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Terrible ! C'est l'adjectif qui me vient en premier à l'esprit quand je pense à cette oeuvre, lue il y a fort longtemps, mais dont la trace s'est lovée dans mon esprit de façon indélébile. Récit incroyable que je ne peux plus différencier de mon idée de la Bretagne, des drames de la mer, de la vie particulière des gardiens des phares, et d'une certaine idée de l'amour épousant la mort. Fascination du morbide, Romantisme encore, mais dépouillé de toute mièvrerie. Terrible et puissant, parce que rien ne nous y est épargné sans que l'on puisse s'en défendre. Et lorsqu'il m'est arrivé de me tenir debout, face à l'océan, tout au bout de la Pointe du Raz, c'est vers cette Tour d'Amour que se polarisaient mes regards, toute entière habitée par le souvenir de cette formidable et inoubliable lecture.
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J'ai choisi une oeuvre de Rachilde, on ne va pas se mentir, pour le Challenge Départements (ralala, les challenges, ce qu'ils ne nous font pas faire…!)
J'étais assez intriguée, également, par ce pseudo étrange.
Les critiques des camarades ont forcément joué un rôle aussi (merci les filles).
Me voici donc embarquée dans La tour d'amour.
Ce titre à l'eau de rose ne doit pas vous tromper : cette tour, c'est le phare d'Ar-Men, un des plus célèbres monuments du patrimoine breton pour son isolement et les quatorze années qu'a duré sa construction, dans des conditions dantesques.
Ce roman est le monologue de Jean, le nouveau gardien de phare qui va partager la vie quotidienne de Mathurin, l'ancien, un gars taiseux et bizarre (et crado et puant).
L'enthousiasme naïf de Jean dans ses débuts, va vite se heurter aux réalités et à la personnalité de son… co-détenu pourrait-on dire.
Tempêtes apocalyptiques et naufrages tragiques exercent une fascination morbide sur Mathurin, sur Jean… et sur la lectrice envoûtée.
Peu à peu le rookie d'Ar-Men va perdre ses illusions et sa personnalité à lui aussi va se transformer… et là, impossible d'en dire plus.
Entre réalisme à la Zola et gothique à la Poe, une oeuvre étrange, une oeuvre inclassable sinon dans la catégorie des "À découvrir d'urgence… !"

Challenge Départements (Dordogne)
Club de lecture juin 2024 : "La mer sur la couverture ou dans le titre"
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J'ai peut-être conseillé ce livre un peu légèrement...

Préventions donc :
- ne pas lire si on a le mal de mer
- ne pas lire si l'on croit y rencontrer des sirènes
- ne pas lire si on a le "vertigo"
- ne lire sous aucun prétexte si l'on veut comprendre exactement ce que l'on tient entre ses mains

C'est glissant, un peu écoeurant puis répugnant pour de bon, mais il est déjà trop tard...
Avec Maleux, vous êtes passé de l'autre côté ou plutôt, pas encore tout à fait mais vous avez déjà trop tangué, immobile (et en bien étrange compagnie) pour vous arrimer encore au monde humain
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C'était un retour du Cap Ferret en août ! Et dans la boîte à gants il y avait un audio-book : "La Tour d'Amour" lu par Jacques Gamblin !
Que ce trajet nous a paru court ! Et la fin, nous l'avons écoutée...sur un parking !

Ah cette Tour et ses secrets... je n'ai pas lu lelivre et me sens un peu frustrée. Mais presque un an plus tard j'hume le remugle de la Tour, je frissonne quand on hisse le marin dans la tourmente en haut de cette tour, j'ai encore au coeur le petit pincement quand il recroise sa belle, avilie, au détour d'une rue obscure et je tremble d'apercevoir derrière une vitre le reflet d'un visage féminin.

C'est la faute à Rachilde et à Monsieur Gamblin qui nous ont ensorcelés si bien que nous guettons l'arrivée des vacances et des embouteillages avec impatience et délectation, car quoi de plus agréable que de rêver d'un phare perdu, bien à l'abri sur une route embaumant les pins du Bassin !

Superbe texte superbement lu.
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Jean Maleux est affecté à la surveillance du phare d'Ar-Men pour seconder Mathurin Barnabas, vétéran à cette surveillance, suite à la défection de son ancien second dans des circonstances mystérieuses.
Pour Jean, ce qui est au départ souhaité comme havre de paix et de solitude va vite devenir un cauchemar éveillé, tant en raison des tâches, particulièrement rudes les nuits de tempête, à accomplir que des comportements plus qu'étranges et horrifiants de son compagnon.

Avec brio, Rachilde fait de son roman, très progressivement, très insidieusement, un huis-clos de plus en plus oppressant, alors que nous sommes pleinement plongés dans les sentiments, pensées, actions de Jean au fil du récit. Une histoire de vie sur un phare breton construit en pleine mer, qui aurait pu être on ne peut plus banale, devient sous la plume, ciselée, mais jamais ampoulée, de la romancière fin de siècle, une description tortueuse et grotesque des travers les plus monstrueux de l'Humain.

