C'est un roman noir, âpre, d'une violence crue, parfois insupportable. C'est le roman des cités où sont parqués ceux que la société ne veut pas voir. The Wire (sur Ecoute) à la sauce bleu, blanc, rouge. La Cité des Pigeonniers se dresse depuis plus de trente ans en banlieue parisienne, loin du centre ville, comme une tumeur externalisée par un corps qui veut continuer à vivre tranquille, sans histoire. Trafic de drogue, gangs, violences de toute sorte, solitudes mais aussi histoires de familles, d'amitiés, d'amours et de réussites, forment la trame narrative. On y suit le parcours de quelques jeunes, chacun suivant sa trajectoire, sans boussole, ou mode d'emploi, pour vivre dans un espace fermé, sans connexion avec l'extérieur en dehors de la « Très Grande Surface ». Au début du roman, qui fait suite à
Dans les Cités, paru en 2011, le projet de rénovation des immeubles entre dans sa phase active. La question se pose alors de faire partir les habitants en évitant les conflits. Mais tout ne se passe pas comme prévu, les expulsions traînent, la tension monte, d'abord imperceptible, puis palpable, jusqu'à l'explosion finale.
Il y a une énergie folle dans ce roman, un langage visuel étonnant et des phrases qui claquent et résonnent. Une littérature de fin de civilisation où les trajectoires se croisent et s'entrecroisent, se heurtent et se disloquent, à l'image de ces jeunes dont l'univers se réduit à la taille des murs de la cité. Pas de jugement, juste un constat : les cités, laissées en déshérence, sont devenues des lieux de non-droit. Mais, grâce à un tour de force étonnant, l'auteur arrive à nous rendre presque sympathiques ces personnages qui mettent toute leur intelligence au service de trafics en tout genre. Derrière eux se cache une humanité en souffrance. Un livre qui ne laisse pas indemne.