Rufin s'aventure dans le genre dystopique.
Globalia est une sorte de 1984 inversé mais tout aussi totalitaire. Les Globaliens vivent dans des sortes d'immenses bulles surprotégées où tout le monde est libre de jouir de la société de consommation à outrance tandis que des canons à beau temps maintiennent une température toujours parfaite. Les progrès de la médecine et de la chirurgie esthétique sont tels que l'on vieillit pas. Les organes sont remplacés au fur et à mesure de l'usure. Les enfants, ceux qui ont vocation à prendre leur place, ne sont plus désirés par ces vieux qui visent à l'immortalité. Les quelques jeunes font peur par leur beauté naturelle.
Globalia est une démocratie totalitaire au nom de la sécurité qui doit être garantit à tous ces citoyens ... Euh non c'est pas ça des citoyens !... à tous ses consommateurs qui ainsi sont parfaitement libres de faire ce qu'on leur demande de faire pour nager dans le bonheur, c'est à dire d'acheter ces merveilleux produits qui défilent sur les écrans omniprésents. Les livres, les cartes de géographie et l'enseignement de l'histoire ont disparu : trop dangereux et puis à quoi sert de se cultiver quand on peut avoir à disposition toute sorte de choses merveilleuses et aller faire des treks en salle (là j'ai quand même halluciné) qui reproduisent de merveilleux paysages.
Ceux qui s'intéressent à autre chose, ceux qui doutent ? Ils doivent être fous, comment ne pas vouloir un tel monde débarrassé de toute difficulté. Ils mettent en danger l'équilibre social... faisons les donc passer pour des terroristes !
Pour que ça marche, il faut que les citoyens consommateurs sentent la nécessité de cette protection. Il faut donc les non zones (c'est-à-dire tout ce qui n'est pas dans les bulles) dans lequel vivent des exclus de la société de consommation globalienne. Il faut des terroristes qui menacent la sécurité, rendant ainsi souhaitée la "protection sociale" qui désigne ici des forces de sécurité.
Gobaliak, c'est une division du monde en deux : le monde du bonheur sécuritaire regroupant une série de territoires à travers la planète qui partagent le même mode de vie et les non zones qui survivent dans des conditions matérielles difficiles. Les non zones comportent deux catégories de population : les terroristes qu'il faut combattre, mais pas trop car il est important qu'il continue d'exister, et les victimes des terroristes ; des pauvres gens auxquels la généreuse
Globalia adresse de l'aide humanitaire, pour démontrer sa générosité afin que les citoyens consommateurs puissent continuer à consommer avec l'esprit tranquille et la conviction d'être du côté des gentils.
La société de
Globalia : c'est un peu le monde vu par la chaine d'un influenceur à la mode qui fait des vidéos depuis Dubaï persuadé qu'il est le roi du monde. Et le livre a été écrit bien avant!
Je n'ai pas dit grand chose de l'histoire, car la thèse prend plus de place que l'histoire des personnages, Baïkal et Kate. Ils ne se satisfont pas de ce monde et vont se trouver mêlés à toute sorte de manipulations.
Une dystopie est le moyen d'exprimer l'avenir craint pour le monde. Bien sûr nous voyons toutes sortes de traits et de travers de notre société : l'hédonisme égocentrique, la peur de la différence, la difficulté de regarder le monde dans sa complexité et ses nuances.
Espérons que nous aurons suffisamment d'esprit critique pour percevoir les nuances..