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Nous savons tous que demain est un autre jour mais le jour avant le lendemain ?
Dans ce court livre, traduit du danois par Ines Jorgensen, ce magnifique roman de Jørn Riel nous emmène dans un long et captivant voyage, rythmé par les saisons, au sein d'une communauté Inuit.

Dans le Nord Est du Groëland, c'est le printemps, et celui-ci a été généreux par rapport aux calamiteuses années précédentes (disparition du renne, diminution des phoques… famine, froid) et les tribus s'entretuent.
Cette année, le temps est favorable, la chasse, la pêche ont été bonnes : c'est une année de savssat (chasse fantastique).
Les réserves pourraient permettre de recevoir si des visites inattendues se présentaient .
Et cela va être le cas : à Igmusuk, la tribu de Katingak reçoit celle de Kokouk.
Après le temps des rencontres et des retrouvailles, des festivités et des mariages, des alliances, vient celui de penser au camp d'été : ensemble ils choisissent les rives d'un fjord plus au Nord, en face Kerkertak.

Peu à peu ce n'est plus au sein de la communauté que l'histoire s'enracine mais au coeur d'une relation entre deux êtres, celle de Niniok et de son petit-fils Manik.
Après avoir découvert les coutumes de ce peuple nomade, nous rentrons dans leur intimité et leur spiritualité grâce aux liens très fort qui unit Manik à sa grand-mère et grandit : nous découvrons la cosmogonie, les mythes et légendes de la tribu.

Pour des raisons inhérentes à la survie de la communauté, Ninioq et Manik s'installent sur un îlot proche du nouveau camp d'été afin de préparer les viandes pour la saison d'hiver.

Le talent et la force de l'écriture de Jorn Riel pour conter cette histoire, imaginée à partir d'un fait réel (mise à jour d'ossements, crâne d'une femme adulte et squelette d'un enfant sur un îlot du Groënland dans les années 70), réside dans la restitution authentique de la vie quotidienne des Inuits couplée à l'expression de leurs questionnements universels sur la vie et la mort, notamment à travers la parole de l'aïeule Ninioq.

Ninioq une vielle femme au crépuscule de sa vie, tourmentée et inquiète pour les siens :
« Tout avait changé et continuait à changer. Si la mer, le ciel et les montagnes étaient tels qu'ils l'avaient toujours été, si les hommes continuaient à naître et à mourir, elle ressentait pourtant intensément que tout était en décomposition, qu 'elle et sa tribu étaient en train d'abandonner la vie qui avait toujours été celle des hommes. »

Cette arrière saison de Nanioq sera illuminée par la joie d'initier Manik aux apprentissages élémentaires d'un jeune Inuit : chasse aux phoques, navigation sur kayak, rituels et offrandes à accomplir pour chaque vie prélevée…
Dans quelques temps Manik sera prêt et fier de retourner au près de son père Kantingak afin que Nanioq raconte et témoigne de ses exploits et il pourra alors changer de nom et emprunter celui de son vaillant grand-père Attungak.

Bientôt la clairvoyante et visionnaire Nanioq pressent que les limites du monde connu, son monde, se rétrécissent. le petit nuage en forme de lentille aperçu au dessus de l'inlandsis est le signe annonciateur d'un coup de vent violent, le Piteraq, précurseur d'une tempête encore plus violente.

Le jour avant le lendemain sera-il le jour avant l'innommable ?
Le crépuscule d'un monde et l'aube d'un autre.

Un message chargé d'humanité, de sagesse et de philosophie.

