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EAN : 9791023107357
410 pages
Presses de l'Université de Paris-Sorbonne (09/12/2022)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Dans Winter Studies and Summer Rambles in Canada (1838), Anna Jameson (1794-1860) entremêle le récit de son voyage et sa quête d’indépendance. Ce texte longtemps négligé se révèle par sa richesse et sa dimension politique. Parcourant l’immensité canadienne en traîneau, en charrette ou en canoë ombrelle à la main, Anna Jameson fait de son expédition une aventure littéraire et politique et se livre à une peinture-écriture de la nature ainsi qu’à de nombreuses descript... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie Babelio et les éditions Sorbonne Université Presses pour l'essai d'Anne-Florence Quaireau « le féminin en partage – le voyage d'Anna Jameson au Canada (1836-1837) »
Tous les mois, la sélection d'ouvrages que propose Babelio lors de son Masse Critique est un excellent moyen pour sortir de ses habitudes livresques, pour ne pas dire de sa zone de confort. Moi qui ai tendance à lire majoritairement des romans (en plus de quelques recueils de poésie ou romans graphiques), j'apprécie que cette occasion me permette d'enrichir un tant soit peu mes connaissances et de m'ouvrir à d'autres univers.

La thèse de doctorat qu'Anne-Florence Quaireau a soutenue en 2013 à la Sorbonne en 2013, et pour laquelle elle a reçu un prix, est à l'origine de cet ouvrage. Il porte sur le récit de voyage d'Anna Jameson (17 mai 1794- 17 Mars 1860), d'origine irlandaise et qui a ensuite vécu en Angleterre, « Winter Studies and Summer Rambles in Canada » (Les études d'hiver et les randonnées d'été au Canada) publié en 1838.
La professeure agrégée d'anglais à la Sorbonne analyse le récit de voyage, aussi bien son fond que sa forme (style, discours, contexte, etc.) et met ainsi en évidence l'influence de l'ouvrage de Jameson sur les futures voyageuses et auteures et dans une plus large mesure sur les femmes en général.
Au moment où est édité le récit de voyage d'Anna Jameson, ce genre de récit est encore l'affaire des hommes, même si certains écrits féminins commençent à émerger. Les femmes, de part leur condition, étaient souvent cantonnées aux affaires domestiques, et suivaient les volontés de leur mari. Il n'aurait pas été bien vu qu'une femme aille ‘'vagabonder'' seule, sans but précis, à travers villes et campagnes. (‘'Rambles'' signifie « randonnées » mais également « divaguer »). Il faut rappeler qu'à l'époque une fois mariée, la femme perdait « tout droit sur ses possessions qui devenaient propriété inaliénable du mari ». Il faudra attendre 1870 pour que les femmes britanniques aient le droit de possession.

Alors que son couple est un peu en crise et que son travail est en plein essor en Europe, la jeune femme finit par accepter de rejoindre son mari au Canada ; ce dernier venant d'être nommé juge en chef de la province du Haut-Canada. C'est donc seule qu'elle fera le voyage jusqu'à Toronto et que là-bas, après un hiver isolée dans sa maison, l'été sera propice à des randonnées et des rencontres avec des autochtones.

Le récit de Jameson est un mélange de plusieurs genres littéraires, à la fois récit de voyage, dessins des paysages, étude de textes européens (et particulièrement allemand), journal et récit épistolaire. « L'autre femme » à qui elle écrit pourrait être tout aussi bien son amie Ottilie von Gothe (belle-fille de l'illustre écrivain) qu'une amie imaginaire (et son double) et par là, toutes les femmes.
Ce mélange des genres lui permet de rédiger un texte sans avoir l'air d'empiéter sur le domaine réservé à la gente masculine. En effet, tandis que les récits des hommes étaient plus ancrés dans le réel, factuels et parfois politiques (avec un regard colonialiste), on attendait que ceux des femmes ne dépassent pas le registre plus ‘'sensible'', domestique, avec un langage ‘'léger'', quasi sans réflexion intellectuelle. Les hommes étaient dans l'action et la sphère publique, les femmes -quant à elles- dans la passivité et la sphère privée. Mais par la rédaction de leur « impression », les femmes vont également changer le récit de voyage.
En feignant de se plier aux règles implicites, Anna Jameson a réussi à rédiger une oeuvre qui -du fait même de s'adresser à un lectorat féminin -mettait en avant la condition des femmes, d'une part celle des femmes britanniques mais également les autochtones (les anichinabées). Cette oeuvre sera un succès littéraire et sa notoriété plus importante. Même si aujourd'hui elle n'est quasi plus connue en Angleterre, elle le reste pour une partie des Canadiens. Elle reste surtout une des celles qui a ouvert la voix (la voie) au féminisme (alors que le terme n'existait pas encore), à une plus grande liberté des femmes, et déjà à une plus grande liberté de mouvement, d'écriture et de littérature.
Vers la fin de sa vie, elle sera encore plus engagée et de manière bien plus « explicite » dans le mouvement pour les femmes, notamment en notant l'importance du travail qui permet d'acquérir une certaine indépendance.

