Pour celles et ceux (dont je fais partie) qui apprécient généralement la prose de
Patrick Raynal [savoureux mélange de mélancolie, nostalgie, désillusions idéologiques généreusement saupoudré d'un humour puissamment corrosif, légèrement relevé d'un zeste de cynisme néanmoins tout en bienveillance] le présent ouvrage peut sembler atypique ou, à tout le moins, sortir de la zone de confort de l'écrivain à savoir, le roman noir.
En effet, récit autobiographique et non texte fictionnel, cette
Lettre à ma grand-mère repose sur la découverte tardive par l'auteur d'un manuscrit rédigé par son aïeule portant témoignage de ses quinze mois de déportation à Ravensbrück en 1944-1945.
Savoir également que
Patrick Raynal a été élevé par ses grands-parents maternels dont Marie Pfister l'épistolière de ce journal longtemps égaré et, qu'au départ de la lecture de ce "Matricule 38971", résurgence d'un passé familial enfoui, il décide de le mettre en parallèle avec sa propre histoire, son vécu, lui l'enfant de l'après-guerre.
Quelque 200 pages plus tard, que dire de plus que ce récit, oeuvre de sérénité, est non seulement atrocement beau (excusez-moi l'expression), souvent émouvant mais tout en pudeur, parfois inattendu aussi mais surtout qu'il nous en apprend (ou nous en rappelle) beaucoup sur la mémoire, la transmission (consciente et inconsciente), le pourquoi et le comment de ce que nous sommes finalement devenus.
A lire sans modération !