Je me déchausse, m'agenouille, me prosterne trois fois, à la manière trop fervente du Myanmar. Le moine n'en rit que plus. Il veut mon poignet droit. Il y noue un bracelet de coton blanc en récitant la bienveillance, puis m'asperge avec un goupillon de bambou. Je sors inondé, nettoie mes lunettes et rechausse mes sandales dans la lumière chaude et poudrée.
On dit qu'à Vientiane les expat' s'amusent et les touristes s'ennuient. J'aime l'ennui de Vientiane. Il faut avoir connu les villes françaises dans les années cinquante pour le goûter. Je longe des rues sans magasins, bordées de murs blancs d'où les branches des arbres dépassent comme des cheveux de femmes d'un foulard.
Pourquoi suis-je revenu au Myanmar ? Parce que je reçois au cours d'une journée plus de sourires (éclatants) qu'en dix ans dans mon pays.