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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Quel lourd secret cache-t-il
Sous tant de douceur
Moi, je sais qu'il est ce Roi en exil
Qui règne en mon coeur." Elton John, L'amour brille sous les étoiles.

Tanah est une petite fille de 9 ans, une princesse cachée derrière son père Agapito 1er, le Roi en exil.
"Avec son père, elle rit, elle rêve, elle s'émerveille. Loin-Confins: un diamant vert dans un écrin bleu cyan, ses plages infinies au sable immaculé, ses forêts d'essences précieuses..."

"Tanah aime son père, ses poèmes de fin du jour, les courses dans la jungle, la pêche aux écrevisses et aux crabes-pinçons, le marché de la Royauté et Sainte Gambade"...

Mais derrière le rêve, il y la réalité... Elle n'aime pas sa mère trop terre-à-terre, les mains dans la lessive, qui soupire et s'énerve quand Agapito 1er exagère...

Il faut un Dragon ou un traître dans tous les contes ! Mais, l'Assassin est le propre père de Tanah...
"Son père est là, coiffé de la couronne du gâteau des rois, armé de leur pelle à charbon. Il harangue hardiment la foule, l'exhortant à le suivre, à renverser l'usurpateur.
"Il est en chemise et chaussettes. Cul nu...!"

Tanah comprend enfin, que (Le Dragon) sa mère aime tendrement son mari, malgré sa folie et a essayé de l'aider dans ses crises...

"Si elles s'enfuient dans les rêves, ce soir
Dans leur folle ronde
Si le Roi leur dit "Au revoir!"
Elles seront seules, au monde"...
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Je m'étais régalé avec Bon rétablissement, La tête en friche, Vivement l'avenir et Dans les prairies étoilées. Voilà qu'une fois de plus, je suis tombé sous le charme !
Marie-Sabine Roger a réussi à m'emmener à Loin-Confins, sur les pas de Tanah, sa jeune héroïne qu'elle fait vivre magnifiquement dans ce roman aux pages parfois si dures.
Quelle imagination pour trouver tous ces mots tarabiscotés mais amusants ! Quelle idée originale d'avoir donné comme prénoms des noms empruntés à des îles de l'océan Indien pour les frères de Tanah : Tomelin l'aîné, Andaman et Nicobar les jumeaux puis Anjouan, Mohéli et Kerguelen !
Quant à la petite dernière, Tanah, la narratrice, elle a hérité du nom d'un îlot d'Indonésie, situé près de Bali. Qui a bien pu donner des prénoms pareils à ses enfants ? C'est leur père, avec la complicité d'un copain bossant à l'état-civil, en mairie, pour les faire accepter. La maman n'a rien pu faire pour l'en empêcher…
Ce père, justement, je n'apprendrai sa véritable identité que plus tard. À sa fille qui rêve en l'écoutant raconter qu'il est roi en exil de Loin-Confins, et elle une princesse, il lui dit s'appeler « Agapito Ier, souverain de Loin-Confins et contrées annexes, Patalin, Pétrassel, Macapète et Mouk-Mouk, Empereur honoraire d'Egastule et Mitard », excusez du peu !
Tout cela relève du merveilleux mais, au passage, quelques indices ne manquent pas d'intriguer. Malgré tout, je me suis laissé emporter par le côté enchanteur de l'histoire, comme Tanah… jusqu'au jour où… impossible d'en dire davantage.
Dans Loin-Confins, Marie-Sabine Roger ne se contente pas d'écrire une fable. Elle donne à voir la vie d'une famille modeste et le rôle essentiel d'une femme qui assume jusqu'au bout sa tâche de gardienne du foyer. Son mari se donne-t-il la meilleure place en distrayant sa fille ? Il faut aller jusqu'au basculement brutal de son histoire pour comprendre et savourer pleinement toute la profondeur d'un roman écrit avec autant de douceur que d'imagination.
L'amour d'une fille pour son père entraîne le lecteur jusqu'au bout de la vie avec les ravages de l'âge. Si Loin-Confins, royaume lointain situé dans l'océan Frénétique, comme l'affirme Agapito Ier, n'existe que dans l'esprit de ce père unique, Tanah n'oubliera jamais ses rêves de princesse.
J'ai été bouleversé par la fin de cette histoire et par cette femme qui ne laisse pas tomber ce père si cabossé, lui rend une part du rêve de ses neuf premières années.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Lorsque j'étais toute petite, mes parents m'affirmaient d'un ton péremptoire que la grande tour blanche et rouge sur laquelle clignote des lumières orange la nuit était la maison du Père Noel. Je la vénérais. Toute l'année j'imaginais en son sein la fabrication fastidieuse de cadeaux, le clignotement incessant comme preuve irréfutable d'une forte productivité. La voir au loin me faisait frémir. C'était ma Laponie à moi, mon pôle Nord, admiré depuis ma cité HLM. Mon oncle un jour les contredit, offusqué, me répliquant avec gravité et en chuchotant que c'était l'endroit où étaient fabriquées les oranges. Je l'ai cru aussitôt. Les deux coexistaient dans mon esprit. Les deux étaient la vérité vraie. Ça faisait, j'en conviens, une sacrée tambouille dans ma tête. Un Père Noël dans sa tour fabricant des cadeaux aux enfants sages et des oranges. Donc. Bon, j'étais très naïve, certes. Ah oui, la tour aux lumières oranges clignotantes était une simple tour des télécommunications. Je ne peux en voir une aujourd'hui sans sourire béatement. Je n'ai jamais oublié leur petit grain de folie, cette sorte de traitrise de la part de mes adultes préférés qui se moquaient de ma naïveté.

