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3,9

sur 3107 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
l'absurdité de la guerre, l'humanisme des personnages ressortent d'autant plus par la maîtrise de l'écriture
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Jean-Christophe Rufin est un raconteur d'histoires. Il n'utilise pas de phrases ampoulées, pas de méandres où l'on s'égare, pas de circonvolutions, pas de propos à double sens sujets à interprétation, pas de message hermétique, pas de prise de tête. Des phrases courtes, explicites, vivantes, armées. Un style simple, pur, élégant, racé. Il écrit des dialogues pour donner du relief et déroule son récit tranquillement, retenant ainsi l'attention du lecteur afin de ne jamais le lasser. du bel ouvrage qui invite toutefois à réfléchir.

Le collier rouge est inspiré d'une histoire vraie arrivée au grand-père de Benoit Gysembergh, ami de l'auteur, reporter photographe à Paris-Match, aujourd'hui disparu. Il raconte que son grand-père, au lendemain de la guerre 14-18, décore son chien un jour qu'il avait bu un coup de trop. Il défile dans son village avec l'animal décoré et se retrouve en prison.

Jean-Christophe Rufin interpelé décide d'écrire un roman. Il tient son personnage principal, Guillaume, un genre de briard « à l'allure de vieux guerrier ……..aux cicatrices témoignant de blessures par balles ou éclats d'obus ». Son maître va s'appeler Jacques Morlac. Il sera ancien membre de l'armée d'Orient, décoré de la Légion d'Honneur pour ses exploits sur le front Grec lors de la bataille des Dardanelles. Impulsif, écorché vif, rebelle il sera emprisonné dans un petit village du Berry pour avoir porté atteinte à la Nation.
Et puis deux personnages secondaires donneront du souffle et de la profondeur à l'histoire : Lantier du Grez, un juge militaire aristocrate, patient et attentif, chargé des interrogatoires et Valentine, militante pacifiste, au caractère entier, fidèle et impliqué, l'amour de Jacques Morlac.

Lors des interrogatoires, les échanges sont brefs, puis prennent corps, l'occasion pour l'auteur de nous conter certains pans historiques, de les rendre vivants bien loin des récits académiques. La mesure n'existe plus, en tous les cas elle échappe au lecteur. Nous ne sommes plus dans un fauteuil en train de lire, nous sommes au front. Les pages volent en éclats sous les obus. Ce que nous considérions comme des héros sont devenus des bêtes et nous rendons hommage aux chiens, véritables héros, seuls capables de fidélité.

Ecoutons Jean Christophe Rufin nous parler de son livre.
« C'est un petit hommage à ces chiens qui ont suivi leurs maitres. Il y en avait des centaines de milliers sur les tranchées. le combattant est un animal. Ce qu'on lui demande c'est d'être une bête, d'être d'une cruauté terrible à l'égard de ses ennemis. C'est tout le sujet du livre. Ce qui différencie l'animal de l'être humain c'est la fidélité. C'est toute l'histoire des guerres. La seule victoire, c'est aujourd'hui un siècle après, quand on a pu dépasser ça et faire alliance avec ses ennemis. On a dépassé notre part animale. Ce n'est pas un livre sur la guerre. C'est l'après-guerre. de la barbarie animale à la fraternité. »

Un roman court. Des relations humaines complexes mais décrites simplement. Un chien qui n'arrête pas d'aboyer. Un juge qui arrête de juger et met de l'ordre dans ses idées. Un héros qui n'en est plus un. Une nouvelle photographie de l'Histoire. Une histoire convaincante et réaliste. Une atmosphère très particulière. Une invitation à se remettre en question.

Peut se lire dès le collège à mon avis. L'auteur qualifie ce roman d'humaniste. Je ne peux que souscrire et conseiller cette lecture.
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Comme d'autres lecteurs l'ont dit, je n'osais pas, moi non plus, lire des livres de Jean-Christophe Ruffin. J'imaginais des livres métaphysiques, peu abordables. Mais ayant vu passer une critique sur ce livre, je suis allée lire les autres. À ce moment-là, mes préjugés ont sauté et je l'ai commandé. Merci à Babelio de m'avoir donné envie de le lire. Je me rends compte que je passe à côté de belles histoires en raison de barrières que je me mets.
En général, je n'aime pas les livres courts. Mais il n'y a pas un mot de trop et il ne manque pas une phrase. J'ai vraiment passé un très bon moment. J'ai été très attendrie par le chien, ainsi que par les deux personnages principaux : le prisonnier et le juge. Ce livre fait réfléchir mais avec simplicité. L'auteur nous y amène sans qu'on le voit venir.
Conclusion, j'aime beaucoup ce livre. Même si le sujet n'est pas doux, j'ai un sentiment de douceur. Je pense qu'il me restera en tête.
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« À une heure de l'après-midi, avec la chaleur qui écrasait la ville, les hurlements du chien étaient insupportables. Il était là depuis deux jours, sur la place Michelet et, depuis deux jours, il aboyait. C'était un gros chien marron à poils courts, sans collier, avec une oreille déchirée. Il jappait méthodiquement, une fois toutes les trois secondes à peu près, avec une voix grave qui rendait fou.
Dujeux lui avait lancé des pierres depuis le seuil de l'ancienne caserne, celle qui avait été transformée en prison pendant la guerre pour les déserteurs et les espions. Mais cela ne servait à rien. »

