Juste avant que est un récit court mais très fort dont l'action se situe dans un lieu indéterminé, un futur proche et qui met en scène deux adolescents dont on ne connaîtra pas les prénoms.
On n'a pas besoin de savoir tout ça. Ce qui est important, c'est ce qui les a menés là, dans cette chambre et surtout ce qui va s'y passer là, maintenant..
C'est une meuf et son meilleur pote. Une fille mal dans sa peau et dans son époque qui aime un garçon sous médocs et qui n'ose pas se l'avouer. Une histoire à la fois banale et extraordinaire.
Dans le texte,
Joanne Richoux intègre des informations diverses : bilans de séances de psy, ticket de caisse, article de journal, lettre non envoyée… Cela nous donne, mine de rien, des infos sur l'environnement familial des deux personnages mais aussi et surtout, sur le monde dans lequel vivent les deux protagonistes. de nos problèmes actuels, elle imagine ce que sera demain. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il apparaît bien sombre. L'autrice, à travers la voix de sa narratrice, nous dresse un tableau des problèmes et dérives d'aujourd'hui poussés à l'extrême (enfin pas tant que ça) et nous donne sa vision du monde.
De fait, dans ce temps très restreint (un peu plus de 100 pages pour quelques heures), elle fait grimper la tension dedans comme dehors.
C'est cru et c'est tendre en même temps. Car si l'adolescent a couché avec la moitié des filles du lycée, il n'a pas la même relation avec sa meilleure pote. Entre eux, c'est autre chose. Pas évident pour ses deux âmes un peu brisées, l'un par une mère étouffante et l'autre par un frère dépendant de se mettre à nu, au propre comme au figuré. Tous deux se sont trouvés mais trimballent des casseroles, un peu moins bruyantes quand ils sont ensemble.
J'ai beaucoup aimé la façon dont
Joanne Richoux mêle les enjeux actuels au désir enfoui et montant des deux "amis". C'est très judicieux et surtout très réaliste finalement. On sait que la peur et l'angoisse de la mort créent ce genre de comportements. Pulsion de mort et pulsion de vie.
La tension extérieure ambiante (qui se manifeste de plus en plus violemment) et celle de la chambre, les relations familiales, le contexte social et politique... Tout fait sens. Tout semble tendre vers une fin explosive. Qu'en sera-t-il ?
Vous l'aurez compris, dans un genre encore un peu différent de tout ce que j'ai lu d'elle jusqu'à présent,
Joanne Richoux réussit encore et toujours à m'atteindre. Son style ne change pas, les sens sont toujours au coeur de son écriture si visuelle avec en fond, une noirceur qui ne cesse d'aller et venir. Et puis toujours, pour se mettre dans l'ambiance, une pure playlist qui va bien. C'est parfait.
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