On dit que lorsqu’on est sur le point de mourir, toute notre vie défile devant nos yeux. C’est faux. Quand on est sur le point de mourir, la seule chose qui subsiste encore, c’est la peur. Et c’est elle ton moteur pour avancer et te sortir de là.
Nous sommes la lie de la société si parfaite imaginée par Uriel de La Chapelle. La fange bruyante et pestilentielle qu’il tient à l’écart de sa superbe cité ; nous sommes parqués derrière des murs, comme des animaux. Nous sommes le désordre et le chaos, et je suis le plus fier de ses détracteurs. L’étendard d’une révolte sur le point d’éclater.
- Tu es prêt à plonger dans les vices de l'enfer, petit Ange?
- Qui te dit que je ne suis pas la Bête, le tentateur ou le diable, vil démon?
- Alors, entre dans cette pièce et laisse-toi dévorer par la luxure.
- Dante!
J'ouvre les yeux. La lumière blanche des néons grésillants me cueille et m'aveugle. Un mouvement dans l'air attire mon attention et l'instinct reprend le contrôle. Survivre ! C'est ma seule ligne de conduite. Passer la nuit, tenir jusqu'au matin. Hurler, frapper, me décharger de toute la noirceur qui m'habite. Elle est ma plus fidèle compagne, mon âme sœur. J'appartiens à la nuit, je lui suis loyal sous toutes ses formes. Je n'aime pas la lumière, elle me terrifie. Instigatrice de mes plus grandes peurs, je l'ai en horreur. C'est à cause de la lumière que ma vie s'est couverte d'un manteau de nuit.