Toute chose est causée par d'autres choses, et il n'est pas aisé de comprendre les causes derrière une action.
C'est ce que montre bien Sapolsky en présentant les très nombreuses causes du comportement : les causes organiques, physiologiques, neurologiques, mais aussi les causes génétiques, évolutives, ou sociales. Toutes ces causes ne sont pas que des causes "étudiables", sinon je crois qu'il pourrait exister une infinité de causes à un comportement.
Ainsi, sans pour autant tomber dans le déterminisme total, l'auteur présente tel un professeur un ensemble de connaissances pour mieux comprendre le comportement humain.
Il n'existe actuellement pas encore de traduction française à ce livre, et j'espère qu'il y en aura une tant il s'agit d'un incroyable bloc de connaissances.
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Bien que le système dopaminergique soit similaire chez de nombreuses espèces, l'homme fait quelque chose de tout à fait nouveau : il retarde la gratification pendant des périodes incroyablement longues. Aucun phacochère ne restreint son apport calorique pour être beau en maillot de bain l'été prochain. Aucune gerbille ne travaille dur à l'école pour obtenir de bonnes notes pour entrer dans une bonne prépa pour intégrer une bonne école supérieure pour obtenir un bon emploi pour entrer dans une bonne maison de retraite. Nous allons même au-delà de ce délai de gratification sans précédent : nous utilisons le pouvoir dopaminergique du bonheur de la quête pour nous motiver à travailler en vue de récompenses qui viendront APRÈS NOTRE MORT – selon votre culture, il peut s'agir de savoir que votre nation est sur le point de gagner une guerre parce que vous vous êtes sacrifié au combat, que vos enfants hériteront de l'argent grâce à vos sacrifices financiers, ou que vous vivrez l'éternité au paradis. Il faut des circuits neuronaux extraordinaires pour neutraliser suffisamment l'actualisation temporelle pour permettre à certains d'entre nous de se soucier de la température de la planète dont hériteront nos arrière-petits-enfants. Fondamentalement, on ne sait pas comment nous, les humains, y parvenons. Nous ne sommes peut-être qu'un type d'animal, de mammifère, de primate et de singe, mais nous en sommes un de profondément unique.
Un jour, lors d'un concert d'orgue de cathédrale, alors que j'avais la chair de poule au milieu de ce tsunami sonore, une pensée m'a traversé l'esprit : pour un paysan du Moyen-Âge, ce devait être le son le plus fort produit par l'homme qu'il ait jamais connu, un son qui l'a impressionné d'une manière aujourd'hui inimaginable. Il n'est pas étonnant qu'ils aient adhéré à la religion proposée. Et aujourd'hui, nous sommes constamment assaillis par des sons qui éclipsent les orgues pittoresques. Autrefois, les chasseurs-cueilleurs pouvaient trouver par hasard du miel dans une ruche et satisfaire ainsi brièvement une envie de nourriture bien ancrée. Aujourd'hui, nous disposons de centaines d'aliments commerciaux soigneusement conçus qui procurent des sensations inégalées par les aliments naturels les plus modestes. Autrefois, nous avions des vies qui, malgré des privations considérables, offraient également de nombreux plaisirs subtils et durement gagnés. Et maintenant, nous avons des drogues qui provoquent des poussées de plaisir et une libération de dopamine mille fois supérieures à tout ce qui était stimulé dans notre ancien monde sans drogue.