Une écriture fluide, une lecture émouvante et bouleversante.
Surprise, j'ai été harponnée par ce petit bouquin qui a tout d'un grand.
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Après deux tomes de succulents racontars, je retrouve Jorn Rien dans un registre plus grave mais non moins captivantant.
Le jour avant le lendemain emmène le lecteur au sein d'une communauté Inuit du Nord groenlandais. Vers quelle époque? Ancienne, peut-être, d'après certains indices semés parcimonieusement par l'auteur.
Chasse, pêche et fêtes animent cette tribu de milieux hostiles à la si courte belle saison. Cette tribu à l'indispensable et longue tradition de transmission orale de l'histoire et du savoir.
Et puis, le récit de Jorn Riel prend un autre tour triste et plus profond, mais aussi passionnant, avec cette prison d'hiver de l'ïle de Neqe sur laquelle Ninioq et son petit-fils Manik se retrouvent seul au monde.
... de l'immense Jorn Riel, à lire sans faim et sans fin.
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Histoire tragique chez les Inuits
*
Ce court roman d'un auteur danois m'a été pioché dans le cadre du challenge Pioche dans ma PAL.
J'ai toujours été subjuguée par les récits nordiques. Rien de plus authentique quand ce roman a été écrit par un homme qui a vécu réellement dans les endroits qu'il décrit. Jorn Riel a passé 16 ans au Groenland. A travers son expérience et ses observations, il a concoté environ une vingtaine de récits. Notamment sous forme de nouvelles "racontars arctiques" ayant souvent pour héros des trappeurs insolites et déjantés.
*
Dans cette fiction - qui n'en est pas pas vraiment une, puisque inspirée par la découverte de deux crânes sur une île groenlandaise dont l'auteur a imaginé une histoire mystérieuse - la vie et la mort se côtoient de très près.
*
Vers 1860, une dernière tribu du nord-est du Groenland essaie de survivre. La vieille narratrice, pratiquement au couchant de sa vie, propose de garder le fruit de la pêche sur une île inhabitée. Accompagnée de son petit-fils, elle profite de ce temps pour la réflexion et l'analyse de ses souvenirs. Mais un drame survient....
*
L'immersion est totale avec cette description minutieuse du quotidien des Inuits à la fin du siècle dernier. Tout d'abord avec les traditions très ancrées de cette communauté nomade, ensuite avec la spiritualité et les légendes qui en découlent, le récit peut être considéré comme valeur ethnologique.

Un roman chargé d'émotions avec une narration forte et vibrante. C'est rude, presque magique, empreint de fatalisme (si on se place du monde occidental), et plein de sagesse (notamment quand les Inuits placent l'animal à l'égalité de l'être humain).
La fin est tragique mais saupoudrée d'humanité et surtout de respect envers la Nature.
*
Dépaysant et poignant.
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PS: le livre de l'édition Gaia est de surcroît très joli dans ses feuillets roses.
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Une page s'est refermée sur la nuit des temps. Ninioq a emporté avec elle Manik, son petit-fils. Ils étaient les seuls survivants d'un terrible désastre. Mais jusqu'au bout et guidés par leurs liens étroits et leur amour, ils ont combattu, ils ont vécu, ils ont appris.
Quelle puissance contient ce petit roman. Petit par la taille. En cent quarante pages, l'auteur nous enseigne une leçon de vie. Et quelle leçon !

Un petit livre mais un riche documentaire sur la vie des Inuits à la fin du XIXe siècle, une étude ethnographique très approfondie. Une découverte des conditions de vie difficiles de ces habitants du grand Nord, de leurs us et coutumes très étonnantes aux yeux de la lectrice que je suis, de leur respect pour la nature environnante.

Une lecture très dépaysante.