Encore une découverte intéressante, que j'ai préféré à Monsieur Vénus, sûrement parce que j'ai trouvé la construction narrative beaucoup aboutie. Je continue donc mes lectures de Rachilde.
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C'est ma première lecture de Rachilde et c'est loin d'être la dernière !
Heureuse de l'avoir découverte grâce au Challenge XIXème siècle de Babelio, je suis impressionnée par sa langue alors qu'elle prend la voix d'un homme avec une grande justesse dans "La tour d'amour".
Marguerite Eymery de son vrai nom est une femme au pseudonyme masculin qui écrit l'histoire d'un jeune gardien de phare à la première personne du singulier et j'ai vraiment tout aimé dans ce court roman : l'écriture, l'intrigue, la psychologie, le rythme et l'impressionnant lieu du phare d'Armen.

Armen, qui veut dire pierre en breton, a la particularité d'être le nom d'un phare en pleine mer, au large de la Pointe du Raz dans l'alignement de l'île de Sein.
Photographier les phares est une motivation de voyages avec mon mari et nous avons eu l'occasion de le voir pour se rendre compte de l'isolement du phare d'Armen difficilement accessible.

Rachilde raconte l'expérience du jeune Jean Maleux comme second gardien de ce phare. Ne voulant plus caboter il accepte de vivre entièrement coupé de terre avec le vieux gardien en titre Mathurin Barnabas qui délire par moment en chantant avec une voix de femme "La tour d'amour".
D'amour, il en est question car le temps est long pour Jean et il se souvient des femmes qu'il a aimées et laissées au port quand il était matelot. Mathurin est plus mystérieux mais quand un bateau fait naufrage au cours d'une tempête avec son lot de cadavres de tous sexes, cela provoque un nouveau délire de la part du vieil homme.

