Voila 10 ans que Drizzt a fui Menzoberranzan et renié la Reine Araignée. Il a trouvé refuge en Ombre-Terre mais la solitude le ronge ; ses rares contacts avec Guenwhyvar, son amie d'un autre plan, ne suffisent plus, il est en train de devenir un monstre sans coeur, un chasseur impitoyable.
Mais lorsque l'elfe noir surprendra une expédition svirfnebeline et la traquera jusqu'à la cité de Blingdenpierre, l'heure du choix aura sonné.
Ce que Drizzt ignore, c'est que la Maison Do'Urden va faire appel au plus grand don de Lolth afin d'envoyer Zaknafein, son défunt père devenu un zombie sans pitié par le biais du Zin-Carla, traquer le renégat qu'il est devenu en éliminant tout sur son passage.
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Quel tome bien rempli ! Là encore, impossible d'arrêter ma lecture, de décrocher de cet univers et des aventures de Drizzt, de ses compagnons ou des drows maléfiques de Menzoberranzan.
Car la structure en parallèle proposée par
R. A. Salvatore nous montre les deux tableaux séparés avec les liens qui les unissent. D'un côté, Drizzt va chercher et trouver des amis, de l'autre, Malice et son cadavre ambulant vont tout faire pour regagner les faveurs de Lolth.
On rencontrera, dans le désordre, un groupe de mercenaires drows prompt à changer de camp (même pendant la bataille), une cité gnomesque aux moeurs revigorantes, un rituel maléfique fort en surprises, des monstres divers et variés (dont les fameuses corbies kamikaze), des amis attachants et des ennemis détestables (saletés de poulpes mentalistes !), un zombie implacable aux soubresauts d'âme salvateurs jouant le rôle de nettoyeur (prenez-ça saletés tentaculaires !), et j'en passe.
Côté ambiance générale, c'est assez froid et fataliste quoi que réchauffé par de belles rencontres et de grandes surprises. L'amitié et la force de la fidélité façonnent Drizzt dans ce deuxième tome que je n'ai pas relu sans une certaine appréhension tant il m'avait attristé la première fois. Certains pleurent à la mort de Gavroche ou Valjean, moi je désespère du sort (c'est le cas de le dire) réservé au pauvre Caqueteur, pech transformé en porte-crocs ne pouvant être que le témoin impuissant de l'évolution de sa situation et de la perte de contrôle qu'elle engendre. Ça a un petit côté dégénérescence mentale inéluctable qui fait froid dans le dos. Bâtard de sorcier aux accents germaniques !
En résumé, une suite grandiose
(même si la traduction laisse parfois à désirer ; j'ai les deux versions à la maison, Fleuve Noir et Milady, et même si la première possède le défaut de couper dans le texte, au moins est-elle parfois plus claire...)