Ninioq est au crépuscule de sa vie. Elle sait que bientôt elle devra quitter sa tribu. Mais avant de partir, elle accepte une dernière mission, celle de faire sécher le poisson et la viande sur la petite île de Neqe, pendant que les autres cherchent un campement pour l'hiver. Son petit-fils Manik l'accompagne. Tous les deux sont très proches et Ninioq lui enseigne tout ce qu'il doit savoir : la chasse, le kayak, le maniement des armes, les esprits, l'histoire de sa tribu...
Mais Ninioq est inquiète. Quelque chose d'indéfinissable rôde. Pourquoi les autres ne reviennent-ils pas les chercher ?
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Ce court roman est d'une densité incroyable. L'auteur nous fait découvrir avec talent les croyances et les meurs des anciens Inuits et surtout leurs conditions de vie (l'histoire se déroule il y a plus de 100 ans, au 19ème siècle sans doute). Il commence par nous faire découvrir une tribu par les yeux d'une vieille femme, Niniok, qui raconte et se souvient d'épisodes passés de sa vie. Nous faisons connaissance avec de nombreux membres de la tribu et partageons leur quotidien. Et la vie est rude au Groenland, dans un univers hostile où l'homme se transforme vite de prédateur en proie ! Les Inuits respectent l'univers qui les entoure et se soucient de l'âme des animaux qu'ils chassent, ils sont à la fois très rudes et chaleureux. A la fin de l'été Niniok se retrouve avec son petit-fils Manik sur une île isolée, idéale pour faire sécher la viande. Pendant ce séjour les liens entre eux se renforcent, Manik apprend beaucoup, aussi bien sur le plan spirituel que dans le domaine des savoir-faire. le lecteur apprend lui aussi énormément, et pourtant le style reste toujours très vivant. La fin est si triste et si poignante, le récit de Niniok était empreint de tant de douceur que, même si je voyais venir le drame, je ne m'attendais pas à une fin si émouvante et si tragique. Cette lecture fut une triste et très belle découverte dans le cadre du challenge Solidaire. A lire absolument !
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Lors d'un séjour dans le nord-est du Groenland, Jorn Riel, écrivain danois, trouva un crâne d'une vieille femme, les restes d'un squelette et d'un crâne d'enfant. Tout près, il découvrit également dans une grotte une figurine en corne de boeuf musqué et un poinçon de couture.
Cette découverte l'a interrogée et l'a amenée à imaginer ce qui a pu arriver à ces deux êtres et à rédiger cette fabuleuse histoire.
Ouvrir un livre de Jorn Riel, c'est plonger au coeur de la culture inuit, de leurs traditions et de leur vie quotidienne.
Dans le jour avant le lendemain, on suit l'histoire de la vieille Ninioq qui est partie initier son petit-fils Manik au séchage du poisson et de la viande afin que leur tribu puisse avoir des réserves pour l'hiver. Ce duo attachant avec les réflexions du petit Manik et les réponses de la grand-mère Ninioq nous apporte des éléments sur la culture, les croyances, les légendes et, les rites Inuits. Ce moment sera initiatique pour le jeune Manik qui rêve de devenir un grand chasseur.
Toutefois, quelques temps plus tard, personne de la tribu ne vient les chercher. Ils décident de revenir par leurs moyens au campement mais la découverte sera terrible.
La fin est tragique mais empreinte de sagesse, de poésie et d'espoir, à l'image de l'écriture de ce talentueux conteur qu'est Jorn Riel.
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Groenland début vingtième siècle, abandonnés sur une petite île, une grand-mère et son petit fils vont tenter de survivre à l'hiver.

Cette histoire a le mérite de relater les moeurs des Groenlandais avant la rencontre de l'homme blanc, quoique assez gore (On tue ceux qui gênent, on enlève les filles quitte à se battre contre ses frères et on la ramène le lendemain, fière d'avoir été enlevée mais boitant car l'homme lui a lacéré les pieds pour ne pas qu'elle s'enfuie...)

En privilégiant ce côté gore, je pense que l'auteur enlève de la crédibilité à l'histoire et appauvrit le contenu sentimental.
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C'est un terrible roman, un moment très intense d'émotions et de révoltes.
La base ethnologique sérieuse du document est édifiante, on y apprend comment vivaient il y a encore peu de temps les populations Inuits du Groenland. Jorn Riel a le talent de faire passer à travers ses mots les croyances, les ressentis, les joies et les peines de ce peuple soumis aux pires conditions de vie ; traqués comme des animaux par les prédateurs et le froid, survivants dans ce monde hostile dans lequel la moindre erreur tue. Un monde où la précarité est si grande que lorsqu'un membre devient inutile à la communauté, il n'a plus d'autre choix que de s'assoir sur la glace et attendre que la mort froide l'emporte en un lieu enfin paisible.

J'ai été très sensible à l'approche que l'auteur fait de l'animiste abordé par l'évocation du plan d'égalité sur lequel se placent les Inuits avec les animaux, prenant autant soin de leur âme que de la leur ; par le respect que chacun montre aux éléments les entourant.

J'ai encore été interpelé par l'approche que Jorn Riel fait du chamanique au travers de la description de l'envol d'un sage, par un trou aménagé dans le toit de la maison, parti pour demander des explications à l'esprit d'un homme.
Un envol si simple, si évident que jamais il ne nous vient l'idée d'en douter.

