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EAN : 978B010IPMW02
(30/11/-1)
4.25/5   2 notes
Résumé :
AU PRÉSENT DU MONDE

Au commencement qui est dans toute fin
à l’espoir en tout commencement
aux longs quais sombres de l’absolu
à toutes les choses évanouies
à ton regard où s’est réfugié l’instant
à la nuit qui est un acte, à la lumière
à la vertu des lignes nues
à l’étranger qui marche vers le fleuve
à celle qui dort seule dans ses veines
au glaive du temps qui te prête sa mort
à t... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
je me présente au monde

En poésie, on n’habite que le lieu que l’on quitte.
(René Char)

je me présente au monde
à mes ombres mêlée
un cri suffit pour saluer la terre
le ciel et mon visage à venir

ici le soleil est de feu brûlant
je me présente au monde
qui depuis toujours oscille
au rythme des jours et des nuits

ici des pins plantent leurs aiguilles
dans une argile rouge
l’eau reste parcimonieuse
j’ignore encore ce qu’apporte le vent

je me présente au monde
à la mer offre mon premier regard
un poisson une main ouverte
préservent les habitants des maisons

ici les vagues sont messagères
du cerne mauve de l’horizon
sur la rive frangée dansent
leurs calligraphies d’algues et d’écume

mais les femmes du littoral
suivent des chemins de terre
personne jamais n’a voulu
apprivoiser le libre horizon

je me présente au monde
brillent par-dessus mon épaule
l’étoile neuve le croissant
demain encore le sirocco

une mèche noire colle à mon front
j’ai le regard des miens
l'arrière-grand-mère l'a reconnu
dans le fond des grands miroirs

assise aux feux de leurs reflets
drapée de chatoyantes étoffes
elle convoquait ses morts
depuis sa tombe s’est perdue

ici les sourciers de l’oubli
ne trouvent plus de puits
des jardins entiers s’effacent
sous la langue ensablée des oiseaux

la terre est lourde d’humanité
êtres et choses qui la parent
sont œuvres de l’ici et de cet ailleurs
que fixe le regard des morts

ici terre et pierre sont mémoire
les saints reposent dans une pénombre
propice aux enchantements
ici même les miracles sont discrets

en ce lieu premier
les corps devancent leur ombre
à quels mystérieux continents
renvoie le songe des yeux clos

je me présente au monde
ici l’être se libère
en découvrant le fil
au creux du labyrinthe

ici règnent tous les temps
les visages s’ajustent aux visages
et la distance finit
par nous confondre avec nous-mêmes

le temps est une lagune comblée
une langue de terre ressurgie des eaux
une montagne mythique éternelle et bleue
une colonne dressée face à la baie

ici meurent et renaissent les siècles
pour nourrir le désir des hommes
ils s’en vont pour mieux revenir
ici les absents n’ont jamais tort

car on ne part que contraint
ailleurs est ce miroir
où l’on quête une autre image
un chemin qui mène à sa propre histoire

ici la lumière est une mise à nu
il nous faut en retrouver la source
il nous faut décrypter le jour
incrusté de sel et de feu

ici la lumière est vivant pilier
du ciel à la crête aveugle des pierres
elle supporte le lent
déroulement de la nuit

et comme chacun s’inquiète
du retour des ténèbres
éclate l’ardeur des chants
que pacifie la joie

ici le désert aussi sculpte
un chant à sa mesure
que l’homme s’en va
cueillir de dune à dune

ici sont d’autres lois
sont la volière des mots
chacun choisit avec soin
celui qui l’émerveillera

ici chaque jour qui naît
rappelle au ciel ses serments
ici la terre a soif
de cette pluie d’étoiles

ici la réalité n’est visible
que pour l’œil du cœur
l’invisible nous hante
de ses images contrariées

ici la nuit baignée de lune
s’accorde aux êtres
je tente d’en saisir le cercle
se dérobe son visage martelé

tombé dans le ventre de la citerne
il tremble sur la noire surface
puis se dissout
je ne peux boire de cette eau

un coq chante en plein minuit
au matin qui ne sait rien des adieux
s’éveillent ces terres d’indolence
du secret d’un long sommeil

citerne où tourbillonnent les esprits
dans le patio des légendes
deux tourterelles de sable
prennent soudain leur envol
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territoires de l’ombre

nous ne sommes plus
au cœur des choses
dont chacune devrait
mener à l’essentiel

le monde nous demeure
fermé son bruit cache
un silence terrible

étrangers toujours
dans l’inquiétude
constante du lieu
nous ne guérissons pas
du vertige du temps