Alors que par son essence même « la Journée de la Femme » (le 8 Mars) montre qu'il reste encore beaucoup à faire pour atteindre une plus grande équité, l'essai d'Anne-Florence est en lui-même intéressant par son étude et rappel de l'origine des premières femmes voyageuses, une des premières « féministes ».

Le texte d'Anne-Florence Quaireau est, comme on pouvait s'y attendre, assez pointu. La lectrice lambda que je suis, malgré ses nombreuses lectures d'essais ou d'ouvrages techniques durant ses anciennes années d'université (également sur les bancs de la Sorbonne mais bien avant Anne-Florence), a dû parfois s'accrocher pour saisir tous les concepts et notions.
La professeure nous propose une analyse riche, aussi bien critique (elle évoque d'ailleurs quelques faiblesses dans l'écriture de l'auteure) que technique, linguistique, historique et sociale du récit de voyage d'Anna Jameson. de par la complexité (et nébulosités) de certains termes universitaires employés, le rythme de la lecture s'en est trouvé parfois ralenti, au point d'en être contrariée.
J'avoue également que je n'ai pas lu toutes les parties avec le même niveau d'intérêt, tant l'oeuvre de Jameson est décortiquée dans les moindres détails (n'oublions pas la thèse originelle). Nombre de fois, j'ai considéré ne pas être le lectorat cible, qui devait être plutôt une niche et concerner des universitaires et/ou chercheurs et non le grand public.

Il n'en reste pas moins qu'à travers l'étude du récit de voyage d'Anna Jameson, cela m'a permis d'affiner ma perception de l'histoire sociale du 19ème siècle, de découvrir certains personnages importants de cette période mais aussi de me donner très envie d'aller vagabonder au gré de mes humeurs au Canada ou ailleurs ! Certaines ont oeuvré pour donner plus de liberté aux femmes… autant leur faire honneur et les remercier par des voyages et autres découvertes.
Si le voyage forme la jeunesse, à n'en pas douter, il forme aussi les femmes.

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Ce livre est une étude approfondie de l'écrivaine et critique d'art britannique Anna Jameson, qui a voyagé au Canada au milieu du XIXe siècle et a écrit un livre sur ses expériences intitulé "Winter Studies and Summer Rambles in Canada". Anne-Florence Quaireau utilise les écrits de Jameson ainsi que d'autres sources pour explorer les voyages de Jameson et leur signification en termes de genre, de politique et de culture.

Je pense qu'il vaut mieux avoir lu le récit de Anna Jameson avant de se lancer dans cet ouvrage.

L'autrice présente Anna Jameson comme une femme avant-gardiste et indépendante qui a remis en question les normes de genre de son époque et a adopté une approche novatrice de la critique d'art. Elle fait le parallèle avec des récits de voyage masculins plutôt tournés sur le côté exploratoire et glorieux de leurs aventures.
En utilisant les voyages de Jameson au Canada comme point de départ, Quaireau explore des questions plus larges sur la façon dont les femmes ont été représentées et traitées dans la société occidentale, ainsi que sur les relations entre les cultures autochtones et non autochtones.
C'est un livre très bien documenté et très bien écrit qui offre une perspective intéressante sur l'histoire du Canada et sur la vie des femmes au XIXe siècle. Il sera apprécié par des lecteurs et des lectrices intéressé.e.s par l'histoire, les études de genre et les études culturelles.

Ma lecture, bien que très enrichissante aura été plutôt longue du fait du caractère très pointu de cet ouvrage (qui pour moi tient de la thèse), de sa complexité et de l'exactitude avec laquelle Anne-florence Quaireau traite son sujet.

Je remercie Babelio et les Editions de la Sorbonne université Presse d'avoir attendu patiemment la fin de ma lecture.
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En 1836, Anna Jameson, malheureuse en mariage, entreprend se traverser le jeune Canada pour partir à la rencontre des premières Nations et surtout des femmes. Elle écrira donc un récit épistolaire destiné à don amie mais surtout aux femmes en général.
Anne Florence Quaireau qui est spécialiste du récit de voyage féminin britannique va ici étudier et décortiquer ce récit en relevant chaque procédés littéraires quva utiliser Jameson pour mener la femme à reflechsurcsa situation.
Cet étude de texte est très poussée et on ressent sa volonté à faire ressortir tout le féminisme qui s'y dégage.
c'est assez complexe pour moi qui n'ai pas fait autant d'études mais j'ai trouvé cela très intéressant et enrichissant. cela nous rappelle d'où on vient et l'engagement de ces femmes pour militer pour leurs éducations est vraiment admirable.
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