La vérité, c'est quand on croit nous dit Marie-Sabine Roger.

Ce livre m'a rappelé cette anecdote. Comment l'imagination des adultes, en l'occurrence ici celle du père, peut transformer la vie d'un enfant, la marquer à jamais et embellir un quotidien terne. L'enfant ne cherche pas à savoir si ce que raconte ses parents est réel ou pas. Les enfants sont pétris de foi. Il est vrai que dans cette histoire, l'imagination du père, et surtout sa folle poésie, aveugle la petite fille, la drape d'un amour fou, au point de l'éloigner de cette mère si terre-à-terre, si pragmatique. « Il met de l'utopie, de l'exotisme, du drame, saupoudre de piment un quotidien banal, quand sa mère voudrait les tenir tous deux à laisse courte, dans sa poigne solide ». L'un enchante, lorsque l'autre désenchante. L'un permet tout lorsque l'autre réglemente. le fruit d'un amour exclusif et d'une indifférence. Pense-t-elle.

Dans la famille Mollet, les enfants ont des prénoms d'îles et d'archipels. Tanah la petite dernière. Et les frères, devenus grands : Tromelin, Andaman, Nicobar, Mohéli, Kerguelen. Des noms de rochers les plus perdues de l'océan indien tout droit sortis de l'imagination du père. le père Mollet. Comme les oeufs. de beaux prénoms qui compensent quelque peu leur absence de beauté. Ils sont « laids comme le sont ces fins de race dont on voit les portraits dans les livres d'Histoire, lorsque la génétique trahit ouvertement les alliances consanguines et distribue à l'aveuglette prognathismes, hémophilies, troubles mentaux et autres royales miséricordes.

Seule fille de la tribu et petite dernière, ce père a trouvé en sa fille la seule et unique dépositaire de son terrible secret : il s'appelle en réalité Agapito 1er, souverain de Loin-Confins et contrées annexes, Patalin, Pétrassel, Macapète et Mouk-Mouk, Empereur honoraire d'Estagule et Mitard. Il a été renversé par l'oncle fourbe et traite qui a voulu le spolier, a été emprisonné, a réussi à s'évader, endurant mille sévices et aventures. le père lui raconte ce royaume paradisiaque, lui raconte l'évasion, puis la traque de l'Oncle, encore d'actualité, d'où le secret nécessaire. Il raconte parfois avec les larmes aux yeux la déchéance et le paradis perdu.