Le roman de Christophe Rufin (écrivain et académicien et ancien médecin humanitaire) se situe au lendemain de la grande guerre de 14 – 18. En 1919, en plein été, dans une bourgade du Berry, un héros de la guerre, fils de paysan, Jacques Morlac, croupit en prison. Il a gravement porté atteinte à la Nation pendant le défilé du 14 juillet et risque d'être envoyé au bagne. 

L'officier militaire, juge de son état doit décider de la sentence. Il se nomme Hugues Lantier du Grez. C'est un aristocrate. A ces deux personnages, s' ajoute un troisième en la personne de Valentine, jeune femme usée par le travail de la terre. Elle est bien trop instruite pour n'être qu'une simple paysanne. le fil conducteur de ce huit clos n'est autre que Guillaume, le chien du prisonnier. Il attend son maitre en aboyant jour et nuit. Sans le savoir, c'est lui la pièce principale.

« Cette histoire est basée sur un fait réel raconté par un ami, Benoit Gysembergh. C'est l'histoire de son grand-père, héros de la guerre. Il est décoré de la Légion d'honneur, raconte Jean-Christophe Rufin. Un jour, alors qu'il a bu un coup de trop, il décore son chien, défile dans son village avec son animal décoré et se retrouve en prison. »

Au travers de ce magnifique roman, l'auteur aborde la part animal en chacun de nous lorsque la guerre met face à face des hommes.

« Je crois que la vraie différence avec les bêtes, poursuivit le juge, ce n'est pas la fidélité. le trait le plus proprement humain et qui leur fait complétement défaut, c'est un autre sentiment, que vous avez du reste.
– Lequel?
– L'orgueil. »

« c'est un petit hommage à ces chiens qui ont suivi leurs maîtres, il y en avait des centaines de milliers dans les tranchées. Certains ont eu un rôle héroïque, explique l'auteur »

« Si les prétendus héros refusent les honneurs abjects de ceux qui ont organisé cette boucherie, on cessera de célébrer une prétendue victoire. La seule victoire qui vaille la peine est celle qu'il faut gagner contre la guerre et contre les capitalistes qui l'ont voulue. »

Je recommande ce livre qui se lit d'une traite. Qui se lit comme un appel à l'amour. L'écriture le rend émouvant. C'est vraiment un très bel hommage au pacifisme et au grand père de Benoit Gysembergh

Suite à ce bouleversant roman est né un film de Jean Becker sur l'absurdité de la guerre. 1919 : un héros de guerre (Nicolas Duvauchelle) est retenu prisonnier au fond d'une caserne. Devant la porte, son chien aboie jour et nuit. le juge militaire chargé de l'affaire (François Cluzet), un militaire de carrière aux convictions profondément ancrées, va finir par vaciller.

Claudia
Lien : https://educpop.fr/2022/12/0..
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Une écriture simple mais efficace.
Témoigange de guerre avec en fond une intrigue prenante.
Pourquoi est-il emprisonné ? Quel rapport avec le chien ?
On ne découvre la solution qu'à la fin du roman. ON reste donc en haleine tout le long.
Le rapport entre l'homme est l'animal est fondamentalement intéressent et particulier.
La fidélité passe en premier. le héros n'est pas le soldat mais véritablement le chien.
SPOILER :
IL sauve la guerre, sauve son maitre ... Son animalité, présenté comme inhumanité est mise en avant.
La fin est surprenante quand aux raisons de l'emprisonnement, mais finalement, la réponse est donnée dès la couverture du roman !!! Petite clin d'oeil dont je suis fan.
Le Happy end et l'histoire d'amour compliqué ne sont que fugace, mais ne gache absloument pas le plaisir. Bien au contraire, ca donne un peu de rebondissement à l'histoire

