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4,01

sur 822 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Récemment, un être cher m'offrit la lecture d'un texte qui débutait ainsi : "Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : "je m'endors (...)".
Je me souviens encore de cette période un peu lointaine où, sous de faux et vains principes, je refusais de lire Marcel Proust. Je jugeais l'oeuvre avec ignorance et avec suffisance. Puis, me revient le sentiment que j'éprouvais en me saisissant, pour l'acheter, du premier volume d'À la recherche du temps perdu. Il s'agissait de ne pas se tromper : celui-ci s'intitulait bien de du côté de chez Swann. Sentiment mêlé de surprise, de réserve et de curiosité : Allais-je, moi, lire du Proust ?
Je commençais enfin la lecture. Savais-je alors que je partais comme à la recherche d'un temps perdu, celui du lecteur, celui durant tout lequel j'avais ignoré une telle oeuvre ?
Les premières pages me confirmèrent rapidement que oui. Je fus saisi par une atmosphère lyrique, par un art de la description sans équivalent, quasi intemporel, par des impressions qui ne devaient plus me quitter à chaque fois que je relis Marcel Proust.

A la recherche du temps perdu reste aujourd'hui encore un de mes plus beaux moments de lecture.

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Attention, chef-d'oeuvre : c'est LE roman de la jalousie, servi par une écriture envoûtante. On se dit en le lisant, à l'instar de ses autres opus de la Recherche (dont celui-ci se lit comme un roman à part
), que Marcel Proust a tout compris des méandres de l'âme humaine, des moindres sentiments qui nous habitent. Toute l'oeuvre de ce grand écrivain français (le plus grand selon moi) est à découvrir d'urgence...
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Un saut en arrière dans le temps à une époque antérieure à la naissance du narrateur qui est toujours discrètement présent même si Swann devient le personnage central. Et un narrateur d'autant plus omniscient qu'il ne peut donc que réinventer cet "amour" entre Swann et Odette à partir de récits rapportés ou imaginés.

Roman dans le roman qui explore les illusions de l'amour comme pure construction fantasmatique avec une subtilité impressionnante. L'originalité vient du fait qu'Odette n'est au départ pas du tout du goût de Swann. Il la trouve quelconque, ne la désire pas alors qu'il a beaucoup d'aventures que lui dictent ses fréquentations (allant d'une maison à une autre pour approcher telle ou telle cuisinière, servante ou femme de chambre). C'est le portrait d'un grand esthète nourri de références picturales qui transforme tout ce qu'il contemple par associations d'idées. Je pense notamment à la géniale séquence où Swann pénètre dans les salons de la soirée Saint-Euverte en comparant les serviteurs à un tableau de Mantegna. Toute sa déambulation fusionne observations et références artistiques.

Ainsi il ne commence à accorder un véritable intérêt à Odette qu'à partir du moment où il peut l'identifier en partie à une oeuvre d'art, Zéphora, la fille de Jethro dans un tableau de Botticelli. Cette ressemblance lui conférant une aura inédite.

La fascination est complète lorsqu'il associe ensuite également Odette à la fameuse phrase musicale de la sonate de Vinteuil. Autre madeleine proustienne qui devient le symbole de cette idée presque esthétique de l'amour en guidant les premiers pas du désir puis en devenant plus tard le souvenir douloureux de ces premiers émois déjà éloignés. La façon dont Proust décrit cette alchimie entre la phrase musicale et le sentiment amoureux est magnifique.

Le désir laisse place à un sentiment de possession, puis de jalousie, puis de rejet jusqu'à ce que l'illusion amoureuse s'éteigne... Mais on sait dès le départ que Swann et Odette se sont ensuite mariés et que le premier amour du narrateur, Gilberte, est leur fille! Toujours cette idée de retrouver ce temps perdu des émotions primordiales en dilatant ces instants pour en décrire toute la beauté et la fragilité en même temps que la grande part d'imagination et de fantasmes qui leur ont donné vie. Une vie comme un rêve éveillé.