Quelle incroyable imagination déploie ce père pour sa fille, quel magnifique royaume il dépeint avec moult détails et noms exotiques, avec de fines descriptions de sa géographie, de sa faune et de sa flore, de son histoire. Nous sommes nous-mêmes sous le charme de cette contrée lointaine, île aux noms évocateurs et au climat tropical que l'on quitte non sans nostalgie :

« Là, tel un diamant vert sombre dans un écrin bleu cyan, se trouve Loin-Confins et ses hautes falaises, ses plages infinies au sable immaculé plus fin que farine impalpable, ses forêts d'essences précieuses, d'espèces endémiques, pins bleus de Pétrassel, cèdres centifoliés, Macapetus sempervirens, chênes rouges de Patelin, agapanthes Mouk-Mouk ».

Un secret qui tient à distance la pauvreté et la honte. Une île si éloignée de l'appartement triste et morne dans lequel la famille vit. Bloc de béton avec petits balcons aux rambardes vert moisissure, un vert si éloigné des dégradés de vert enchanteurs de la luxuriante île de Loin-Confins.

« Les sinistres culées du pont voilent leurs ombres noires d'une végétation touffue et dense, et grasse, de tous les verts possibles, de l'émeraude au vert de mai, du Véronèse au vert cyprès, du presque jaune au presque bleu, vert de vessie, vert céladon, vert de Hooker, vert de cobalt, vert pomme ou vert de haricot, vert de mafane ou de chouchou, jusqu'à ces verts fluorescents qui éclairent si bien l'Irlande. Elles s'ornent d'entrelacs de lianes et de branches serrées, cachent sous leurs feuillages sombres et vernissés des yeux dorés, des museaux frémissants ou des antennes fines, des dos laineux, épineux, emplumés. le pont lui-même n'existe plus mais, à sa place, elle voit, non, elle entend, la Grand'Cascade aux Ours. Son père lui invente une enfance sauvage, avec pour garde-fou ce simple préalable : ils vivent en exil, ils ne régneront point ».

Et nous lecteurs, de nous émerveiller à notre tour de ce que peut transmettre ce père, tout en sentant poindre un certain malaise…jusqu'au jour du chaos où elle devient d'un seul coup Princesse de nulle part, Fille du Roi de rien…

Ce livre démarre tel un conte et nous laisse entrevoir un monde magique, fantastique, un peu inquiétant, à l'image de la superbe couverture d'un bleu-vert onirique, un bleu-cyan trouble et crépusculaire. Un monde vers lequel voler pour fuir le quotidien. La coquille se lézarde peu à peu pour finir par exploser et nous montrer la tragédie d'une petite fille et la grandeur cachée d'une femme. Je ressors très émue par cette lecture. J'ai aimé la façon singulière qu'a choisi Marie-Sabine Roger de nous raconter cette relation entre ce père et cette fille, de nous faire entendre la voix de Tanah devenue adulte qui a désormais pris du recul, de nous montrer l'impact de l'imaginaire sur la construction de notre identité. C'est beau et triste à la fois…C'est profondément humain. Un immense merci à Sandrine (@Hundreddreams) de m'avoir donné envie de découvrir ce livre et cette auteure !

« La fécondité de l'imagination est une grâce ».
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Même si c'est peu probable, une ribambelle de frères étant nés avant elle, un jour, Tanah sera Reine... Pour l'instant, elle est une princesse, fille du Roi son père, Agapito 1er, Souverain de Loin-Confins et des contrées annexes, Empereur honoraire d'Ergastule et Mitard. Un père qui lui tisse, de sa voix chaude et lente, quelque fois ponctuée d'émotions, le fil à la fois dur et soyeux des généalogies. Notamment l'histoire de son père, Roi en exil spolié par un oncle indélicat, mais aussi celle du Royaume, ce paradis perdu et confisqué au milieu des immensités bleues de l'océan Frénétique. Depuis le balcon de leur quatre-pièces-cuisine, père et fille partagent un moment pourvu de tendresse, d'admiration et d'amour. Un moment que seule la maman de Tanah viendra interrompre, bien trop ancrée dans une vie morne et fade...

