Une pièce de théâtre, lui, elle et la table achetée avant de s'installer (plus un accessoiriste, et des personnages éphémères, amis, et des voix : magasin, médias) – une vie finalement ordinaire dite, racontée en allers et retour dans le temps (dans l'enfance même, puisque les enfants savent) , autour de cette table – les riens qui tissent les jours et les heurtent, moments heureux ou difficiles, la famille, la société, des maladresses, l'argent, les conventions, les vies impuissantes, la lâcheté, l'amour, une violence bridée entre eux, la violence du monde – des échanges brusques et une grande sensibilité sans affichage – la poésie comme révélateur - une réussite (à mon humble avis)
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ELLE
De ma bouche tombent des oiseaux morts que tu foules aux pieds, de ma bouche meurent des baisers qui ne trouvent plus de lèvres ni de joues, mais un parchemin métallique amer, tu t’imperméabilises, tu t’éloignes, comédiant la proximité, jouxtant l’abîme...
ELLE
il vous faut, il nous faut faire notre deuil. J’ai choisi la formule la plus rapide et la plus efficace : deux heures de formation au deuil, le mardi et le vendredi, 19 h 30, après les cours, et avant dîner. Pas d’inquiétude, c’est payé par l’assurance décès de votre père qui a défaut d’être intelligent était prévoyant.
ELLE
On ne peut pas savoir. Ce qui est arrivé, c’est là. Toute notre vie est là, qui s’est construite à partir d’ici, de cette table, nos enfants, ta carrière dans la Compagnie, la crèche, la création de ton entreprise, mon retour au bureau, la mort de ta mère, la maladie de mon père, tes maîtresses, mes deux amants, nos placements foireux à la bourse, l’accident cardiaque de mon père, l’école primaire, le collège, le lycée, le Bac, la fac…
ELLE
À la seconde où mes enfants sont sur mon ventre... À cette seconde qui s’étend et qui s’enfle, à cet instant, je m’enfonce dans une immense étrangeté, là, dans une douleur et ses échos, dans un bonheur en lame de couteau, je pense que leur naissance est plus grande que ma vie… Je pleure... et je sombre, comme une pierre de noyade, comme une roche noire dans les eaux grises... Et je me suis évanouie...
- Tu prends pas trop mal la mort de la mère !
-Toi non plus...
-C'est vrai, pour moi, elle était morte depuis si longtemps... C'est étrange, c'est comme une sorte de réajustement... Je l'ai perdue enfant, je me suis vécu abandonné, je l'ai cherchée et attendue désespérément, je l'ai haïr et un jour elle a été morte pour moi... De si longues années...
Dominique Rocheteau nous fait l'honneur de parrainer la 10e édition de Partir en Livre, placée sous le signe de "sports et jeux". Avec l'illustration poétique de Claude Ponti et la participation des dix autrices et auteurs au recueil de nouvelles, Partir en Livre est accompagné par de nombreux ambassadeurs de la lecture. La 10e édition de Partir en Livre se tiendra du 19 juin au 21 juillet partout en France.
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