sous le portrait du soleil
ce que nous voyons
est ce qui nous regarde

et la mort
ce qui défait ce lien
entre temps et monde
---

sur les chemins de la vie
toujours en pensée
j’ai voulu l’apaisement

quelques livres un ami
l’amour d’autrui
la terre sous nos pas

le ciel au-dessus de nous
cercle de lumière

le poème
pour rythmer notre marche

comme le nomade vers l’eau
je marchais vers le printemps
dans un pays sans nom
parmi des hommes sans nom

j’allais parmi eux et ailleurs

j’allais de métamorphose
en métamorphose pour ne pas mourir
avant mon temps

entre les mots je cherchais un seuil
le Lieu je cherchais le temps vrai
un accord avec le monde

sur la rive opposée à mon âge
je distinguais l’enfance du soleil

la première énigme

les différents visages de la terre
ceux de l’homme

le grand feu sous le masque du jour
les signes du ciel et de la terre

la deuxième et la troisième énigme

je distinguais au terme de leur voyage
ceux qui m’ont précédée
couchés dans la silencieuse caverne

je distinguais des femmes sur le seuil
le geste lent de l’adieu
celui de l’accueil
(Amina Saïd, De décembre à la mer, 2001)
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le silence est en nous
qui sommes au bord du monde
comme suspendus au vide

(y aura-t-il toujours un poème
écrit de l’aile d’un oiseau
ou de la traîne d’une étoile
pour proposer une délivrance ?)

tu es au pays des ombres
je ne vois plus le soleil
le chant de l’invisible a envahi mon ciel

comme égaré entre deux mondes
un ange rit et pleure

plus que jamais absente
réfugiée dans la mémoire vive
je suis attente

plus que jamais la nuit se peuple
le jour s’étire à l’infini

plus que jamais le battement d’une aile
trace comme un rêve nu
la ligne blanche à l’horizon

plus que jamais
une profondeur se dévoile

le langage du silence
est tout ce qui nous reste

à pile ou face la vie
joue son règne éphémère

ne t’abandonne pas
à tant d'obscurité qui s'affirme

depuis le seuil j’attends
que de la pierre lancée
se ranime l’écho

pour que toi et moi de nouveau
partagions une même lumière
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enfant moi seule
me donnais la réplique
fleurissais la parole
de commencements complices
confessais le silence
longs jeux patients
où s’ordonnait le monde
vers le temps à naître
d’autres vers le temps mort
d’un même instrument
pinçant l’unique corde

dans quelle nuit obscure
s’en va puiser la mémoire
pour façonner nos souvenirs

survivant au temps
de quelles cendres éternelles
se relève l’oiseau-soleil
quels intimes voyages
fondent nos mythes illusoires

la vérité de l’âme
‒ l’insaisissable ‒
est dans le blanc du poème

la vérité du dire
dans son silence
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cœur instruit de silence
tout être a une histoire
et rêve d’un destin

suspendu entre ciel et terre
rattaché exclu
il se construit à force d’envols

toujours ailleurs il se cherche
redoutant la barque
aux sept rames
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Vidéo de Amina Said
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Martine Broda 0:32 - Sylvie Fabre G 1:57 - Maximine Lagier-Durand 2:33 - Amina Saïd 3:53 - Béatrice Bonhomme 4:17 - Hélène Dorion 5:15 - Alicia Gallienne
6:50 - Générique
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Références bibliographiques : Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010. La poésie à plusieurs voix, rencontres avec trente poètes d'aujourd'hui, sous la direction de Serge Martin, Paris, Armand Colin, 2010. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016. Alicia Gallienne, L'autre moitié du songe m'appartient, Paris, Gallimard, 2019.
Images d'illustration : Martine Broda : https://www.babelio.com/auteur/Martine-Broda/183879 Sylvie Fabre G : https://www.editionsunes.fr/catalogue/sylvie-fabre-g/ Maximine Lagier-Durand : http://editionsws.cluster011.ovh.net/wp-content/uploads/2011/04/Maximine.jpg Amina Saïd : https://fr.wikipedia.org/wiki/Amina_Saïd#/media/Fichier:Amina-Saïd_Hazam_(21e_Maghreb_des_Livres,_Paris,_7_et_8_février_2015).jpg Béatrice Bonhomme : https://www.southeastreview.org/single-post/poetry-by-béatrice-bonhomme-translated-by-emelie-griffin Hélène Dorion : https://www.lesoleil.com/2020/10/15/entretien-public-avec-helene-dorion-pour-donner-vie-aux-mots-4119980a99b2ea22baac03f17396a0e7 Alicia Gallienne : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/01/31/alicia-gallienne-etoile-filante-de-la-poesie_6027964_
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