Elle en a de la chance, la jeune Tanah ! Auprès de son père, le Roi Agapito 1er, elle aura grimpé les pentes du pic Marche-les-Hauts, se sera baignée dans la rivière Blanc-Coton, se sera baladée dans les forêts d'essences précieuses de Loin-Confins et aura côtoyé des singes à plumes roses, des perrocatoès ou des vaches rouges... Tout cela grâce aux merveilleuses histoires contées sous un ciel d'étoiles, fussent-elles fictives. Des histoires fussent-elles habilement enchâssées dans un présent beaucoup moins rose... Et si Tanah, adulte, porte aujourd'hui un regard bien différent sur son enfance, elle en gardera tout de même un souvenir merveilleux et immanquablement inoubliable. Par un procédé habile, Marie-Sabine Roger, tout au long de la première partie, nous fait vivre un véritable conte de princesse jusqu'au jour où Tanah, alors âgée de neuf ans, découvre la vérité. Elle dépeint, avec force et tendresse, la relation entre Tanah et son père, au détriment de celle qu'elle ne nouera jamais avec sa mère, mais aussi le pouvoir de l'imagination, véritable refuge magique. L'enveloppe du rêve, la magie des mots et plus que tout l'amour d'un père feront de Tanah l'adulte qu'elle est aujourd'hui. D'une profonde poésie, d'une imagination débordante, ce conte onirique regorge d'émotions...
Tristement beau...
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« La vérité, c'est quand on croit ». Et elle y croit Tanah enfant, au rêve lointain que l'on aperçoit depuis le balcon suspendu aux étoiles, révélé à la torche d'yeux enchanteurs, par le conduit vespéral d'une voix de conteur, celle de son père, François Mollet. Euh non pardon, Agapito Porfirio Venustanio de Aguas de tieras de Islas y sus Alrededores, plus sobrement Agapito 1er le Légitime, roi de Loin-Confins et des contrées annexes, l'Empereur honoraire d'Ergastule et Mitard. Loin-Confins, un archipel mirifique au coeur de l'Océan Frénétique, dont son père a été déchu par le vilain oncle, et qui s'évertue désormais à rebâtir l'architecture sur les fondations d'une sémantique de mots qui « recréent les senteurs, chantent les clapotis, et exaltent la brise ». En exil permanent, il agrafe l'héritage féérique à la traîne de Tanah, dernière arrivée neuf ans après une fratrie de six garçons, sous le regard réprobateur d'une mère distante et bien trop réelle.
« Tire-toi d'ici Tanou ! Dès que tu pourras, promis ? » a beau lui sommer très tôt un des frères, Tanah préfère de loin son père le Roi qui « sème en elle les graines d'un délire onirique. »
Jusqu'à l'éveil, la honte, la révélation, à ces âges où l'on revisite son Père Noël. Car il n'y a malheureusement pas que le lointain suggéré dans l'archipel, il y a aussi la part de confinement et de destruction. Tanah devra se construire avec.
Chez Marie-Sabine Roger, l'amour est obstiné. Envers et contre tout, on retrouve la tendresse qui soude les fragilités et les rend plus fortes, de ses romans adultes précédents. La nouveauté dans celui-ci, ça semble bien être le grand-écart qu'elle réalise avec son oeuvre bâtie en littérature jeunesse, Loin-Confins y faisant parfaitement écho. Elle relie ses deux univers avec une maîtrise stylistique à la fois précise et poétique, tout en y interrogeant aussi en sourdine la construction de la romancière. On pourrait en effet questionner la part de réel dans ce magnifique roman. Mais ça ne servirait à rien. Tout y a été vrai, puisque j'y ai cru.
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Qui n'a pas rêvé d'une enfance peuplée d'îles paradisiaques, où on est roi ou reine, où on va pêcher dans une eau chaude et limpide, en traversant des endroits « beaux comme un rêve »…
Eh bien c'est l'enfance de Tanah !

