme qui, confronté au réel, à montré qu'il savait prendre exactement le pouls de son époque et répondre correctement aux exigences de l'heure, mais que, plus attentif au présent que visionnaire, et enfermé qu'il était dans les affaires courantes, il n'a pas su entrevoir et relever correctement les défis du lendemain. Il a cru l'avoir fait, par les décisions qu'il a prises et qui auraient pu être suffisantes, si ceux qui ont poursuivi la tâche après lui, durant la minorité de Charles VI et puis au long des périodes de folie traversées par ce dernier, n'avaient pas été des requins ou des fauves.

(Page 14)
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