La tentation est forte d'imaginer quelle aurait été notre vie si... ou de rêver de vivre deux voire trois vies parallèles, comme
Paul Auster l'a si bien fait dans
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Ici, les soeurs
Anne-Laure et
Naomi Reboul mettent en scène Iris Rivière, auteure tout juste primée du prix Renaudot qui depuis peu, chaque nuit, se retrouve dans la peau de son autre Iris, celle qui n'a jamais quitté Bertrand, alcoolique. Cette Iris-là a un fils, Samuel, déficient, et elle travaille à Cultura. Elle écrit en cachette, sa vie est un échec. le jour, Iris retrouve sa vie auprès de son mari éditeur, est sollicitée pour des interviews littéraires, et surtout très perturbée par la double vie qu'elle mène bien malgré elle.
L'idée est bonne, le chemin que prend le récit original (je ne le dévoilerai pas) mais personnellement, j'aurais essayé, à sa place, de retrouver ce Bertrand pour savoir ce qu'il est devenu afin de mieux saisir la nature de ce qui lui arrive et qui est si incompréhensible.
J'ai également été gênée par le côté caricatural de ce choix d'opposer une vie (considérée comme) ratée d'employée mariée à un alcoolo à la vie priviliégiée d'intellectuels parisiens sans enfants dans le monde de l'édition: tout cela avec un gros manque de subtilité dans la comparaison.
Surtout, je n'ai ressenti absolument aucune empathie pour ces deux Iris, aussi froide, aigrie et méprisante l'une que l'autre, difficiles à suivre psychologiquement car parfois contradictoires (on a voulu leur faire dire trop de choses différentes) et je ne comprends pas ce choix de la part des autrices alors que tant d'angles différents étaient possibles. J'en garde une impression générale plutôt désagréable et une certaine déception.