Si tout le monde fut contraint de penser autrement, en sortant du cadre, c'est peut-être que ce cadre avait besoin d'être modifié.
Le balayage superficiel n'est pas un don étrange. C'est un faculté on ne peut plus humaine. On l'utilise à chaque nouvelle rencontre, lorsque l'on doit comprendre quelque chose en un clin d'oeil ou que l'on se trouve dans une situation inhabituelle. Si on y a d'abord recours par nécessité, on finit par s'y fier parce que c'est une méthode très efficace, qui donne d'excellents résultats.
"Tu te rends compte qu'avoir un problème d'alcool, c'est différent de boire puis essayer avec acharnement d'avoir une relation sexuelle avec quelqu'un. Montre aux hommes comment respecter les femmes, pas comment se calmer sur la boisson." (p.286-287)
Nous croyons pouvoir lire facilement dans le cœur des autres à partir d’indices infimes. Nous ne perdons pas une occasion de juger des inconnus. Mais jamais nous n’appliquerions ce traitement à notre personne, naturellement.
Notre conviction de connaître les autres mieux qu’ils ne nous connaissent – et de pouvoir discerner leurs manques (mais non réciproquement) – nous conduit à parler quand nous ferions mieux d’écouter, et à être moins patients que nous le devrions quand les autres expriment la conviction que ce sont eux sur qui l’on se méprend ou que l’on juge de façon injuste.
(Visualisez le visage de Marilyn Monroe. Voilà, vous venez de solliciter votre gyrus fusiforme.) En revanche lorsqu'ils regardaient des objets, [les sujets d'une expérience de Schultz] utilisaient une partie moins puissante et plus primitive de leur cerveau : le gyrus temporal inférieur. C'est parce que le gyrus fusiforme est beaucoup plus évolué que le gyrus temporal qu'on est capable de reconnaître une camarade de l'école secondaire qu'on n'a pas vue depuis quarante ans, et que l'on a des difficultés à repérer sa valise sur le tapis roulant de l'aéroport. [...] qu'ils regardent des visages ou des objets, les sujets autistes, pour leur part, ne sollicitent que leur gyrus temporal inférieur. Sur le plan neurologique, un visage n'est donc pour eux rien d'autre qu'un objet.
... on tient pour acquis qu'une émotion est d'abord et avant tout une expérience intérieure qui éventuellement se reflétera sur le visage. On croit que le visage exprime le résidu de l'émotion. Les recherches ci-dessus démontrent pourtant que l'émotion progresse également dans le sens opposé et qu'elle peut commencer sur le visage. Celui-ci n'est pas le tableau d'affichage des sentiments profonds. C'est leur associé à part entière dans le processus affectif. Voilà une considération qui a d'énormes implications pour l'interprétation des sentiments, motivations et émotions d'autrui.
Après le diner Moctezuma se joignit á Cortes et à ses hommes et prononça un discours. Le malentendu se créa d’emblée. A la façon dont l’Espagnol interpréta ses remarques, Moctezuma en vint à une conclusion stupéfiante : Il crut que Cortés était un dieu, aux termes d’une ancienne prophétie selon laquelle une divinité en exil effectuerai un jour son retour en arrivant par l’est, Moyennant quoi il offrit sa reddition à Cortés. Vous imaginez sans peine la réaction de l’Espagnol : cette ville merveilleuse était désormais la sienne.
Mais Moctezuma l’entendait-il ainsi ? Le nahuatl, la langue des Aztèques, comportait un mode référentiel. Un personnage royal comme Moctezuma s’exprimait d’une manière plus au moins codée, en fonction d’une tradition culturelle selon laquelle les puissants mettaient en évidence leur statut en usant d’une fausse humilité très élaborée. Le mot nahuatl désignant un noble, souligne l’historien Mathew Restall, est presque identique au mot enfant. En d’autres termes, quand il se disait petit et faible, un souverain de l’envergure de Moctezuma attirait subtilement l’attention, en réalité, sur le fait qu’il était respecté et puissant.
... l'excès de renseignements ne favorise pas la compréhension ; au contraire, elle lui nuit. Pour prendre de bonnes décisions, il faut filtrer.
Trop souvent l'être humain accepte d'emblée ses premières impressions, car il lui semble quasi impossible de maîtriser ce qui surgit de son inconscient. Alors qu'au contraire il peut agir sur le contexte de sa compréhension immédiate et, ce faisant, sur son intuition. C'est ainsi qu'on évite de faire des erreurs à la guerre, dans un service des urgences ou dans une voiture de patrouille.