L'auteur est né à Seraing dans la province de Liège et est un romancier, chroniqueur et essayiste belge d'origine italienne. Dans une interview récente du 23 juin dernier à la télévision belge (RTBF),
Giuseppe Santoliquido a déclaré : "Enfant, j'étais considéré comme Italien en Belgique et comme Belge en Italie."
La RTBF avait bien choisi son moment : le 75e anniversaire, jour pour jour, de la signature des "accords charbon" entre l'Italie et la Belgique et la naissance d'une communauté italienne en Belgique. le grand-père de l'auteur a fait partie des immigrés venus travailler dans les mines de charbon, qui se trouvaient essentiellement en Wallonie.
Cette réalité forme en quelque sorte l'arrière-plan du recueil de 3 nouvelles de Santoliquido, intitulé "
Belgiques" et paru à Hévillers en 2018.
La première nouvelle "De père en fils" nous conduit à Herstal près de Liège, où Collard gère avec son fils un garage. Si le garage, qui marche bien, n'offre à son propriétaire pas de sérieux problèmes, il en est bien différent du fils, Paul, qui représente pour son père un casse-tête quasi permanent. Paul, qui a 30 ans, est sujet à des troubles psychologiques qui nécessitent une assistance médicale et une aide pharmaceutique.
L'auteur réussit en quelque 35 pages à nous dépeindre de façon subtile la relation entre deux hommes en fin de compte plutôt simples de nature.
La seconde nouvelle, la plus longue de 51 pages, est la plus relevante pour caractériser la spécificité de la communauté italienne du pays wallon.
À travers le sort de 2 jeunes et de leur famille,
Giuseppe Santoliquido nous offre un tableau vivant des conditions de vie de cette minorité importante sur une plus longue période, couvrant une trentaine d'années. Une période allant de la phase des mines de charbon et d'une certaine opulence à la crise de ce secteur, en passant par le développement de la sidérurgie et aboutissant aux difficultés des entreprises sidérurgiques et leur rachat à bas prix par le milliardaire indien Lakshmi Mittal du Rajasthan. Une opération qui entraîne des licenciements massifs d'ouvriers.
Ainsi, le père du narrateur et celui de son pote perdent tout à coup leur emploi et son trop âgés pour se convertir. Pour le narrateur un signal pour faire de son mieux à l'école et pour son camarade le découragement et la chasse aux plaisirs : filles faciles, alcool et "poker trompeur" (le titre de la nouvelle).
La dernière nouvelle nous raconte l'histoire du jeune couple Yacine et Marylise au moment où notre pays est plongé dans la terreur des attentats-suicides du 22 mars 2016 à l'aéroport national de Zaventem et une station de métro bruxelloise, faisant 32 morts et 340 blessés.
J'aime bien l'écriture de
Giuseppe Santoliquido qui manie une langue précise et variée et qui dispose, en outre, d'un sens d'observation très bien développé.