La
Marie-Hélène Lafon du prétoire.
Quelles correspondances entre ce roman passionnant furieusement urbain et l'univers résolument rural de l'auvergnate écrivaine m'ont conduit à cette comparaison loufoque ?
Le format d'abord… Court mais dense.
Le style ensuite : des descriptions précises, un sentiment d'intimité qui s'instaure immédiatement avec chacun des personnages sans pour autant que l'auteure n'abuse d'effets faciles ou de coupables emphases. La chroniqueuse judiciaire du Monde, connait les arcanes de l'institution mais ne tombe pas dans le piège de l'experte.
Enfin et c'est sans doute ce point qui est le plus important, sous l'apparente banalité d'une affaire de justice qui n'a rien d'un procès du siècle, une réflexion approfondie sur des problématiques complexes. Grâce à
Pascale Robert-Diard et à ce « cas » qu'elle expose avec une remarquable neutralité, les lecteurs s'interrogent sur l'influence des débats publics souvent très médiatisés sur les différents acteurs de la justice mais aussi sur les répercussions de ces mêmes débats sur les parents et les adolescents. Tour à tour ou de façon chorale, les différents points de vue, juge, avocat, procureur, parent, victime, accusé, conduisent à nous défaire de nos idées reçues, de nos légitimes indignations en nous gardant de toute explication simpliste. Comme dans «
Article 353 du code pénal » de
Tanguy Viel, il apparaît qu'une décision de justice, fragile mais indispensable recherche d'une vérité, n'a pas seulement vocation à sanctionner, elle doit aussi réparer et surtout servir d'exemple.
«
La petite menteuse » nous rappelle la difficulté de ce verbe aussi simple à prononcer que délicat à expliquer : juger. Un verbe que
Pascale Robert-Diard conjugue au plus beau des temps, celui du présent de l'humanisme.