Surprise de noter au passage qu'Odette est blonde et Swann roux et en partie dégarni! On est loin du couple Jeremy Irons/Ornella Mutti (quand même blonde) dans le film de Volker Schlöndorff.
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Si vous avez lu Combray, vous serez surpris par cet Amour de Swann. le sens du récit, la profondeur de l'exploration de l'inconstante, et troublante âme humaine, l'originalité profonde-et pourtant non-dérangeante-de l'oeuvre, en fait l'une des sonates les mieux composées de Vinteuil... je veux dire de Proust. L'on reste envoûté par ce style, par ce comique, par ce dramatique, en bref : par ce proustien récit. A savourer comme une madeleine trempée dans du thé, la matin.
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Un amour de Swann est la deuxième partie du roman du côté de chez Swann, le premier tome d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Se détachant de la narration à la première personne et de l'intrigue principale car ayant pour personnage principal Charles Swann, Un amour de Swann est aussi publié comme un roman qui peut être lu indépendamment du reste de l'oeuvre. En 1950, ce roman fut inclus dans la liste du Grand Prix des meilleurs romans du demi-siècle.
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Un Amour de Swann est terriblement beau. L'expérience du personnage en dit long sur le sentiment amoureux. On aime, on aime, on désire et quand on a enfin l'autre dans ses bras, on se dessille les yeux... Et l'on voit sur ce visage les imperfections que la passion avait gommées.
"Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre !" eh oui, on se trompe parfois...
Un constat somme toute décevant. et amer. J'y vois un peu la réflexion du Don Juan de Molière. Et la phrase Proustienne ! A-t-on fait mieux ?
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comment , quoi dire ! sur un chef d'oeuvre sans être ridicule ou bien inintéressant ? Je peux toutefois comparer mes deux lectures de cet amour dont la première remonte à il y a trente ans à cette époque ou l'amour ne m'avait pas encore visité et la vie ne m'avait pas encore gratifié de ses bonheurs et de ses profondes peines ...j'avais 20 ans et je découvrais cet auteur en lecteur boulimique à me faire la recherche lors d'un stage en entreprise ou j e m'ennuyais ferme à observer ! observer ce petit monde de Swann était plus passionnant dans le s vestiaires même si je n'y comprenais pas grand chose ...et puis ce mois ci passé mes 50 ans je redécouvrais le chef d'oeuvre et là miracle : tout était clair, limpide implacable , moderne ...durant ces trente ans d'écart j'avais vécu , comme Swann , plutôt trois fois qu'une même quatre , l'amour .seulement un s'apparentait à ce que le héros vivait de doutes , de jalousies de contradictions , de tourments , de bêtise ! c'est décidé : je vais reprendre ma recherche !
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Oh je suis tombé sous le charme de cette écriture . les mots s'élancent dans des phrases sans fin au saveur diverses ou se mêlent toutes les couleurs . les parfums . les odeurs d'un paysage d'un sentiment d'une envie d'un plaisir ....une exhalation
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Voilà un des rares passages de la Recherche écrit à la troisième personne et qui permet au narrateur de prendre toutes les distances nécessaires, d'intégrer un groupe, de le quitter ; groupes dans, et autour desquels s'intègrent ou gravitent Swann, ami de la famille du narrateur déjà cité dans «Combray» et Odette de Crécy dont celui-ci est épris.

Swann rencontre Odette par l'entremise des Verdurin, famille de la haute bourgeoisie dominée par le caractère haut en couleurs et délicieusement comique de Mme Verdurin, mélange de vernis social et de culture minimum mais qui s'entoure d'une compagnie d'artistes, peintre et musicien, d'un médecin et d'autres personnages qui se croisent. le fameux «clan des Verdurin», au début du roman, dans lequel il est, paraît-il, difficile de s'intégrer, présente une sorte de casting, la toile de fond sur laquelle va s'inscrire l'idylle Swann-Odette.

L'amour qu'éprouve Swann pour Odette, lui, s'intègre dans un syncrétisme de sensations tout baudelairien (formes couleurs, parfums et sons) notamment à l'écoute de la fameuse sonate du musicien Vinteuil, sensations auxquelles se surimpose l'image d'Odette. On pense aussi à Baudelaire dans cette analyse clinique de l'amour, lorsqu'il assimile le couple à une opération chirurgicale où il y a le chirurgien et l'opéré. (Fusées 4) La moindre preuve d'amour est pour Swann un objet d'enthousiasme tout comme le moindre soupçon devient une souffrance profonde. Bref c'est l'éternelle ambivalence du «fuis-moi, je te suis ; suis-moi, je te fuis.»

L'art de Proust ici est d'associer les pensées de Swann comme un dévidoir de l'amour d'Odette où le sentiment se défait peu à peu, d'établir un parallèle subtil entre la disgrâce de Swann chez les Verdurin avec sa recherche obstinée d'Odette qui le fuit d'autant plus tout en intégrant, en filigrane, par l'entremise d'un rêve de Swann où apparaît un jeune homme inconnu, l'homosexualité latente du personnage. le jeu du narrateur, changeant sans cesse de point de vue – d'où l'utilisation de la troisième personne – lui permet de passer de l'humour distancié (les goûts et réflexions de Mme Verdurin), au mépris de Swann pour cette bourgeoisie dont il a besoin pour arriver à ses fins, tout comme l'auteur fréquentait ce monde pour amener de l'eau à son moulin littéraire.

de même, Proust, tributaire de son époque et des balbutiements de la psychanalyse, introduit plusieurs rêves freudiens à la fois révélateurs de la personnalité qu'il veut complexe de Swann et incarnant la schizophrénie du romancier, car le rêve distribue et crée des personnages réels (Napoléon III à la fin) et imaginaires (le jeune homme inconnu et d'autres personnages de cette diégèse.) Excusez le jargon … :
« Ainsi Swann se parlait-il à lui-même, car le jeune homme qu'il n'avait pu identifier d'abord était aussi lui ; comme certains romanciers, il avait distribué sa personnalité à deux personnages, celui qui faisait le rêve et un qu'il voyait devant lui coiffé d'un fez. »(303)

M'est avis que ce jeune homme va se retrouver plus loin dans la recherche.

Ce sera à suivre avec ô combien de délices encore.
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Excelletn plein de finesse psychologique
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