La langue de Jorn Riel et simple, claire et forte, à l'image du peuple dont elle se fait le chantre

Bien sûr la fin de l'histoire de Ninioq et Manik m'a bouleversé, m'a choqué. Mais replacée dans le contexte n'est-elle pas la plus belle preuve d'amour possible de cette vieille femme pour son petit-fils ? Je n'en dirai pas plus.

Bref tout est dans ce beau petit roman : sérieux ethnologique servi par une narration vivante et non pesante mais aussi dureté à l'image de celle vécue par ces habitants du grand Nord, du grand froid. Un roman court mais au souvenir qui me troublera surement longtemps.
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Roman court mais poignant!
Une histoire tragique racontée avec douceur, le temps pour une grand-mère inuit de transmettre ses connaissances et de raconter son passé à son petit-fils.
Ils passent en été ensemble à faire sécher la viande sur une ile où doivent les retrouver tous les membres de la tribu. Une angoisse sourde ne quitte plus la vieille femme tandis que l'enfant progresse de jour en jour dans le maniement de ses premières armes.
L'auteur a le talent de nous faire ressentir la solitude, la force impitoyable d'une tempète, la lutte pour la vie contre un animal sauvage, la faim, le froid mordant,... et les peintures d'Olivier Desvaux accompagnent admirablement ces pages, renforçant la douceur des relations, la magie d'un ciel, la splendeur d'un instant.

Une belle idée que d'illustrer ainsi un roman dans un format album avec un papier glacé de qualité. Un très bel objet-livre!
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Dans le nord-est du Groenland, la tribu de Katingak est sur le point de rejoindre le camp d'été. Ninioq, la plus âgée des femmes de la tribu sait que le temps est venu pour elle de faire ses adieux au monde des vivants en allant s'allonger sur la glace comme le veut la tradition de son peuple.
Elle profite alors des joies que la vie lui apporte : l'arrivée d'une tribu ami, la famille, les préparatifs de départ pour le camp d'été et les récits de la tribu...
Cela ne l'empêche pas de méditer sur l'abondance des années passées et ses années de jeunesse. Maintenant le renne a disparu et sur ses traces beaucoup de tribus ont suivi. Même les animaux de mer "se tiennent loin des côtes"...ce qui a occasionné des années difficiles.
Mais ce printemps là, malgré la glace qui s'est longtemps éternisée sur les côtes, la saison a bien commencé...
A la fin de l'été, comme après chaque saison de chasse et de pêche, il faut aller faire sécher le poisson et la viande sur la petite île de Neqe. C'est à elle que revient cette tâche difficile…Elle y voit l'occasion de se retirer un moment et de profiter de sa solitude pour réfléchir à sa vie et sa fin qui approche. Mais Manik son petit-fils insiste pour l'accompagner…
Les jours s'écoulent tranquillement. Ninioq éprouve de la joie à s'occuper de son petit-fils préféré et à répondre à ses questions. Elle oublie l'angoisse terrible qui l'assaille sans raison. Jour après jour, elle lui apprend les gestes de la vie, tout ce qu'un chasseur doit savoir, comme par exemple, harponner un pèlerin des mers, ou se redresser lorsque sa pirogue chavire, et protéger ses réserves de viande des bêtes sauvages. le soir elle lui raconte les récits des anciens qu'elle écoutait elle-même lors des veillées, comme les mémorables chasses à l'ours par exemple, et ainsi elle va peu à peu lui transmettre les traditions et les légendes de sa tribu.
Mais au fur et à mesure de l'avancée de la saison, elle comprend que les siens ne viendront pas les chercher comme promis avant la cueillette des myrtilles.
L'attente se charge d'angoisse…

Son peuple les a-t-il abandonnés ?
Sont-ils désormais seuls au monde ?
Est-il arrivé un malheur ? Il faut qu'elle sache…

C'est un roman absolument magnifique qui hantera longtemps le lecteur.
Nous avons tant de choses à apprendre de ces peuples qui ont su vivre en respectant leur environnement et en remerciant les animaux d'assurer leur survie. Ce n'est pas un roman triste mais plein de sagesse et de poésie ...

Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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