La « petite France » de Pierre Péan, c'est Sablé sur Sarthe, agglomération de 32.000 habitants (5.000 en 1939-45). Il y est né en 1938, de Eugène et Alice Péan, artisans coiffeurs installés au faubourg Saint Nicolas.
Pierre Péan est aujourd'hui un grand journaliste d'investigation et un historien, spécialiste, entre autres, de la biographie de François Mitterrand, et des relations franco africaines. S'appuyant sur cette expérience, il a travaillé, dans les archives locales et départementales, et par interviews des acteurs ou de leurs descendants, pour exposer, dans le détail, ce qu'a été la guerre de 39-45 à Sablé sur Sarthe, vue par ses acteurs de terrain, y compris lui-même, petit garçon sage et bon chrétien, aimé de ses parents.
Sablé est certes situé sur une grande liaison ferroviaire (Paris-Le Mans-Angers), importante pour l'occupant allemand comme pour les libérateurs américains de 1944, mais sa situation ne lui vaut qu'un dépôt de munitions de la Luftwaffe. Les Allemands n'ont guère besoin d'effectifs, l'administration et la gendarmerie de Vichy assurant la police de façon très serviable, et, en quelque sorte, par délégation.
Très vite en 1940, un petit nombre de Saboliens (c'est ainsi qu'on dénomme les habitants de Sablé) ont choisi leur camp, par exemple en dénonçant leurs voisins pour marché noir, ou, beaucoup plus grave, pour avoir caché des parachutistes anglais.
Il y a aussi, rassurons nous, de petits groupes qui prennent des risques mortels pour transporter des radios, des instructions, des tracts de la Résistance. Chacun s'appuie sur ses atouts, par exemple la connaissance de la forêt, ou les liens avec l'activité monastique intense autour de Solesmes. Beaucoup de ces résistants, dont le Maire, finiront en camp de concentration ou devant un peloton d'exécution.
Les conflits vont s'aigrir avec le temps, et il y aura, à la Libération, de rudes règlements de comptes, qui ont marqué les Saboliens, avant bien sur que ne reprennent les jeux politiques et sociaux traditionnels.
Au total, « Ma petite France » se lit comme un roman un peu noir et bénéficie de l'exceptionnel talent de son auteur, qui, en quelques lignes, dresse un tableau des situations les plus compliquées.
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