Au départ, j'avais œuvré avec passion et puis, un jour, travailler avait signifié guerroyer et survivre.
« Mes actes s’associaient à une lumière et une odeur. Ils ne ressentaient plus de pesanteur, n’avaient plus d’utilité ni d’impératifs. Personne ne me commandait. Je vivais à l’instinct, à l’air libre, je devenais élastique. Mon cou et ma nuque d’ordinaire si raides se débloquaient et s’assouplissaient. À force de ne manger que du melon et des tomates, je mincissais à vue d’œil. La renaissance n’est jamais qu’une version édulcorée de la disparition. (…) Perchée sur les rochers encore chauds face à la mer diaprée du soir ou nimbée dans l’odeur des immortelles au petit matin, je me sentais fauve, bête rescapée d’un grand incendie, assoiffée de vie. Sur cette île, je me réjouissais de constater que les continents gris étaient loin, à la dérive. Un seul état de fait comptait : j’étais là, cachée. Noyée dans le jaune et l’orange, auréolée d’un doré discret. Plus proche du soleil que du continent. »
Si on ne se bat pas pour conserver ce qui est beau et qui ne rapporte pas d'argent, on le perdra assurément.