Par la magie volubile de son père fantasque, elle est entrainée chaque jour dans un monde hors du temps, hors de l'espace commun et laid dans lequel vit sa famille. Cadette de 7 enfants beaucoup plus âgés qu'elle, elle se raccroche au monde merveilleux conté par son père et présenté comme réel. A neuf ans, on croit tout ce que son père raconte, n'est-ce pas ?

Et la maman, dans tout ça, quel petit rôle lui reste-t-il à jouer ?
« le père de Tanah, sans le vouloir vraiment, interpose entre mère et fille la puissance de ses rêves, cette immense poésie sans cesse réinventée. Il met de l'utopie, de l'exotisme, du drame, saupoudre de piment un quotidien banal, quand sa mère voudrait les tenir tous deux à laisse courte, dans sa poigne solide. L'un enchante, l'autre désenchante. L'un permet tout et l'autre réglemente.
Et, sans surprise, Tanah, comme tous les enfants, penche du côté de la séduction.
Elle préfère son père, parce que c‘est plus facile, et tellement drôle. »
C'est donc le premier grincement dans les rouages familiaux.

Le deuxième arrivera très vite, car nous apprenons que les « rêves » du père ne sont pas inoffensifs et le font tomber de son piédestal, où Tanah malgré tout tient à le remettre. Car la folie n'est pas très loin de la fantaisie.
Voilà donc le thème principal de ce roman qui m'a enchantée. On se glisse dans le coeur d'une petite fille et on est entrainé dans un engrenage qui, de sommets somptueux, nous fait dégringoler dans la réalité misérable, celle de la maladie mentale.

Je reviens de loin, des confins d'un monde tissé par cette orfèvre des mots, conteuse de merveilles, démêleuse de quotidien, déchiffreuse du mystère mental, cette magicienne qu'est Marie-Sabine Roger.
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Un récit qui commence comme un rêve merveilleux, un père raconte à sa petite fille leur royaume perdu, avec les noms magiques des lieux qui lui sont familiers.
Ils sont en exil loin de leur terre natale, Tanah est émerveillée par tout ce que lui raconte son papa.
La réalité qu'elle vit n'est qu'un pâle rêve à côté de ce que serait sa vie de princesse s'ils étaient toujours dans leur royaume.
Quand la vrai réalité chasse le rêve, l'enfance s'en trouve toute chamboulée et c'est un autre chemin qu'il faut parcourir pour arriver à l'âge adulte. Tanah se sera construite à travers les rêves de son père et adulte aura gardé ce goût du rêve qui aura bercé son enfance.
Très beau livre de Marie-Sabine Roger. Déjà avec La tête en friche et Bon rétablissement elle avait su me toucher par son écriture et sa sensibilité. Ici c'est un petit roman sur la construction d'un enfant et l'amour qui l'unit à son père, qui nous prend au coeur.
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Il était une fois, dans une contrée lointaine, un archipel bien nommé Loin-Confins ...
Agapito Ier le souverain est nostalgique et c'est les yeux emplis de larmes qu'il raconte à sa fille Tanah la tragédie. Victime de son oncle véreux, le grand souverain fut chassé, exilé loin de son peuple ...
Tanah est suspendu aux lèvres de son père qui chaque soir, sur ce balcon miteux de HLM, l'emmène par ces récits oniriques, découvrir ce jadis. Il lui enseigne avec minutie la géographie du paradis perdu et de ses contrées annexes : Patelin, Pétrassel, Macapète et Mouk-Mouk, la fougue de l'Océan Frénétique et les tumultes du fameux volcan de Grand'Montagne Chaude.
Ainsi grandit Tanah entre les merveilleuses histoires de son cher père et .... une mère ô combien différente : distante, absente et tellement ancrée dans cet affreuse réalité !