L'écriture de Rachilde à une puissance poétique chavirante à la hauteur des coups de boutoir portés par la mer déchaînée qui réussit à s'infiltrer à l'intérieur du phare. D'ailleurs, on mesure à quel point le travail des gardiens du phare est éprouvant, jours et nuits ils doivent assurer l'allumage et l'extinction du feu sans manquer à leurs tâches. Conditions qui ont données l'occasion à Rachilde d'explorer l'âme humaine avec une grande maîtrise.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Coeur d'artichaut 2023
Challenge Multi-défis 2023
Challenge XIXème siècle 2023
Challenge ABC 2023-2024
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Tout d'abord merci à emnia et filsdejoie pour m'avoir conseillé ce roman. Que dire ? Tous les thèmes du roman fin-de-siècle sont présents. Cela commence dans le naturalisme avec deux gardiens de phare livrés à eux-même au milieu de la furie de l'océan pour finir dans l'horreur. A travers la vision d'un des 2 protagonistes, Rachilde, d'une écriture simple et claire nous amène au fin fond de l'âme humaine. Pas de rédemption possible. Pourtant, j'y vois, encore et toujours, (c'est sûrement mon défaut) le poids social déterminant sur l'aventure individuelle. Mais, comme il est dit en préface, plusieurs niveaux de lectures sont possibles.
Un chef-d'oeuvre absolu.
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« La Tour d'Amour » est un roman d'une puissante morbidité, qui fit scandale à sa parution. Sans son prestigieux époux, Rachilde aurait sans doute été écartée définitivement du monde des lettres. Il est vrai que plus d'un siècle plus tard, le roman, malgré ses quelques archaïsmes, conserve tout son caractère vénéneux et malsain. Il dérange, il écoeure, et en même temps il flamboie d'une beauté noire absolument sublime, fruit de la rencontre exceptionnelle entre un symbolisme ténébreux et un naturalisme cruel. Tout au plus lui reprochera-t-on sa brièveté.
Si le caractère oppressant et étouffant de ce huis-clos à ciel ouvert ne souffre pas de cette économie du verbe, l'usure quotidienne du temps qui passe sur ce phare aux rituels immuables se fait moins facilement sentir. Il est vrai que le cauchemar vécu par Jean Maleux est déjà suffisamment éprouvant, et le serait peut-être trop si Rachilde avait doublé son volume. Mais on regrettera que l'immersion du lecteur ne soit jamais totale. Il ne manque à « La Tour d'Amour » que le réalisme étiré d'un « Robinson Crusoë ».
Rachilde a choisi aussi de nous faire vivre ce récit par les yeux de Jean Maleux, ouvrier, homme simple qui bascule progressivement dans la folie. L'exercice de style est remarquable, car Rachilde retranscrit avec une grande justesse les tourments d'un jeune homme qui narre une grande partie de ses émotions sans les comprendre tout à fait ou les analyser vraiment. Inversement, ce tour de force rhétorique gêne parfois la compréhension du récit ou la finesse des descriptions. Rachilde tombe d'ailleurs parfois dans des moments de lyrisme d'une grande qualité littéraire qui la font sortir brusquement de son personnage, insufflant à ce pauvre Jean Maleux les traces d'une schizophrénie versatile qu'il n'est sans doute pas censé avoir. Enfin, laissant remonter une sensibilité plus féminine, Rachilde donne peut-être de Jean Maleux une émotivité peut-être un peu trop forte pour un jeune ouvrier qui a déjà voyagé de par le monde. Difficile de croire, par exemple, que des cadavres de noyés bouleversent tant un marin expérimenté, ou qu'un homme ayant connu les jeunes filles peu farouches d'Orient se laisse embobiner par une petite Bretonne de quinze ans.
Néanmoins, le réalisme n'est pas la préoccupation première de Rachilde. Fidèle à l'esprit de l'école symboliste, elle se concentre avant tout sur la peinture de son histoire, sur la crudité de son cauchemar, sur la morbidité de son hallucination. Il faut prendre « La Tour d'Amour » comme une fable cruelle, une évocation dépressive du manque amoureux, de la solitude confinée à la folie, en un exercice de style sur la détresse amoureuse masculine. « La Tour d'Amour » est en effet une histoire d'hommes, les femmes n'y sont que des prétextes, des illusions, des rêves brisés. À de rares exceptions près, on ne croirait pas que ces pages ont été écrites par une femme. Elles l'ont néanmoins été par une femme qui connait extrêmement bien le coeur masculin, et a su en brosser un portrait réaliste et émouvant.
C'est peut-être même la qualité principale de « La Tour d'Amour » : ce n'est pas uniquement un récit horrifique ou grandguignolesque, il y a un fond, une substance, une expression des sentiments tourmentée, mais précise, rigoureuse, soigneusement travaillée, le tout servi par une écriture tantôt crue et caustique, tantôt romantique et désespérée, dans un décor authentique particulièrement bien choisi, qui témoigne du terrible apostolat que pouvait être, en cette époque reculée, la solitude désespérante du gardien de phare.
Si « La Tour d'Amour » n'est pas le plus « rachildien » des romans de Rachilde, ça n'en est pas moins un chef d'oeuvre authentique de la littérature « fin-de-siècle », qui parvient à marier des influences littéraires jugées souvent inconciliables, et qui témoigne encore aujourd'hui, avec une troublante intemporalité, du côté obscur de la Belle-Époque.
Lien : https://mortefontaine.wordpr..
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Le chanteur dit que ce n'est pas l'homme qui prend la mer, mais la mer qui prend l'homme. Rachilde, elle, dans une écriture d'une force et d'une poésie absolument bouleversantes, vous attrape tout autant, vous bouscule, vous déstabilise, vous chavire, vous enivre aussi. Et vous sentez, jusque dans la chair, que ce court roman vous pénètre et vous inonde d'une autre puissance, symbolique, et même spirituelle : celle des immenses romans qui ont à dire sur l'homme et son rapport à l'homme, à Dieu, à la nature, à l'amour mais plus encore à la mort : ce grand mystère qu'il s'agit de dire et de redire pour essayer de le mieux saisir… de s'en défaire ? C'est tout aussi illusoire que de vouloir dompter la mer.
La tour d'argent ressemble à ces ciels qui teintent la mer déchainée d'un gris lumineux et profond à la fois, c'est un gouffre qui vous élève et vous aspire, effrayant et fascinant. On espère s'en sortir… on croit y parvenir…
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Jean Maleux, marin, pense avoir décroché le gros lot : un travail dans un phare. Plus de grain à affronter en pleine mer, mais surtout un bon salaire et la perspective d'une promotion rapide.

Mais, lorsqu'il accoste au phare d'Ar-Men, c'est la douche froide. le second occupant du phare, son supérieur, Mathurin, est un vieil homme à moitié fou.

Coincés tous les deux dans cet espace clos, la folie qui ronge l'esprit de Mathurin menace de coloniser également celui de Jean….

J'ai découvert la plume de Rachilde l'année dernier avec Monsieur Vénus que j'avais lu avec grand plaisir.

Mais, je suis moins enchantée avec celui-ci.

Pour autant, la plume est très belle. On a véritablement l'impression de lire les souvenirs d'un marin, tout sonne vrai même si d'ailleurs certains termes et descriptions ont été difficiles à appréhender pour une novice comme moi.

Les images, les comparaisons du phare à une créature monstrueuse ou la mer à une femme, sont d'une grande force, malgré tout j'ai été très en retrait de ce récit.

Il n'est pas bien long mais c'était largement suffisant. J'ai aimé le style, la thématique mais l'ensemble ne m'a pas entièrement convaincue.
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