Déjà décembre : le mois des exposés oraux. Fathy et moi avons décidé de passer les premiers. Je suis très nerveux, car je dois présenter la mère de Fathy devant la classe, et cette femme aux yeux sombres me gêne. La voilà qui arrive. Je vois sa mince silhouette avancer lentement dans le corridor. Mes amis, intrigués par sa nature sérieuse, sa petite taille et le noir intense de sa peau, l’examinent sans broncher. Je suis surpris par ce silence sans faille, plutôt rare dans notre groupe. Même Tête-nu-fesses et Le Borgne ne parlent pas.
Mes mains tremblent et ma voix chevrote lorsque je la présente. Elle m’a demandé de la nommer par son prénom : Jahia.
— Bonjour. Notre recherche, à Fathy et moi, porte sur le Rwanda, un pays du centre de l’Afrique. Afin de vous parler de ce pays avec précision, nous avons invité Jahia, la mère de Fathy. Elle a vécu là-bas pendant vingt-cinq ans. Jahia nous parlera de la langue de son pays, de la religion, du climat, de l’économie, et des principaux animaux qu’on y retrouve. Évidemment, elle nous glissera aussi quelques mots sur le génocide qui a eu lieu au printemps 1994.