Derrière la façade du conte merveilleux se cache dans ce récit une toute autre réalité ...
J'ai beaucoup aimé la construction de l'histoire qui soulève bien des réflexions sur : l'enfance, les liens familiaux, la maladie ... Tanah l'adulte se souvient, démêle les noeuds de son enfance ...
Elle m'a beaucoup touchée dans sa volonté de comprendre, sa bienveillance et toute son humanité.
J'ai été totalement conquise par la plume poétique de l'auteure, en parfaite symbiose avec l'imaginaire. Une très belle plume tout à la fois tendre, incisive parfois et qui par petites touches bien d'osées colore l'histoire d'humour.
Un très beau RDV de cette rentrée littéraire qui mérite sa place !

Un « Il était une fois » dans lequel j'ai retrouvé avec une certaine émotion, mes 4 ans sur les genoux de mon p'tit Pa, me racontant de fabuleuses histoires dans une langue imaginaire créée rien que pour moi

Un grand merci à Babelio et aux Éditions du Rouergues pour cette très belle découverte !

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Bercée, émerveillée, captivée, hypnotisée, envoûtée, par les mots de son papa, Tanah, jusqu'à ses neuf ans, « les soirs de balcon », « les yeux écarquillés sur l'infini stellaire, larmoyants déjà dans l'air vif », embarque pour un beau voyage dans l'Archipel des songes.

« Et ses mots sont bien plus que des mots, ils recréent les senteurs, chantent les clapotis, et exaltent la brise. »

Elle est princesse, son père est Roi. L'imagination de son père est débordante, elle est si vraie dans l'esprit de Tanah. Il brode, il extrapole. Et tant pis si l'archipel extraordinaire de Loin-Confins ou l'océan Frénétique ne se trouvent pas sur une carte, si la lave de Grand'Montagne Chaude ne coule pas en apparence sur notre Terre, tant pis si une même histoire a plusieurs versions...qu'importe, les yeux de son père pétille de vie, d'amour ; ils sont un doux refuge pour Tanah.

« Elle devient réceptacle, calice, s'apprête à recueillir et garder à jamais ce trésor : l'exacte vérité. »

La poésie de Marie-Sabine Roger est un baume qu'elle passe sur un ordinaire bien terne, pour en adoucir les angles et le transformer en pays des merveilles.

La réalité est ce qu'elle est, il y a une face cachée derrière ces belles histoires, derrière ce conte enfantin dans lequel Tanah s'épanouit, enfant : il y a la douce folie d'un homme, dévastatrice.

Il y a l'amour aussi. Celui d'une femme pour son mari, un amour sincère qui lui évitera de s'enfuir. « Il en faut du courage, et de la dignité, pour enluminer d'or la tristesse et les drames. » Celui fou d'une fille pour son papa, son héros et vice versa. Celui d'une mère pour sa fille, peu perceptible celui-ci. Pour préserver peut-être le cocon, épargner, soustraire son enfant de l'inévitable. Espérer peut-être qu'il n'y aura pas de rechute.

Je reviens d'un beau voyage, empli d'émotions, de beautés, de rêves, de magie, de tumultes aussi, un peu de vraie vie. de ces tumultes, de ces fragilités qui nous font grandir.
Merci Marie-Sabine Roger.

« Ils ne sont pas si nombreux, dans une vie, ceux qui saupoudrent de paillettes le lavis gris du quotidien. »

Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Loin-Confins, le pays des rêves que la réalité n'atteint pas, loin dans une folie plus belle et épanouissante qu'une vie quotidienne terne.
C'est là que le père l'emmène le soir, tous deux assis côte à côte sous la voûte céleste. Tanah est une princesse puisqu'elle est la fille du Roi Agapito Ier, « Souverain de Loin-Confins et des contrées annexes ».
Les grands frères ont tous quitté le domicile familial. La mère est occupée aux tâches ménagères et aux repas et ne voit pas d'un bon oeil cette envolée imaginaire entre son mari et sa fille. Cela fait quand même neuf ans que Tanah vit chaque soir dans l'attente d'en connaître toujours un peu plus sur ce fameux royaume. Son père en parle tellement bien !
Pourtant, un jour, Tanah quittera l'enfance.

Encore un merveilleux roman de Marie-Sabine Roger.
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