On te confie une mission difficile : remplacer les fausses notes de jadis par des accords mélodieux. Couvrir les cris de haine par des chants de fraternité.
(...) difficile de vivre en Belgique quand on vient d'ailleurs avec l'espoir pour seul bagage et le sourire pour unique passeport.
Quand un événement inattendu se produit, il arrive rarement seul.
Il sait, lui, que la vie est déraisonnable, de toute façon, et qu'il faut oser si l'on veut échapper au malheur.
Pas une seconde, il n'a pensé aux difficultés qui l'attendent. Il sait depuis longtemps que les projets les plus simples se révèlent parfois terriblement difficiles et que les entreprises les plus hasardeuses profitent souvent de la complicité inattendue des événements.
Ce " viens ", c'est une réponse à l'absurde, une porte qui ne se referme pas, un passeport, un billet pour l'espoir. C'est cela, la vie ? Un homme, un seul peut décider un matin que vous devez être malheureux ? Un autre homme, un seul, peut décider le soir que vous devez être heureux ?
Le chauffeur insiste :
- Si tu veux téléphoner à tes parents...
-Non, merci, dit Parwais, ils sont en vacances au Canada. Je leur enverrai un mail quand je serai chez mes cousins.
Ses cousins ? Il doit faire attention à ce qu'il dit. A-t-il vraiment parlé de cousins, tout à l'heure ? Il ne sait plus. A force de mentir, on ne sait plus où est la réalité.
Une sorte de pudeur le retient toujours de parler de son passé. Un peu comme si évoquer les ruines pouvait détruire ce qui est patiemment reconstruit.