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EAN : 9782907913362
101 pages
Le Passeur (01/01/1995)
4.92/5   6 notes
Résumé :
Les hommes d’autrefois dansaient avec les dieux
et le monde faisait une sphère d’azur
Mais le monde aujourd’hui qu’est-il puisqu’il n’est plus un tout
en quoi la vie était cantique de la plus vive vérité ?

Mais le poète apprête sa table toute blanche
pour quelques invités pour d’inespérés visiteurs
Les formes les couleurs alors y prennent vie
comme si scintillait dedans le sang des astres

Antóni... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans l'intimité d'une petite chambre où il ferait bon de rêver, ces poèmes auraient la résonance d'une douce gymnopédie qui ferait valser l'imaginaire des coeurs les plus oniriques.
Hymne à l'acceptation des naufrages existentiels, mais aussi à l'ascension spirituelle. Poétique du temps qui va au-delà de lui. Beauté qui invite à la contemplation, à l'ouverture Intérieure.

Affreusement touchant dans ses questionnements.
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
    
Parfois nous suivons la calligraphie du vent
nous demandons au feuillage l’orfèvrerie d’une oreille
Ce sont les souples médiations évanescentes
qui permettent l’espace au filigrane d’un instant
    
-
  
La vérité jamais ne pourra être un terme
mais une modulation des voix entre deux rives
d’un silence à un silence
et nous serons en tous un seul le même et l’autre
Nous tracerons un arc de solitude aimante
Ce qui nous couvre est ce qui nous ouvre un espace
où les arbres respirent ...
    

   
Às vezes seguimos a caligrafia do vento
ou pedimos à folhagem a ourivesaria de um ouvido
São as flexíveis mediações fluídas
que permitem o espaço na translucidez de um instante
    
-

A verdade nunca poderá ser um termo
mas a modulação das vozes entre duas margens
de um silêncio a um silêncio
e seremos em todos um o mesmo e o outro
Traçaremos um arco de solidão amante
O que nos obriga é o que nos abre um espaço
com a respiração das árvores...
    
