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Citations sur Le doigt tendu (7)

Trop bien
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Six avril 1943.
J'étais assis sur un banc. Je regardais les pigeons. Je voulais que le soleil vienne en moi, me chauffe.
Elle venait de la rue Mayran. Elle avançait vite, un panier sous le bras gauche. Elle était belle. Sérieusement belle.
Elle avançait trop vite. Encore quelques minutes, quelques secondes même , et je ne la reverrais plus. Il fallait crier, un nom, son nom. Son nom ? Mon Dieu, faites qu'elle s'arrête, qu'elle vienne s'asseoir sur le banc. , près de moi. Elle ne s'est pas arrêtée. Les trottoirs parisiens ont des saillies imprévues que ne prévoit pas le pied mignon d'une jeune fille de quinze ans. Ce pied nu mignon heurte la bordure. La jeune fille se précipite violement en avant. Son panier va plus vite qu'elle, jette en l'air son contenu, les légumes s'éparpillent sur le trottoir.
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Je ne suis pas partie pour longtemps. Je suis au bout de la rue. Je suis partie acheter un kilo de rutabagas. Je t'aime. je vais revenir. Pense à moi si fort que je sente ta pensée se cogner contre mon front. Je t'aime. Je vais revenir. Attends-moi. Je t'aime. Ne regarde pas les nuages.
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Maintenant qu'il me précédait dans l'escalier, j'étais frappé par les coudes de la veste grossièrement rapiécés et par le pantalon tellement lustré que les mouches auraient pu y patiner. Cette pensée saugrenue me fit rire tout haut.
- Tu ris ? J'aime mieux ça. C'est la première fois depuis que nous sommes ensemble.
Je ne lui dis pas pourquoi. Il ne le demandait pas. Le vieux ne demandait jamais ce qu'on ne lui disait pas.
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Déjà, j'aimais quand il riait. Sa barbe cachait le rire des lèvres. Mais les mares bleues de ses yeux se ridaient un peu. Les canards y barbotaient un peu plus vite. Les pommettes se hissaient un rien au-dessus de la barbe, devenaient un peu plus rouges. Comme ça, il ressemblait vraiment à saint Nicolas, le luxe en moins. Car les vêtements du vieux n'étaient pas faits pour inspirer confiance à un gars qu'on avait toujours habitué à reconnaître les moines à l'habit.
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Notre conversation dura longtemps. J'étais fou : je lui ai tout raconté. Je ne le connaissais pas. Je devais me méfier de n'importe qui. N'importe quelle confidence pouvait me conduire à la mort. Et j'ai tout raconté à ce vieux monsieur. Allez donc savoir pourquoi !
Ou plutôt si : je sais pourquoi. Il avait de grands yeux bleus, très doux. Des mares tranquilles où faire barboter des canards Il avait une barbe blanche comme saint Nicolas, une barbe qui semblait postiche tant le poil était flou. une barbe où l'on aurait bien vu se perdre du foin. Les lèvres bougeaient à-dedans comme des feuilles qu'agite la brise. et ces lèvres disaient des choses douces. Des choses importantes. Elles oubliaient les paroles inutiles.
Là-dessus, un feutre de clochard. Noir, presque vert par endroits. Cabossé, maltraité, au bord ondulant de façon presque espiègle. un feutre à s'enfoncer sur le crâne pour dormir au pied d'un arbre en rêvant à des cerises. Un feutre pour jouer. Un feutre pour être quelqu'un d'autre. Un feutre pour être bien.
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Mais je ne pensais pas à tante Julia. Elle était morte. Je n'avais pas vu son cadavre. Quand on voit des cadavres, on pense autrement à la mort. On pense à des morts chauds. C'est différent.
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