Une curieuse bande dessinée à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, et qui se veut un témoignage de la résistance yézidie face à Daesh en août 2014.
L'action se déroule dans les monts
Shingal (Sinjar en arabe), au Nord-Ouest de l'Irak, dans un territoire dont la responsabilité entre régime irakien et région autonome kurde n'est pas très claire. L'existence des Yézidis vient elle aussi compliquer la géopolitique de la région, ces derniers étant de langue kurde et souvent apparentés à l'ethnie kurde, mais dont la religion est le yézidisme, un monothéisme d'origine iranienne.
Début août 2014, les peshmergas, qui avaient juré de protéger les Yézidis au péril de leur vie, semblent disparaître dans la nature, laissant la communauté yézidie organiser tant bien que mal leur défense dans les montagnes, face à Daesh. Les moins rapides sont décapités pour les hommes, réduites en esclavage et systématiquement violées pour les femmes. Ceux qui sont parvenus à rejoindre les montagnes y souffrent de la soif, de la faim, et leur espoirs de survie s'amenuisent au fur et à mesure que le siège se prolonge.
Une aide leur parvient finalement, celle des YPG et du PKK, les unités combattantes kurdes de Syrie et de Turquie, qui parviennent à leur assurer un couloir pour s'enfuir en Syrie et échapper à Daesh, sauvant quelques 200 000 personnes d'un massacre déjà bien entamé, et défini par certains comme un véritable génocide.
Loin d'être une lecture plaisante,
Shingal est cependant extrêmement intéressante pour en apprendre plus sur les Yézidis d'Irak et s'attrister devant leur sort, qui a finalement été peu documenté jusque-là (j'entends par là une reconstitution minutieuse des faits, des batailles menées en août et des forces en présence...ou statiques plus loin). C'est désormais chose (bien) faite avec cette bande dessinée, dont j'ai également beaucoup apprécié le dossier venant s'ajouter à la fiction, et qui explicite la démarche de l'auteur lors de l'écriture du récit. Une agréable surprise !