JE LE CONSEIL VIVEMENT !
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Je me suis intéressée au titre : le collier rouge en écoutant une émission littéraire diffusée sur la RTBF. J'ai craqué pour ce chien qui est le véritable héros de cette histoire. Bien sûr, il y a son maître emprisonné qui doit être jugé. le collier rouge vous prend aux tripes. Un beau roman sur le thème de la 1ère guerre mondiale.
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C'est le tout premier roman que je lis de cet auteur, mais je vais de ce pas voir ce qu'il a écrit d'autre car j'en ressors tout à fait époustouflée!
Plutôt court, le collier rouge est une perle qui forme presque un huis clos, alors que cela ne se déroule pas dans un seul lieu, un comble. Un magistrat militaire arrive dans le Berry peu de temps après la première guerre mondiale: il est envoyé en ces lieux pour prendre la déposition d'un héros de guerre accusé...et bien je ne vous le dirais pas, car la révélation vient à la fin, même si le secret est plutôt fragile tant ce livre avait fait parler de lui.
Qu'est-ce qui peut pousser ce vétéran à s'incriminer ainsi ? A refuser la porte de sortie facile proposée par le juge, à savoir incriminer l'alcool? C'est à croire qu'il veut être condamné!
Portés par une écriture simple et élégante, les personnages se révèlent attachant et le lecteur dévore, entraîné, séduit.

Un excellent roman à mettre entre toutes les mains!
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Eté 1919, dans le Berry, un homme attend le juge dans sa geôle. Dehors, sur la place, un chien aboie sans arrêt. Cet homme, héros de guerre, a reçu la légion d'honneur. Qu'a-t-il fait pour se retrouver là? Quel rôle a joué le chien dans cette histoire?

C'est un roman fort et touchant. La force de l'auteur est de nous en dire beaucoup plus que ce qu'il écrit. Son écriture simple et concise nous raconte et fait ressentir tellement de choses en si peu de mots.

Je l'ai tellement adoré que j'en ai conseillé la lecture à mon entourage et tous ont été unanimes : MAGNIFIQUE.
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Nous sommes en 1919.
Il fait une chaleur suffocante. Rien ne bouge.
Jacques Morlac est enfermé dans un cachot.
Le juge Lantier doit tenter de comprendre quel geste déraisonné risque de mener Jacques Morlac à une condamnation. Etrange face à face.
Un chien, au collier rouge, ne cesse d'aboyer devant la prison.

Absurdité de la guerre mais aussi héroîsme, orgueil, loyauté, courage, fidélité, font partie des thèmes abordés dans ce récit.
Un livre lu avec passion.
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Un gros chien marron à poils courts, sans collier, avec une oreille déchirée, aboie sans arrêt devant la caserne déserte d'une sous-préfecture du Bas-Berry où Jacques Morlac est détenu prisonnier. Un homme est chargé de sa surveillance. Nous sommes en 1919 et ce prisonnier militaire doit être interrogé par le Chef d'escadron Hugues Lantier du Grez, juge chargé de son dossier.
Comme il nous en a donné l'habitude, Jean-Christophe Rufin livre un nouveau roman très bien écrit et plein d'enseignements. La Première guerre mondiale est terminée mais « Personne ne pouvait avoir vécu cette guerre et croire encore que l'individu avait une quelconque valeur. »
L'auteur apporte un éclairage très intéressant sur le Front d'Orient, à partir de Salonique, des batailles oubliées ou méprisées. Morlac y était et Lantier n'hésite pas à parler des « planqués » en Orient… Là-bas, notre homme a même été décoré de la Légion d'Honneur pour un acte de bravoure exceptionnel, en 1917.
Au fil des pages, tout est dit sur les différents ressentis des soldats : « Pour l'homme des villes, l'arrière, c'était le plaisir, le confort, la lâcheté, en somme. Pour celui des campagnes, l'arrière, c'était la terre, le travail, un autre combat. »
Profitant de rares permissions, avant de partir pour l'Orient, Morlac, grâce à Valentine, a pu lire Proudhon, Marx, Kropotkine et d'autres auteurs encore qui lui ont ouvert les yeux et donné envie de fraterniser avec l'ennemi bulgare, inspiré par la révolution russe. Son chien qui l'a suivi là-bas, ne peut pas comprendre cela : « Il était loyal, jusqu'à la mort, courageux, sans pitié envers les ennemis. »
Au travers de leurs discussions, Morlac révèle le fond de sa pensée à Lantier : « La seule victoire qui vaille est celle qu'il faut gagner contre la guerre et contre les capitalistes qui l'ont voulue. » Allant au bout de ses idées, le prisonnier refuse tout compromis mais l'amour de Valentine aura raison d'une logique implacable et bornée. Pour l'auteur, les décorations récompensent la part animale des hommes alors que la fraternisation aurait justement redonné priorité à notre humanité.
Jean-Christophe Rufin a situé "Le collier rouge" près de Bourges, sa ville natale où il a vécu plusieurs années. Son roman précédent, "Le Grand Coeur" , se passait aussi en partie dans sa région d'origine puisqu'il retrace la vie mouvementée de Jacques Coeur.



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