   
Traduit du portugais par Patrick Quillier | pp. 104-5 & 23-25
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J’écris comme un nageur s’en va fendre les vagues
et c’est ma propre nullité que je traverse
À présent je sais que tout peut venir de n’être pas
ou contenir en soi le rien en vide vibration
Les jours varient sans que varie le travail de varier
et c’est cet arc d’identité et de différence
qu’est le temps surhumain et toujours anonyme
Si c’est à nous qu’échoit de bâtir les perspectives du jour
pourquoi donc déambulons-nous dans la sécheresse d’un cercle
privés du vent vivant qui rajeunit les veines
si étrangers les uns aux autres si égarés si somnambules ?
Désormais l’inaction ne reluit plus de l’or de la sérénité
Désormais nous ne sommes plus au monde Nous ne sommes plus pieds nus
pour sentir la peau de la terre dans toute sa chaude fraîcheur
En trop grand nombre sont bruits rires et cris absurdes et vains
à lacérer le corps du silence subtil et nu
Ce qui est commun se perd ce qui est essentiel s’efface
et c’est en justiciant à coups de pelle que le vent du temps passe
sur les sons des bouches qui ne savent pas la nudité du silence
Que n’avons-nous bâti nous-mêmes cette ombre mélodieuse
qui viendrait s’élever en houle sur nos têtes
et nous donner audacieuse élévation ardente vibration
afin que nous soyons en résonance avec ce qui dans le jour est centre glorieux
ou le noyau que nous imaginons d’une libre légèreté ?
Oui il nous est possible d’être le mot le dit pendant qu’il vibre
parce qu’il est le oui de l’univers auquel répond le oui de l’univers
Si ce qui compte est si peu et dans ce peu le rien
comment pourrons-nous ceindre le volume de notre identité
à travers le temps ? Jamais l’identité ne fut continue
mais le projet de l’être se parachève dans sa création instantanée
tout autant illusoire que vraie audacieuse qu’incertaine
Le feu scintille en chaque mot il incendie les bouches
qui l’aiment ou qui l’ignorent Et c’est le silence qui brûle
dans une violence subtile une fraîche candeur
Et quelqu’un tâte le pouls du poème de toute la délicatesse de ses doigts
Que de mots qui pourraient être dits se tiennent là frémissants
Ce sont les mêmes qui une fois furent dits et sont encore à dire
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Aucun mot ne peut remplacer ce qu’il suggère
et qu’il projette bien au-delà de sa portée
N’est-ce pas le feu qui le remue le feu de sa soif ?
Quand il mûrit il vient comme une vague d’huile
sans l’incendie prématuré des métaphores
comme une bouche unifiant avoir été et aller être
Il veut être nu et libre dans l’espace qu’il ouvre
pour se livrer à un autre inconnu qui l’habite
sans lanternes de sable sans éclairs de verre
Peut-être trace-t-il les lignes délicates
qui viendraient onduler comme un silence d’eau
ou les dunes tranquilles d’une plage
Qui aime le soleil bleu de la solitude
c’est qu’il aime celui qui toujours est occulte
et qui pourtant exhale et sa musique et ses couleurs
comme s’il désirait nous recevoir dans son corps creux
Nous recherchons la différence de ce qui nous est le plus propre
mais la distance est grande bien qu’elle soit en nous
Pouvons-nous dormir sur une dune en ressentant nuages et vagues
comme s’il s’agissait du feu lui-même en plein sommeil ?
Aurons-nous manqué la barque aérienne qui traversait les feuilles
et nous déposait au creux d’une clairière blanche ?
Écrire serait la même chose que prononcer les voyelles de l’eau
du jour dans sa splendeur d’éventail grand ouvert
Pourrons-nous aborder cette île des lointains
où la nudité chante et danse en arborant de blancs rameaux ?
Ou ne l’entendrons-nous que telle un pur signal
lancé par ce qui ne viendra jamais à être mais nous pousse en avant
tout comme si deux temps s’unissaient dans l’arc de l’instant ?
Nous ressentons la vocation du mot à se faire eau
mais tout autant la consistance substantielle de ses pierres
Et le feu se redresse avec ses veines ainsi qu’un cheval vert
à la rencontre de ce pur possible
qui est un prodige de l’air une colonne qui frissonne
et qui n’est rien que le frémissement de la figure
que la blancheur vient effacer
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Comment pourrais-je vivre sans le silence de cet arc
que dans le temps l’on ne voit pas mais par où le temps passe ?
Les mots que je veux incendier
eux seuls savent les dessins du vent les dessins de l’eau
Sera-t-il encore possible de bâtir sur la cendre du temps
la maison de maturité avec ses constellations blanches ?
Je suis peut-être celui qui désire marcher le long d’une allée claire
et sentir que son corps est aussi le sol qu’il foule
et les arbres tout autour le gazouillis des oiseaux
et une petite source sous la danse d’une libellule
Tout ce que je désire pourra-t-il être actuel et vivant
ou bien n’est-ce que le possible sa spirale enroulée
qui pourra se projeter sur la perspective d’un horizon neuf ?
Qui est devant la page sait-il par hasard quel est son chemin ?
Il n’en sait rien et pourtant la barque de l’adolescence frémit
parce qu’elle est la barque du désir incessant
J’écris avec l’espoir fragile de réveiller la vigueur
à travers l’épaisseur d’un vent végétal
et d’entrer sans le savoir dans un champ d’évidents prodiges
Peut-être faut-il s’en aller mais vers où ?
Comment pourrai-je m’abandonner à la nudité de cet autre
qui étranger à moi est mon être le plus mien ?
Le corps serait-il un coquillage qui ne s’entrouvre jamais
comme s’il retenait le cri d’une étoile le hurlement d’une hyène ?
Qui saurait vivre en bonne entente avec le feu comme s’il reposait
dans une clairière de silence ? Comment prononcer avec une langue de sable
les vibrantes voyelles des flambées souterraines ?
Jamais les vers ne seront rameaux de sang rameaux de temps
Comment pourraient-ils posséder le bonheur concentrique d’un corps
quand toutes leurs veines sont soleil et mer ?
Serait-il arrivé le temps des fruits mélancoliques
ou est-ce que l’hiver déchire inexorable la trame de sable
en laquelle vacille notre fragile identité ?
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Notre erreur de tous les instants est de trop espérer
sans savoir vivre à l’étage de l’existence
L’imagination nous mène au multiple puis au rien
Nous ne pouvons monter nous ne pouvons descendre
mais nous pouvons au moins donner une lune à la solitude
et au vide creusé l’incertitude d’une page
Pour quoi faire le mot ? Pour éveiller un monstre sommeillant
ou pour unir les résidus d’un incessant naufrage
dans un entrelacs où réverbérer les ors d’un être imaginaire ?
Hélas où est l’amant qui au velours des frondaisons
nous offrait la coupe de son vin limpide et nouveau ?
Que sommes-nous si les barrières de fer nous enferment
dans leurs cercles d’inexorable aridité ?
Nous recourons au mot comme si son mouvement pouvait nous abriter
dans la végétation luxuriante des métaphores
ou dans la pauvreté de ses blancs vestibules
Mais afin qu’il soit plus qu’une illusoire transparence
il faut entendre enfin le secret de ses eaux
la résonance bleue de ses guitares noctambules
Et si le mot n’est rien que le mouvement vague d’un nuage
qu’il nous défende en cet instant de la violence des voix diurnes
Qu’est-ce que l’intérieur sinon une ouverture vers l’azur
qui n’est à personne qui est surtout à un autre qui jamais ne réclame
mais qu’il nous échoit d’éveiller à la lumière du jour ?
C’est en lui que nous pouvons trouver l’audace imperturbable
de tel navigateur en la tête de qui trépident les fenêtres
qui réverbèrent l’horizon d’un océan nouveau
Le corps est pourvu de la verte violence assumée par le mot
et transposée par lui en symétriques consonances
où s’intégre la différence en ressemblance de désir
et où les éléments courent dedans leurs sinueuses veines
N’est-ce que des mots et plus que des mots l’agile débit
des voix naissant d’une eau qui est l’essence de chacun
dans l’identité verticale entre apparition et printemps ?
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Video de António Ramos Rosa (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de António Ramos Rosa
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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